Quand l'amie Coralie Delaume s'entretient sur "Vichy, Londres et la France", c'est-à-dire sur les détournements d'histoire et de sens et leurs usages d'aujourd'hui (déculpabiliser les uns pour culpabiliser les autres et légitimer la disparition de la nation française dans le Grand-Tout euro-atlantique), avec l'ami Bertrand Renouvin, c'est forcément passionnant, et c'est forcément à écouter !

Quant à ce qui se passe aujourd'hui dans notre beau pays, vous vous doutez bien que cela ne me laisse pas plus indifférent que l'escalade conduite en Méditerranée orientale par le sultan (nouvelles violations de l'espace aérien grec avec des avions armés, au risque de - ou pour provoquer un - incident grave qui permette des "représailles", et réplique grecque, et c'est bien la responsabilité d'un gouvernement de parer à une agression pour tenter de la dissuader), ou le Nein retentissant - et qui a pourtant fait bien peu de bruit dans nos médias - opposé par la Kaiserin Merkel aux fantasùagories de réforme de la zone euro du petit Gauleiter Macron : seconde fois que le jeune homme se fait renvoyer à ses bonnes oeuvres dans le champ européen, après la réforme en trompe-l'oeil de la directive travailleurs détachés qui n'a rien réformé, sauf retouches cosmétiques qui n'ont rien changé et ne changeront rien.

Or donc, il s'agit désormais ici de la mise en concurrence (car il ne s'agit pas, on vous répète sur tous les tons, de privatisation, hein, non ça, ce sera dans deux ou trois ans, ni de la fermeture des petites lignes : non, ça on fera porter le chapeau aux régions qui devront en assumer l'impopularité au fur et à mesure qu'on réduira leurs dotations) de tout ce que nous considérons comme des services publics n'est ni une nécessité, ni un progrès, ni une fatalité, ni le sens de l'histoire auquel nous n'aurions pas d'autre choix que de nous laisser aller. La mise en concurrence de tout ce que nous considérons comme des services publics est la conséquence de l'idéologie qui est l'origine et le coeur de ce qu'il est convenu d'appeler la construction européenne.

Combattre aujourd'hui la conséquence de cette idéologie dans le service public ferroviaire est aussi légitime qu'indispensable - car si ça passe pour le ferroviaire, viendra ensuite la liquidation de l'hôpital public, du service public d'éducation...

Cesser de répéter qu'on peut réorienter ou réformer l'Union européenne et expliquer qu'il n'y a pas d'autre choix que d'en sortir si l'on veut conserver des services publics qui en soient, si l'on veut sortir de cette spirale mortifère de la mise en concurrence généralisée, prélude à la privatisation, est tout aussi indispensable.

Car l'ouverture à la concurrence n'est qu'un piège à cons bruxellois, la vraie question c'est de faire en temps utile les investissements et de donner les moyens nécessaires au bon fonctionnement du service public.

Mais pour cela il ne faut pas avoir une monnaie surévaluée qui étouffe l'économie et empêche de dégager les moyens nécessaires. Mais pour cela, il faut être indépendant et souverain, c'est-à-dire qu'il faut que le Parlement fasse démocratiquement et librement ses choix budgétaires, sans être prisonnier ni de critères de déficit tombés du ciel avec les tables de la loi de Maastricht, ni des directives idéologiques d'une Union européenne dont le but a été, depuis sa création, de contourner et de réduire à néant la volonté démocratiquement exprimée par les peuples en posant comme des évolutions inévitables les conséquences de faits accomplis idéologiques et technocratiques qui doivent à tout prix échapper à la délibération démocratique.

Car dans le cadre européen, tel qu'il a été construit dès l'origine et qui ne sera ni réformé ni réorienté parce qu'il a été conçu pour servir précisément à quoi il sert, le citoyen n'est qu'un imbécile à éduquer, un manant qui n'entend rien à rien, un crétin congénital qui ne veut pas comprendre où est son intérêt et que les gens qui savent savent forcément mieux que lui ce qui est bon pour lui.

C'est l'essence même - depuis Monnet - de ce qu'il est convenu d'appeler la "construction européenne".

Dans ces conditions, les mécanismes démocratiques ne sont bons que s'ils permettent aux gens qui savent d'accéder et de se maintenir au pouvoir - grâce à un appui massif des médias et dans un jeu électoral dessiné de manière à ce que les castors portent au pouvoir le candidat de l'oligarchie en "faisant barrage" à...

Ensuite vient le temps du gavage des oies citoyennes. On ne négocie pas avec des imbéciles, on ne prend pas en compte les arguments et les objections des manants, on ne s'abaisse bas à changer ses plans parce que des crétins congénitaux manifestent, se mettent en grève ou votent : cf référendums de 2005 en France ou 2015 en Grèce, parmi d'autres...

Face aux imbéciles, aux manants et aux crétins congénitaux, il n'y a qu'une seule chose à faire : de la PEDAGOGIE.

Or donc, de mon point de vue, il convient de soutenir cette grève. C'est un enjeu fondamental pour ne pas basculer vers le destin que connaît aujourd'hui la Grèce. Car, de mon point de vue, les cheminots ne se battent pas pour eux, ils se battent pour le service public, qui au nom de logiques budgétaires absurdes liées à la nature même du "projet européen", a été mis, par manque d'investissement, dans l'impossibilité de remplir correctement ses tâches et qui au nom de la mise en concurrence qui est au coeur, dès l'origine, du même "projet européen", devrait être ouvert à la concurrence, avant d'être, évidemment, privatisé dans quelques années.

Ils se battent pour tous les services publics, ils se battent pour nous tous, ils se battent pour préserver un bien de la nation.

En ce qui me concerne, j'ai donc donné à cette cagnotte, la plus importante de celle qui ont été lancées pour aider les cheminots à tenir - pour eux, pour nous, pour la nation, pour briser la volonté destructrice de ce qui fait notre République sociale d'un gouvernement de rencontre et de capitulation permanente. Si vous le pouvez, vous aussi...