La même désinformation partout, sur tout : hier, je lisais deux ou trois articles français sur les primaires pour l'élection de mi-mandat des représentants et sénateurs aux États-Unis qui, d'après Gallup, s'annoncent comme les pires pour le pouvoir en place - une administration néoconservatrice en roue libre, sans doute la plus dangereuse pour la paix du monde que ce pays ait jamais mis aux responsabilités, avec à sa tête un président sénile qui cherche sa mère morte depuis plusieurs années, qui confond l'Iran et l'Ukraine, qui ne parvient plus à enfiler sa veste, à qui il faut dire de marcher sur le tapis rouge et qui lit les indications du prompteur comme s'il s'agissait du texte à réciter - depuis celles du Watergate en 1974. Oui, car ce pauvre pantin de Biden est, à ce point d'un mandat présidentiel, le plus impopulaire des présidents américains depuis que les sondages existent. Même le calamiteux Carter faisait mieux. Et c'est trop injuste : cette guerre pour sauver la liberté des oligarques et des nazis ukrainiens (et qui, nonobstant la presse française qui ment là-dessus comme sur le reste, risque fort de se terminer comme la piteuse débandade d'Afghanistan) ne paie même pas !

Mais silence radio chez les "journalistes français" !

Tous ces articles sur les primaires républicaines dégoulinent évidemment de haine sur Trump - pas la moindre retenue, le moindre effort pour paraître, au moins un peu, neutre - qui a eu l'extrême mauvais goût de ne pas déclencher de guerre durant son mandat. A longueur de lignes, les plumitifs soulignent et resoulignent avec dégoût : le milliardaire qui, le milliardaire qui a fait fortune dans l'immobilier, le complotiste soutenu par des imbéciles complotistes...

Pourtant, d'habitude, ce qui nous tient lieu de presse les aime bien les milliardaires : Arnault, Pinaut, Bolloré, Niel...

Mais passons.

Ce qui est intéressant c'est que notre presse se désole sur le sort des républicains anti-Trump, pour la plupart sèchement éliminés par l'électorat républicain lors des primaires. Ils se lamentent notamment, avec des sanglots dans la plume, sur le sort de Liz Cheney, représentante républicaine du Wyoming depuis 2016, qui a voté pour l'inpeachment de Trump, et qui a été blackboulée dans les grandes largeurs, alors que Trump, ce monstre, a eu le mauvais goût de ne pas pardonner l'offense et de venir soutenir son adversaire.

Et c'est là que ça devient burlesque, car, à la manière dont le gugusse qui joue du piano debout, les oligarques et les nazis de Kiev sont transformés en héros de la liberté, voilà la fille de Dick Cheney érigée par la presse française en Jeanne d'Arc, Jeanne Hachette ou sainte Geneviève de la démocratie contre le gros vilain milliardaire complotiste...

Liz Cheney, fifille à papa, le vice-président de Bush, l'homme de l'industrie pétrolière et du complexe militaro-industriel, le faucon de la guerre d'agression illégale contre l'Irak (à laquelle nous devons Daesh), le privatiseur de la guerre américaine au profit de sociétés de mercenaires... Mais là, rien sur d'où sort Liz Cheney, rien sur papa, sur Halliburton, sur le mélange des affaires de papa et de son rôle dans l'administration Ford puis dans celles des deux Bush...

Non ! Liz n'est qu'une pauvresse qui s'est faite toute seule, sortie de nulle part, une héroïne de la démocratie propre, qui ne doit rien à l'argent, au mélange des affaires et de la politique, du pétrole et des armes, des prisons secrètes de la CIA où on a torturé en toute bonne conscience, rien à voir avec Abou Graib et les fiascos américains en Irak et en Afghanistan : elle se dresse, la courageuse, seule avec ses petits bras, la pauvre Liz, face à l'horrible milliardaire complotiste.

A ce niveau de malhonnêteté intellectuelle, ça devient de l'art ! .