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samedi 11 février 2017

Tsipras et le FMI : vaudeville et jeu de dupes

Aujourd'hui, le très petit politicien qu'est Tsipras gesticule de nouveau, cette fois à propos de la fausse négociation en cours au FMI, qui aboutira à un vrai Diktat de plus.

Une capitulation n'est jamais un acte isolé, ai-je écrit ici lors de celle du tout petit homme qu'est Tsipras, qui avait fait croire qu'il était grand en en appelant au peuple avant de le trahir. Une capitulation n'est toujours que l'acte inaugural d'une série de trahisons et de capitulations, parce que l'adversaire sachant que vous n'avez pas le cran de vous servir des armes dont vous disposez, il sait que, après avoir mimé une énième résistance, vous capitulerez encore.

Aujourd'hui, le tout petit Tsipras n'en est plus à une capitulation ni à une trahison près. Mais comme, faute d'être un homme d'Etat, c'est un assez bon tacticien sur le plan de la politique intérieure, il peut penser qu'il a intérêt à "tomber à gauche", et tenter un coup de poker électoral.

Chacun sait, en Grèce, que ce gouvernement est en état de mort cérébrale. Sans projet, sans discours, il n'a que l'ambition de conserver des places et les rentes qui vont avec. Beaucoup pensent qu'il ne pourra se maintenir au-delà de l'hiver, que des élections (les 6e depuis 2009...) auront lieu au plus tard au printemps. En faisant croire qu'il n'a pas cédé, cette fois, à la pression, il peut espérer remobiliser une partie de son électorat qui a toute les raisons d'aller à la pêche, pour celui qui n'a pas déjà changé de camp. Avec l'espoir d'empêcher la droite (qui conduira la même politique que lui) d'obtenir une majorité, et de se rendre indispensable à un gouvernement dit d'union nationale qui signera le IVe memorandum qu'il renâcle à signer aujourd'hui pour ne pas en porter seul la responsabilité.

A moins que le très petit Tsipras ne signe lui-même ce memorandum-là, finalement, après avoir gesticulé deux ou trois jours de plus.

Ce qui est certain, c'est que rien ne changera pour les Grecs - sinon en pire - tant qu'ils n'auront pas ouvert la porte de la prison de l'euro. Mais ce qui est certain aussi c'est que plus ils tarderont à l'ouvrir, par peur de ce qu'il y a derrière, plus ce sera dur ensuite parce que chaque jour qui passe rend plus difficile le rebond en détruisant un peu plus les richesses et le potentiel productif du pays. S'ils l'avaient ouverte en 2012, s'ils l'avaient ouverte en février 2015 au lieu de signer l'accord intérimaire, s'ils l'avaient ouverte à l'été 2015, après le référendum et plutôt que d'accepter le IIIe mémorandum, celui de Syriza, bien pire que ceux de Papandréou, Papadimos et Samaras réunis, ils seraient aujourd'hui sortis du marasme, ils auraient aujourd'hui renoué avec l'espoir.

Au lieu de quoi, ils finiront de toute façon par sortir, mais dans les pires conditions qui soient - économiques d'abord, et politiques - l'épée de Schäuble et Dijsselbloem dans le dos, à leurs conditions. Alors les Grecs devront prendre acte de la faillite totale du personnel politique qui les a conduits là. Avec quelles conséquences ?

Décodex et Romaric

Que Le Monde, jadis journal de référence appartenant à ses journalistes, transformé aujourd'hui en un des plus vulgaires organes de propagande, une feuille qui se fait l'écho servile et exclusif des intérêts de la caste à laquelle appartiennent ses patrons, le temple de l'eurolâtrie avec son grand prêtre Le Parmentier (qui vient de faire une déclaration d'amour enflammée au banquier d'affaires candidat des affaires, de la chancelière et du "il n'y a pas de démocratie en dehors des traités européens"), s'érige en arbitre des élégances de l'information, en Sacra Congregatio Indicis (Sainte Congrégation de l'Index) du net, en policier de le pensée et, demain, pourquoi pas, en grande Anastasie... voilà qui est un indice de plus de la grande inversion des valeurs que nous vivons.

Le parallèle avec un Fillon conspuant les assistés ou un Macron se prétendant anti-système saute aux yeux.

Ce système se sent à ce point menacé par la montée de la colère du peuple qu'il est désormais prêt à tout.

D'ailleurs, au même moment, Romaric Godin et le service de macroéconomie de La Tribune, seul organe dans la presse française à traiter régulièrement de la situation en Europe, et en Europe du sud notamment, hors orthodoxie libéralo-germano-européiste, sont réduits au silence... dans l'indifférence totale d'une presse française au garde-à-vous.

Avant la deuxième guerre mondiale, le naufrage de notre pays fut annoncé par celui de sa presse mercenaire totalement vérolée - d'où les lois de la Libération qui ont été démantelées dans les années 1980... par les socialistes et la droite, bien d'accord une fois de plus, pour mettre fin à cet "archaïsme".

Le propre des sociétés totalitaires, plus encore que la répression des oppositions, la police politique, les camps... c'est la police de la pensée, c'est l'exigence non pas qu'on se plie aux règles du régime, mais qu'on y adhère en son for intérieur. En ce sens, Le Monde et son Décodex sont l'expression de l'aspiration totalitaire des élites européennes - de plus en plus évidente - qui n'ont plus que ce recours face à la montée de la colère des peuples devant leur faillite et celle de leur joujou préféré - l'Union européenne.