Mélenchon candidat. Fort bien.

Il fallait couper court à cette histoire de cornecul qu'est la "primaire à gauche". Puisque, pour commencer et pour finir, le PS n'est plus à gauche. La question est pour moi de savoir le projet qu'il portera : sera-t-il enfin clair sur l'euro et l'UE ?

S'il s'agit d'une candidature de plus pour rabâcher qu'il faut négocier et qu'ensuite on verra, s'il s'agit d'une candidature varoufakienne sur le thème : on va changer le rapport de forces en Europe, on va réorienter l'Europe, plan B et autres foutaises, ce sera sans moi.

J'ai déjà donné avec Syriza ; on ne me la fera plus.

C'est aujourd'hui à mes yeux la seule chose qui compte : si Mélenchon porte un discours clair de rupture avec l'euro, l'UE, sans conditions ni atermoiements, il a raison d'y aller. S'il a l'intention de recycler du 2012 (j'ai voté pour lui) : Europe sociale, autre Europe, euro collaboratif... il s'agira alors d'un néfaste rideau de fumée. Un de plus.

Pour ma part, je ne ratifierai plus les ambiguïtés qui restent dans ce discours de Mélenchon : la négociation n'a aucun sens ; et je ne voterai plus pour quelqu'un qui continue à dire qu'il faut d'abord négocier.

Il ne faut plus négocier parce qu'on connaît les termes vérolés à l'avance de cette pseudo-négociation, parce que perdre du temps sera donner les moyens de l'étranglement. On ne négocie plus, on part, sans conditions parce que c'est la seule solution pour sortir de l'étau. Mon autre point de désaccord c'est que le problème n'est pas le gouvernement allemand mais le rapport psychiatrique de l'Allemagne à la monnaie. Un autre gouvernement allemand aura exactement les mêmes positions... sauf à attendre la victoire de Die Linke... juste après le Déluge !

Là encore, la BCE aura tout le temps de faire son oeuvre. Ce discours-là de Mélenchon est donc aujourd'hui pour moi, une manière "dure" de dire qu'on ne fera rien.

Et ceci d'autant plus que que les échos que j'ai eu du PdG, avant comme après le "sommet", vont unanimement dans le sens que, malgré ce durcissement cosmétique de langage, rien n'a changé au fond. Il me faudra plus que des durcissements cosmétiques de langage. Je veux de la clarté, des engagements fermes et clairs : on sort, immédiatement, sans conditions et sans autre négociation que celle sur les modalités de la sortie. Point.

On ne part pas à Londres en juin 1940 en disant qu'on va négocier avec Hitler pour voir s'il y a des formes d'occupation acceptables...

Le temps des accommodements et des ambiguïtés est passé : tout projet politique, quel qu'il soit, passe par la reconquête de la souveraineté nationale dont la souveraineté monétaire est indissociable. Hors de cela, on est dans le blabla sans consistance, l'illusion ou l'escroquerie politique. Il faut bâtir un front là-dessus et pas un front où, au coup par coup, on est allié avec machin, ou truc, ou chose, pour sauvegarder un siège, une municipalité, un groupe parlementaire...

Or, pour l'heure, les inflexions du discours de Mélenchon ne me semblent être QUE cosmétiques. Il faut aujourd'hui avoir le courage élémentaire d'engager clairement l'action pédagogique : il n'y a pas d'avenir dans l'euro, dans l'UE, parce que ni l'euro ni l'UE ne changeront parce que l'euro et l'UE ont été précisément conçus pour servir à quoi ils servent. On ne réforme pas un carcan : on le brise ou on y crève.

Qu'il dise cela clairement et je suis derrière lui. S'il reste dans ses contradictions théoriques, stratégiques et tactiques, ce sera sans moi.

Attendre et voir.

L'autre nouvelle de notre beau pays c'est le départ d'un de nos pires ministres des Affaires étrangères depuis Pierre Laval (1934-1936), Christian Pineau (Suez ou l'expéditionnite socialiste dont Hollande et Fabius sont les héritiers directs), Douste, Kouchner et Juppé. M. Fabius, qui s'est trompé sur tout et qui a poussé l'alignement sur les Etats-Unis, ou l'Allemagne, jusqu'au point de chercher à deviner et devancer les désirs supposés du Maître, part dormir dans un fauteuil aussi confortable que lucratif (le pôvre !) et terminer ses jours dans cette maison de retraite pour vieux socialistes qu'est devenu le Conseil constitutionnel.

Il n'y a qu'en France que cette instance est régulièrement peuplée de vieux éclopés du parti au pouvoir. Ailleurs, l'accès à ce genre d'instance n'est pas conditionné par l'inaptitude à remplir des fonctions politiques ou par la récompense d'un échec patent dans les fonctions qu'on quitte, mais par d'incontestables qualifications juridiques.

Une question me taraude cependant depuis hier : lors du prochain procès de Thomas, si ses avocats posent une QPC, papa présidera-t-il les débats du Conseil constitutionnel sur icelle ?

Et présidera-t-il aussi, entre deux sommes, les débats sur la QPC déjà posée par les avocats de son ex-collègue au gouvernement Cahuzac ?

C'est-y pas beau ce système oligarchique où l'on est entre soi ?!... à la vie à la mort.

De quoi redonner confiance à nos compatriotes dans les institutions, non ???