A l'approche du référendum sur l'accord Tsipras-Zaev de dimanche, je vous remets cet article publié en février sur Le Vent se lève, à propos de cette négociation qui débutait alors, replacée dans le cadre de long terme de la question macédonienne.

Pour mémoire, la question posée aux électeurs de l'ARYM évite soigneusement d'évoquer le compromis sur le nom (République de Macédoine du Nord) comme la modification de la Constitution arymienne dans ses articles irrédentistes (il faudra au Parlement une majorité des 2/3 pour enclencher le processus puis la même majorité pour valider les modifications, alors que le gouvernement Zaev a été investi par une majorité de 2 voix).

Question : "Etes-vous pour l'adhésion à l'UE et à l'OTAN en acceptant l'accord entre la République de Macédoine et la République hellénique?"

On voit de suite comment on tente de détourner le problème du fond du litige (l'irrédentisme d'une partie de l'opinion de l'ARYM) vers l'adhésion à l'UE et l'OTAN... la validation de l'accord entraînant la levée du veto grec à l'adhésion de Skopje à ces deux organisations.

Rappelons aussi que le président de l'Acienne République yougoslave de Macédoine, Gjorgje Ivanov, a refusé de signer le texte de l'accord, lequel a dû faire l'objet d'une seconde délibération au Parlement avant d'être signé par le président du Parlement (albanophone) et non par celui de la République qui a déclaré, il y a quelques jours, qu'il n'irait pas voter.

En effet, la VMRO (droite nationaliste et irrédentiste) dont il est issu, arrivée première aux élections législatives de 2016 après dix ans de pouvoir mais incapable de former une coalition majoritaire, et qui est contre cet accord vise avant tout un scrutin invalide.

Car pour que le résultat du référendum soit validé, il faut non seulement que le Oui l'emporte par 50% + 1 voix, mais que la participation soit d'au moins 50% des électeurs inscrits. Ils vaut donc mieux, dans cette perspective, que les électeurs slaves hostiles à l'accord s'abstiennent, ajoutant leurs voix aux sans doute très nombreux abstentionnistes albanophones plutôt que de leur demander de voter Non. En allant voter, ils feraient grandir les chances d'une validation du scrutin sans être certains que le vote Non soit majoritaire. En effet, il est douteux que le référendum voit une ruée aux urnes des électeurs albanophones bien plus intéressés par l'union avec Tirana et Pristina que par cette question. Et quelle serait la viabilité d'un accord acquis contre la majorité de la majorité slave; grâce à l'appoint des Albanophones ?

Les sondages indiquent plutôt une participation autour de 45 %.

La VMRO joue donc très habilement l'invalidation. On saura dimanche si elle a eu raison.

De même, en Grèce les sondages donnent-ils une large majorité, autour de 70%, hostile à cet accord conclu sous intense pression américano-UE (et contre la volonté russe qui verrait une fois de plus l'OTAN s'étendre dans les Balkans), par deux gouvernements extrêmement faibles. Car les Grecs indépendants, partenaires de coalition de Tsipras, refusent de voter sa ratification qui ne pourra être acquise que par le petit parti eurohystérique Potami, lui-même en état de mort cérébrale et qui ne retrouverait aucun député en cas d'élections législatives...

Bref encore un bel exercice de démocratie à la sauce UE, avec, naturellement, Merkel et tous les oligarques de l'Ouest mobilisés pour imposer leur décision...