On apprenait hier que la "revue" périodique des créanciers sur l'application du programme imposé aux Grecs par la dictature euro-allemande a été conclue avant la date limite prévue. L'accord préliminaire qui doit être approuvé par les ministres des Finances de la zone euro permettra le versement d'une tranche supplémentaire de 5 milliards "d'aide".

"L'accord porte sur une série de mesures politiquement sensibles, précisait la dépêche Reuters, couvrant notamment des questions budgétaires, des réformes du marché du travail et de celui de l'énergie, les mauvaises créances et les privatisations.Après sept années d'austérité imposées par ces plans d'aide, la Grèce espère qu'il n'y aura pas besoin d'un quatrième plan après l'expiration, en août 2018, du troisième."

Hier soir, une amie grecque me disait que les médias explosaient d'allégresse - comme c'est le cas depuis six à huit moi, tous, reprenant sur tous les tons que "ça va mieux", que "ça repart", que la Grèce va pouvoir "revenir emprunter sur les marchés" au mois d'août. Pouvoir revenir emprunter sur les marchés : but majeur et bien sûr légitime d'un gouvernement dit "de gauche radicale"... Il n'y apas que les délires paranoïaques autour de l'écriture zinzinclusives ou des accords, ou de ce toutessellezessieux devenu l'indispensable et horripilant tic de langage du politiquement correct triomphant, pour nous faire penser que nous sommes en train de basculer dans une autre dimension.

Dette publique au plus haut, monnaie surévaluée empêchant tout redémarrage, faillites, salaires versés par intermittence, retraités dans la misère, système de santé inaccessible pour un nombre croissant de Grecs, hôpitaux publics et enseignement public au bord de l'effondrement,propriétaires spoliés de leurs biens vendus à l'encan à toute sorte de prédateurs grecs et étrangers, hémorragie des jeunes, notamment les mieux formés qui quittent le pays...

Peu importe, puisque ça va mieux et qu'en août la Grèce devrait pouvoir... revenir emprunter sur les marchés !

Or donc, les médias exultent, l'accord est bouclé en avance... Mais les dits médias grecs ne disent rien des conditions dans lesquelles est bouclé cet accord préliminaire. Hasard, bien entendu !

Ou pas.

Hier soir, mon ami Farah Frederic m'en disait un peu plus : le gouvernement dit de gauche radicale a accepté, pour boucler ce fameux accord préliminaire, un nouveau catalogue de... 78 mesures dont, bien sûr, de nouvelles coupes dans les retraites etde nouvelles mesures... de dérégulation du marché du travail/

Alléluia !!!

Et vive l'Europe - forcément -, puisque l'Europe, c'est la paix !!! Et tant qu'à faire , vive la gauche dite radicale qui se montre une fois de plus plus d'un zèle admirable dans l'application de la thérapie de choc néolibérale !

Restent deux questions qui me taraudent : foutre dieu.x.éesse.s (je ne suis pas monothéiste, mais je m'essaie à la zinzinclusive), que peut-il bien rester à flexibiliser dans le travail en Grèce... à part de supprimer le salaire, puisqu'il est déjà largement devenu facultatif ?

Et quant aux retraites : ne serait-il pas plus simple de les supprimer ? Du coup, on pourrait faire travailler, dans un pays d'où l'on s'acharne depuis bientôt dix ans à éradiquer toute activité économique et tout emploi stable permettant de vivre dignement, ces feignants de retraités... sans salaire régulier, bien entendu !

Enfin comme Tsipras et son grand pote Macron vont réformer l'Europe de l'intérieur, n'est-ce pas, on n'a aucun souci à se faire ! Juste à attendre... que ça empire !