Sur ma page Facebook, où je suis plus actif qu'ici, j'avais fini par ne plus parler de la situation sanitaire en Grèce, après avoir écrit que l'ouverture des frontières sans exigence de test pour les entrants à partir du début juillet, dans un pays dont le système de santé a été mis à genoux par dix ans de politiques euro-allemandes, était irresponsable, risquait de remettre en cause les résultats remarquables de l'impeccable gestion de la crise dans sa première phase et qu'on pouvait redouter une situation sanitaire critique à l'automne, tant l'agressivité des anti-masques me fatiguait. J'ai certes viré les comploto-imbéciles, mais j'en avais marre d'argumenter même avec des gens que j'aiment bien et qui m'aiment bien.

Mais voilà, le réel est de retour...

Or donc, depuis, il suffit de sortir de chez soi pour voir que les règles élémentaires de prudence ne sont pas respectées par les vacanciers (ce qui était parfaitement prévisible), qu'il s'agisse d'étrangers ou de Grecs - singulièrement par une partie des jeunes qui confondent résistance et irresponsabilité. Et les contaminations se sont mises à augmenter régulièrement de 4 ou 5 par jour à 10, puis 15, puis 25, puis 50, puis 100, puis 120... 151 pour les dernières 24h.

A Poros, haut-lieu touristique du golfe Saronique, une "corona piscine party" (en jouant intelligemment sur le nom de la marque de bière et celui du virus: admirez le graphisme de l'affiche...) serait à l'origine d'un important foyer: les autorités avouent une trentaine de cas ; sur place (selon mon ami Panagiotis Grigoriou) on parle de beaucoup plus, le chef de la police locale vient d'être limogé. Le gouvernement a pris des mesures, mais pas de confinement, ni de mise en quarantaine: ça ferait désordre pour la poursuite de la saison... Les touristes de Poros sont donc partis... contaminer ailleurs.

Mais les anti-masques, les "c'est fini", les "j'ai le droit de", les " l'épidémie est une invention", les "700 000 morts, c'est rien et ils ne vont pas m'empêcher de", les "c'est un complot de... (choix multiples)", les "le fascisme, c'est le masque", les "vous êtes hystérique", les "la moitié des morts attribués au covid sont décédés d'un mauvais rhume"... vous diront doctement que s'il y a plus de cas, c'est qu'on teste plus. Et bien non, c'est que la contamination reprend: en Grèce, le R est passé en un mois de 0,4 à 1.

On s'en fout ! Le virus n'est plus dangereux ! Ce n'est pas grave d'être contaminé et de contaminer !

Voire ! D'abord, on ne sait pas quelles séquelles laisse cette saloperie, y compris à ceux qui font des formes peu graves ou asymptomatiques.

Ensuite, en Grèce, le nombre des intubés réaugmente régulièrement depuis 10 jours. Certes, le chiffre est modeste - 17 - mais il est resté longtemps en dessous de dix (il a en fait été multiplié par presque deux en dix jours) et n'a plus atteint ce niveau depuis avant le déconfinement. Et pour finir, l'âge moyen des intubés baisse ; au dessus de 70 ans durant la première phase, il est ce soir de 63 ans.