D'après l'AFP, le partenariat stratégique franco-grec signé mardi dernier, à l'occasion de la visite à Paris du Premier ministre grec Mitsotakis, venu inaugurer l'exposition du Louvre "Paris-Athènes. Naissance de la Grèce moderne (1675-1919)", organisée pour le bicentenaire de la guerre d'indépendance grecque, contient "une clause d’assistance mutuelle par « tous les moyens appropriés » si les deux pays « constatent conjointement qu’une agression armée survient contre le territoire » de l’un des deux."

C'est à ma connaissance la première fois que l'intégrité du territoire grec est ainsi garanti par un État tiers.

Rappelons que, dans les années 90, lorsque la Grèce avait adhéré à l'UEO, depuis disparue mais alors vouée à devenir, après Maastricht, le "pilier européen" de l'Alliance atlantique, ses "partenaires" avaient ajouté un alinéa au traité stipulant que l'assistance automatique en cas d'agression d'un des membres ne vaudrait pas si l'agression dont un État membre était victime venait... d'un autre pays de l'OTAN, ce qui ne visait que la Grèce et la non assistance à elle en cas d'agression turque.

Les ministres grecs des Affaires étrangères et de la Défense étaient du voyage et ont également finalisé l'achat par la Grèce de trois frégates et trois corvettes françaises, pour une somme qui dépasserait les 5 milliards de dollars.

L'offre française était en concurrence avec une offre américaine qui semblait mieux placée... jusqu'à l'accord américano-australien qui a conduit à la rupture du contrat de vente de sous-marins français. La presse grecque indique à demi-mot que la préférence qui donnée au final à la France serait la conséquence du retrait officieux de l'offre américaine par Biden, de manière à apaiser le différend avec la France. Une compensation, en somme/

Du côté grec, on insiste surtout sur l'effet dissuasif d'un renforcement considérable de la marine hellénique, alors que l'Allemagne a jusqu'ici confirmé la vente de sous-marins à Ankara, risquant de faire basculer l'équilibre stratégique en Egée au profit du régime islamiste turc, malgré l'opposition réitérée d'Athènes et les représentations répétées du ministre des Affaires étrangères grec, Nikos Dendias, à Berlin.

Le prochain gouvernement allemand confirmera-t-il la décision de Merkel ? En tout cas, même si les Grecs affirment soutenir le projet de défense européenne de Macron, on a bien aujourd'hui deux axes Athènes-Paris d'une part, Berlin-Ankara de l'autre qui montrent une fois encore que ce concept de défense européenne est une vaste fumisterie.

Ankara enrage. Tant mieux !

L'engagement de la France aujourd'hui, dans la lignée de ce qui a été fait depuis un an, est à mes yeux une excellente chose. Contrer le panislamisme et panturquisme partout, c'est servir la paix.

Ankara enrage et sa monnaie reprend sa descente aux enfers. C'est que, menacé de limogeage comme ses 4 prédécesseurs en 5 ans, le gouverneur de la Banque centrale nommé en mars dernier, et pourtant acquis à l'idée baroque qu'on combat l'inflation par la baisse du taux d'intérêt, vient de céder aux injonctions du Grand Mamamouchi : alors que, en rythme annuel, le taux d'inflation flirte désormais officiellement avec les 20% (30% en réalité ?), la Banque centrale turque a baissé son taux directeur de 19% à 18%, ce qui signifie qu'on perd de l'argent en le plaçant en Turquie... De quoi évidemment attirer les capitaux !!!

Alors que les produits importés, y compris ceux de première nécessité, deviennent inaccessibles pour un nombre chaque jour grandissant de Turcs, la livre connaît donc une nouvelle glissade, crevant le plancher des 8.80 défendu depuis décembre à coup de ventes des réserves en or et devises de la Banque centrale, de crédits chinois (qui en profitent pour acheter le pays) et qataris: c'est désormais le niveau de un dollar pour 9 livres qui est menacé, c'est à dire qu'on frôle les -20 % depuis le 1er janvier, les -50% en 3 ans, les -195 % en 5 ans... (sur le sujet on peut lire ou relire mon article d'il y a quelques mois pour Front Populaire).

Alors bien sûr, il faut maintenant que cette politique française de solidarité avec la Grèce soit maintenue dans le temps et que les engagements soient suivis d'actes ! Mais les démonstrations de La Royale et du Charles-de-Gaulle depuis un an en Méditerranée orientale ont évidemment contribué à rabaisser le caquet d'Erdogan.

Alors bien sûr les enjeux gaziers ne sont pas étrangers à cette politique, mais les Etats ont des intérêts et déterminent leur politique en fonction de ceux-ci, pas de bons sentiments !

Et bien sûr, il aurait été cohérent, souhaitable et un peu plus, que la France se tienne aussi fermement au côté de l'Arménie lors de l'agression turco-azérie de l'an dernier ! Car c'est bien Ankara qui fut le moteur de cette agression et fournit au dictateur azéri les moyens de la conduire. Une agression qui continue d'ailleurs dans l'indifférence générale par grignotages successifs...

Mais enfin on ne va pas bouder sa satisfaction de voir un pouvoir que je combats faire la seule chose bien de ce quinquennat !