Bon demain, priorité : remplir la baignoire de charbon (on a le chauffage central, mais ça ne marchera plus l'hiver prochain !), vider le débarras pour faire rentrer des meules de roquefort et de gruyère, virer les bouquins pour faire rentrer du pinard, on mettra les patates sous les lits...

Vous me direz que, toute façon, faire la queue devant les épiceries, ça occupera les gens, puisqu'ils seront tous au chômage ! Et puis au moins, la fabrication des tickets ça relancera l'industrie du papier !

Sans compter qu'après à peine 6 mois de Mélenchon, c'est la Roumanie et la Pologne qui demanderont l'abrogation de la directive "travailleurs détachés" pour empêcher l'afflux chez eux de plombiers français !!!

Manifestement, depuis que le Banquier, dont l'élection devait être assurée par la présence de Marine Le Pen au 2e tour, n'est plus si certain de ne pas être éliminé au 1er, la Nomenklatura perd les pédales. Car le FN, même s'il finissait par accéder au pouvoir (ce qui après 5 ans de présidence du Banquier ne manquerait pas d'arriver), ils s'en accommoderaient : n'est-ce pas ces gens-là on les contrôlera bien toujours et au fond, on est du même bord... "Ce crétin, on le mènera par le bout du nez" disaient-ils déjà au bon temps du Parti de l'Ordre de Louis-Napoléon Bonaparte avant le coup d'Etat. Mmais alors le Bolcho, le Partageux... ça ça leur fout vraiment les jetons ! Plutôt Hitler que Blum disait déjà leurs grands-papas !

Les chars soviétiques seraient déjà en route et la Corée du Nord, à côté de la France de Mélenchon, fera figure de vert paradis où coule le lait et le miel... Vous me direz qu'on pourra toujours manger les grenouilles et les criquets qui s'abattront en nuages compacts sur le pays.

Aussi Pépère a-t-il cru bon de mettre en garde ses compatriotes - vous et moi - contre le vote Mélenchon. C'est vrai qu'il est le mieux place monsieur "mon ennemi c'est la finance" pour dire qu'il ne faut pas s'arrêter aux discours et considérer le fond d'un programme.

Du coup, j'attends avec impatience la déclaration de Juncker avertissant les Français que les dirigeants des autres planètes lui ont confié que si jamais ils votent Mélenchon, la Seine va virer au rouge (et pas le gros qui tache : ça, ça ne fait pas peur à Jean-Claude !) tandis que des langues de feu calcineront les vignobles de Champagne (et ça, Jean-Claude, il ne s'en remettrait pas !)

On dit aussi que notre chancelière à tous pourrait estimer nécessaire de donner ses instructions au peuple français en plus d'avoir adoubé ses candidats acceptables. Schäuble, le ministre des Finances du Reich, a quant à lui déjà fait part de son choix : le Banquier. Et papa Schultz, le social-démocrate a pour sa part déclaré (comme on pourra le lire sur l'excellent blog de l'excellente Coralie Delaume) qu'il "n'assouplirait pas la position pro-austérité de l' Allemagne s'il était désigné comme chancelier cette année". Voilà pour les gogos qui croient ou feignent de croire qu'on peut changer quoi que ce soit, de l'intérieur, par une négociation ou un Parlement de plus, au fonctionnement de ce machin tueur de démocratie et d'emplois, qui fonctionne au seul avantage des retraités allemands et qui se nomme Union européenne. Et voilà qui nous rappelle à point nommé qu'on ne réforme pas un carcan ; un carcan, on le brise ou on y crève.

En réalité, ce que nous voyons reparaître, depuis que la courbe d'intentions de Mélenchon converge avec celle du bancocrate candidat des Nomenlaturas, c'est le syndrome de 2005 se précise : les Nomenklaturas s'affolent, elles déraillent, elles délirent et ne savent plus trop comment provoquer la salutaire trouille... comme en 2015 en Grèce, comme pour le Brexit, comme pour imposer Clinton en choix unique.

Rien appris, rien compris, comme ceux de Coblence.

