L’annonce du programme du festival d’Athènes (voir mon post d'hier) suscite une levée de boucliers chez les artistes grecs, scandalisés par cette manifestation d'un incroyable impérialisme culturel sous le haut patronage d'un ministre Syriza, Baltas, qui a a osé déclarer que l'annonce du programme faite au Pirée était une manière de montrer que les artistes du festival d'Athènes étaient aux côtés des réfugiés et, qu'avec son nouveau directeur, Jan Fabre, c'était "l'esprit de Spinoza" qui arrivait en Grèce.

Ou bien ce type est inconscient, ou bien...

En tout cas, les réactions d'artistes grecs ne cessent plus depuis hier et ils ont décidé de réagir collectivement en se retrouvant demain au Théâtre Sfendoni pour organiser une riposte.

Les actrices Olias Lazaridou et Anna Kokkinou ont déclaré "avoir honte de ce qui se passe", la première dénonçant la "vision colonialiste" de Jan Fabre...

L'acteur et metteur en scène Nikos Karathanos déclare : "Le festival était une fête, une réunion du monde entier. Et maintenant, il devient un club fermé où on rejette les Grecs."

"Pourquoi ne pas mettre le flamand en seconde langue ?…" demande la metteur en scène Angela Brouskou…

Quant à l'acteur et metteur en scène Argyris Khafis, il dénonce : "On coupe les productions grecques de fait, alors que plus de 500 personnes ont perdu un emploi au moment où le taux de chômage de la profession est de 90%… et que la plupart survivent l’hiver avec les 3000 euros gagnés l’été au festival."

Et le compositeur Christos Leondis, dans une lettre au ministre Baltas, lui fait part de son mépris face à l’insulte que représente ce détournement du festival.

J'y ajoute la réaction de Marie-Laure Coulmin Koutsaftis, qui vient elle aussi, comme son mari, du milieu artistique, qui connaît tout des galères des artistes grecs depuis l'effondrement du pays organisé par l'Union européenne sous hégémonie allemande, et qui a dirigé Les Grecs contre l'austérité, Il était une fois la crise de la dette, dont j'ai eu l'honneur d'écrire la contribution conclusive, dans laquelle j'évoquais l'hypothèse du cynisme complet du groupe dirigeant de Syriza, une hypothèse chaque jour plus vraisemblable...

"Ce qui se passe autour du Festival d'Athènes est honteux. Un festival prestigieux, dans un pays où la culture est un mode de vie malgré la crise, un festival qui a présenté ces dernières années de grands moments d'émotion esthétique, devient l'apanage d'un cuistre qui commence par s'attribuer de nombreux spectacles et subventions personnellement, en excluant les créateurs grecs pourtant internationalement reconnus et parfaitement à la pointe de la scène internationale, pour favoriser les petits culs régionaux belges. Seulement belges. La honte. Le copinage dans toute sa splendeur, doublée d'une incompétence crasse et d'un colonialisme idéologique et artistique qui en dit long, aussi, sur la nullité du ministère de tutelle, coupable à 100% de ce choix pourri.

À elle toute seule, cette affaire du Festival d'Athènes mérite une grève générale illimitée des artistes grecs et des autres."