Hier, sur Facebook, je publiais le post suivant :

"La livre turque, qui avait recommencé à dégringoler depuis 10 jours, remonte depuis avant-hier.

Avant-hier, la Banque centrale de Turquie a relevé son taux d'intérêt directeur de 17% à 19%. Il était à 10% en octobre dernier...

Tandis que le taux d'inflation est désormais de 14,97% (en réalité sans doute proche de 30%), contre 12% (et en réalité sans doute au-dessus de 20%) avant la série de hausses brutales des taux d'intérêt de 10 à 15, puis de 15 à 17 et maintenant de 17 à 19.

Quant à l'endettement privé qui représentait 29,9% du PIB en 2007, il s’établissait à 95% au 3ème trimestre 2020.

Comme je l'ai écrit en 2013 dans La Grèce et les Balkans à propos des économies grecque et turque : "Pourtant les deux économies sont moins dissemblables qu’il y paraît : déficit structurel des balances commerciales, poids des invisibles, la croissance grecque des années 1996-2007 et la croissance turque depuis 2003 reposent sur un afflux de capitaux à court terme qui peuvent se retirer rapidement, des salaires bas et une consommation des ménages jusque-là pas ou peu endettés dopée par un encouragement inconsidéré du recours au crédit (+40 % au premier semestre 2011 en Turquie) qui contribue à creuser le déficit courant, puisque l’industrie nationale, à faible valeur ajoutée, ne produit pas les biens achetés, à forte valeur ajoutée (les ventes d’automobiles augmentent, par exemple, de 75 % au premier semestre 2011 en Turquie)."

Et j'ajoutai le lien vers cet article décrivant les conséquences dramatiques de la gestion de l'économie par l'impérialiste fauteur de guerre qui veut maintenant envoyer une fusée turque dans l'espace, depuis l'Erythrée et a multiplié et multiplie les chantiers ceaucesciens... en partie financés par notre inénarrable Union européenne et donc par vos impôts.

Et paf, quelques heures plus tard, on apprend qu'Erdo débarque le gouverneur de la Banque centrale qu'il a nommé en novembre, en remplacement de celui qu'il avait alors limogé en même temps que le sultan avait limogé son gendre bienaimé alors ministre de l'Economie. Après avoir annoncé l'avant-veille que les bijoutiers devraient "donner" chacun un demi kilo d'or à l'Etat.

Le relèvement des taux de 10 à 19% entre novembre et mars n'a même pas ralenti une inflation à deux chiffres, mais il met l'économie turque à l'arrêt parce que son seul moteur est en réalité la croissance de l'endettement privé.

Abgal le limogé était un adversaire de la politique des limogés de novembre de novembre consistant à laisser filer la monnaie et l'inflation ; Kavcioglu, le nouveau, ancien député AKP, sans aucune expérience préparant au rôle de banquier central est un adversaire du limogé de mars et donc un partisan de la politique des limogés de novembre : cohérence, quand tu nous tiens!

Il est le 4e titulaire du poste depuis juillet 2019.

Je parie qu'on va rigoler lundi matin à l'ouverture du marché des changes !

Sinon, Erdo vient aussi d'annoncer la sortie de la Turquie de la convention... d'Istanbul contre les violences faites aux femmes. Cela dit, il faut quand même être très très malade pour aller signer en Turquie une convention sur les violences faites aux femmes !!!