Il fallait entendre hier l'inénarrable Nicolas Doze annoncer au peuple tremblant que le programme de Mélenchon était contraire aux "lois éternelles de l'économie", sans doute remises à Moïse sur le Sinai, en même temps que le Décalogue. Il fallait entendre la si vieille et increvable caricature de prétention et de mépris pour la populace qu'est Catherine Nay se lamenter sur l'irresponsabilité d'une augmentation des minima sociaux, sur la gratuité de la cantine et se scandaliser qu'on puisse vouloir faire payer les riches plus qu'avant. Il fallait l'entendre parler de Ritsos, cité par Mélenchon en conclusion de son discours de Marseille, comme d'un bisounours : elle a entendu parler de Chavez mais apparemment pas des camps de concentration des Colonels. Il fallait voir déflocquer le pauvre Barbier si fier, il y a peu, de poser entre le Banquier et sa femme.

Ils n'arrivent pas à percuter que les électorats sont entrés en insurrection contre la politique unique eurogermaine incarnée par Fillon-Macron-Hamon, que leur stratégie de la trouille - ce sera l'Apocalypse si vous votez X,Y ou Z - est totalement contre-productive (pour eux) dans pareille situation.

On peut avoir toutes les réserves qu'on veut sur Mélenchon et son programme. J'en ai. J'attends toujours qu'il dise enfin clairement qu'il n'y a aucune négociation possible dans le cadre de l'euro et de l'UE. Je pense que la VIe république est une dangereuse chimère, qu'un processus constituant est aussi aventureux qu'inutile. La Ve est un régime mixte (présidentiel et parlementaire) qui convient à notre tempérament national, car contrairement à ce qu'on dit le président ne peut rien sans le Parlement. C'est un régime démocratique mais qui permet de gouverner : le 49-3 lui-même est là pour empêcher les députés de censurer de manière irresponsable le gouvernement, s'ils n'ont pas une majorité de rechange ou s'ils ne veuelnt pas retourner devant les électeurs (dissolution). C'est un régime souple et qu'i l'a prouvé lors des trois cohabitations.

Or pour gérer la sortie de l'euro et de l'UE, il ne faudra pas avoir la main qui tremble : les marchés financiers commencent à le faire savoir ! Et la Constitution de la Ve permettra à un gouvernement de prendre vite les décisions qu'il faudra prendre pour contrer la spéculation. Tandis que le concours Lépine de la démagogie en quoi se transformera immanquablement une Constituante ne fera qu'affaiblir l'exécutif et dfera diversion quand toutes les énergies devront être tendues vers l'essentiel. Car de deux choses l'une : ou Mélenchon appliquera son programme, incompatible avec le maintien dans l'euro et l'UE qui sont irréformables et il faudra donc sortir de l'euro et de l'UE (le Plan A est une foutaise et le Plan B conduira forcément à la fin de l'euro et de l'UE car il n'y aura ni euro ni UE sans la France), ou bien il n'en a pas l'intention et c'est Tsipras qui nous attend.

Institutionnellement, il suffit donc de retouches techniques : durcissement du régime des incompatibilités, de l'égibilité, limitation des mandats successifs, remplacement du désastreux quinquennat par un septennat non renouvelable afin de redonner de l'importance au Parlement et aux élections législatives (le président est un arbitre un garant, il n'est pas le chef du gouvernement), abrogation des révisions de convenance européenne, réforme du Sénat pour en faire une chambre représentant les diversité de la société, introduction d'une dose de proportionnelle, extension du domaine du référendum...

Mais l'essentiel n'est pas là. On peut avoir la meilleure Constitution du monde, si on a perdu sa souveraineté, si les lois et les orientations économiques et sociales sont décidées à Bruxelles, comme aujourd'hui, hors de tout contrôle démocratique, soi on n'est pas maître de sa monnaie, la meilleure Constition du monde ne servira à rien.

Il n'est donc pas question ici de dire que Mélenchon a toutes les bonnes solutions et que son accession au pouvoir réglerait tous les problèmes (pour ma part, j'hésite encore entre Asselineau qui exprime le plus clairement et de la manière la plus cohérente l'impératif d'une sortie de l'euro, de l'UE et de l'OTAN et Mélenchon, mais s'il est en position d'être au second tour, je passerai probablement sur mes réserves). Il est question de dire que l'hystérie qui s'est emparée des Nomenklaturas politique et médiatique ces derniers jours est aussi ridicule que révélatrice. Et ce qu'elle révèle, une fois de plus, c'est qu'en régime d'Union européenne la démocratie n'est plus acceptable que si les électeurs donnent des réponses conformes à celles qui sont requises pour continuer la même politique, et qu'ils élisent des représentants qui, quelles que soient leurs convictions affichées, conduiront docilement cette même politique.