Aujourd'hui, le très petit politicien qu'est Tsipras gesticule de nouveau, cette fois à propos de la fausse négociation en cours au FMI, qui aboutira à un vrai Diktat de plus.

Une capitulation n'est jamais un acte isolé, ai-je écrit ici lors de celle du tout petit homme qu'est Tsipras, qui avait fait croire qu'il était grand en en appelant au peuple avant de le trahir. Une capitulation n'est toujours que l'acte inaugural d'une série de trahisons et de capitulations, parce que l'adversaire sachant que vous n'avez pas le cran de vous servir des armes dont vous disposez, il sait que, après avoir mimé une énième résistance, vous capitulerez encore.

Aujourd'hui, le tout petit Tsipras n'en est plus à une capitulation ni à une trahison près. Mais comme, faute d'être un homme d'Etat, c'est un assez bon tacticien sur le plan de la politique intérieure, il peut penser qu'il a intérêt à "tomber à gauche", et tenter un coup de poker électoral.

Chacun sait, en Grèce, que ce gouvernement est en état de mort cérébrale. Sans projet, sans discours, il n'a que l'ambition de conserver des places et les rentes qui vont avec. Beaucoup pensent qu'il ne pourra se maintenir au-delà de l'hiver, que des élections (les 6e depuis 2009...) auront lieu au plus tard au printemps. En faisant croire qu'il n'a pas cédé, cette fois, à la pression, il peut espérer remobiliser une partie de son électorat qui a toute les raisons d'aller à la pêche, pour celui qui n'a pas déjà changé de camp. Avec l'espoir d'empêcher la droite (qui conduira la même politique que lui) d'obtenir une majorité, et de se rendre indispensable à un gouvernement dit d'union nationale qui signera le IVe memorandum qu'il renâcle à signer aujourd'hui pour ne pas en porter seul la responsabilité.

A moins que le très petit Tsipras ne signe lui-même ce memorandum-là, finalement, après avoir gesticulé deux ou trois jours de plus.

Ce qui est certain, c'est que rien ne changera pour les Grecs - sinon en pire - tant qu'ils n'auront pas ouvert la porte de la prison de l'euro. Mais ce qui est certain aussi c'est que plus ils tarderont à l'ouvrir, par peur de ce qu'il y a derrière, plus ce sera dur ensuite parce que chaque jour qui passe rend plus difficile le rebond en détruisant un peu plus les richesses et le potentiel productif du pays. S'ils l'avaient ouverte en 2012, s'ils l'avaient ouverte en février 2015 au lieu de signer l'accord intérimaire, s'ils l'avaient ouverte à l'été 2015, après le référendum et plutôt que d'accepter le IIIe mémorandum, celui de Syriza, bien pire que ceux de Papandréou, Papadimos et Samaras réunis, ils seraient aujourd'hui sortis du marasme, ils auraient aujourd'hui renoué avec l'espoir.

Au lieu de quoi, ils finiront de toute façon par sortir, mais dans les pires conditions qui soient - économiques d'abord, et politiques - l'épée de Schäuble et Dijsselbloem dans le dos, à leurs conditions. Alors les Grecs devront prendre acte de la faillite totale du personnel politique qui les a conduits là. Avec quelles conséquences ?