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vendredi 18 décembre 2015

Avant ou après les élections espagnoles de dimanche, il faut lire "Podemos" de Christophe Barret

Après-demain, auront lieu en Espagne des élections législatives capitales. Après la Grèce et le Portugal, l’Espagne sera le troisième pays martyrisé par la Germano-Europe et ses politiques criminelles à se prononcer sur son avenir. Et le résultat sera bien sûr passionnant, eu égard à la situation des Espagnols bien sûr, mais aussi pour le devenir de ce qu’il est convenu d’appeler l’Europe, au regard du poids économique et démographique de l’Espagne, bien plus lourd que celui de la Grèce ou du Portugal.

Dans cette situation un livre est paru cet automne, que j’ai lu avec intérêt – et un peu plus –, et que j'invite ardemment à lire parce qu’il est, je crois, essentiel pour comprendre le sens du vote des Espagnols, ce dimanche, et la situation politique – sans doute fort compliquée – qui en résultera. Car ce qu’indiquent les derniers sondages, c’est que, là aussi, le bipartisme, qui en Espagne a structuré la vie politique depuis la fin de transition démocratique – Parti populaire de la droite post-franquiste et Parti socialiste ouvrier espagnol –, est moribond. Si l’on en croit ces mêmes sondages, trois forces politiques (PP, PSOE, Podemos) obtiendraient en effet autour de 20 % à 25 % des voix chacune, Ciudadanos (un "Podemos de droite") autour de 16 % , Izquierda Unida (autour du PC) moins de 5 % et les mouvements régionalistes ou nationalistes, dont les diverses forces catalanes qui, à la faveur des dernières élections régionales, ont affirmé leur intention d’entamer un processus de séparation (sans parvenir pour autant à se mettre d’accord, encore, sur une formule gouvernementale) entre 13 % et 14 % au total.

Si cette configuration est confirmée dimanche soir, l’Espagne risque fort de devenir difficilement gouvernable (c’est en réalité le principal effet des politiques germano-européennes, cet effet étant d’autant plus accusé que ces politiques ont été plus violemment appliquées), la seule coalition semblant pouvoir disposer d’une majorité étant celle du PP et du PSOE, si tant est que ce dernier soit disposé à devenir la roue de secours d’une droite dure – ce qu’a refusé récemment le PS portugais. Une autre solution pourrait dès lors consister en un gouvernement minoritaire (PP/Ciudadanos, PSOE/Podemos, Podemos/IU ?…) dépendant de l’ordre d’arrivée des différentes forces (un sondage donnait, il y a une dizaine de jours, le PSOE au plus bas depuis… 1923, je crois, et derrière Podemos…) ainsi que de leur poids réel dans les urnes, et bénéficiant de la neutralité ou du soutien de mouvements régionalistes ou nationalistes, sans doute payable en nouveaux transferts de compétences vers les communautés autonomes.

Dans tous les cas de figure imaginables, le score que réalisera Podemos sera déterminant pour la formule de gouvernement qui pourra (ou non) se dégager après ces élections. Et c’est la raison pour laquelle on ne saurait trop recommander la lecture du livre de l’historien Christophe Barret, excellent connaisseur de l’Espagne, paru aux Éditions du Cerf et intitulé : Podemos, Pour une autre Europe, Hier l’Italie, la Grèce. Aujourd’hui l’Espagne. Demain, la France ?

Passionnant, ce livre l’est à plus d’un titre. D’abord parce qu’il retrace le bouleversement politique qu’a été le mouvement des Indignés – en Espagne comme en Grèce que je connais bien mieux ; plus encore qu’en Grèce où Syriza lui préexistait et s’en est nourri, alors que Podemos en est né et a eu l’ambition de lui donner une expression politique.

Comme en Grèce, ce mouvement s’installe alors qu’un parti se disant socialiste se trouve au gouvernement et choisit d’endosser les politiques les plus antisociales appliquées en Europe occidentale depuis 1945, imposées par la Germano-Europe et par un euro allemand qui interdit tout ajustement par le taux de change, leur appliquant des recettes déflationnistes de dévaluation intérieure (baisse des dépenses publiques, salaires, pensions…) qui ne font en réalité qu’aggraver les maux qu’elles prétendent soigner.

Comme en Grèce, cette situation conduit d’abord à une profonde crise de la démocratie représentative : « L’opinion fait sienne – écrit Christophe Barret –, tout au long de l’été 2011 les slogans lancés par les Indignés : ¡ No nos representam ! (Ils ne nous représentent pas !) Democratia real ya ! et Si se puede ! (Si, c’est possible !) », ce dernier slogan, hérité de la campagne d’Obama, se transformant au final dans le Podemos que choisira le nouveau mouvement comme bannière.

Elle conduit ensuite, comme en Grèce et au Portugal, par la règle du balancier du vieux jeu politique qui n’a pas encore explosé, à une alternance au profit de la droite (législatives du 20 novembre 2011) qui vérifiera la nouvelle règle euro-allemande selon laquelle les élections ne servent plus à rien, puisque l’alternance ne vise que les hommes et les partis alors que la politique doit rester la même.

Christophe Barret retrace d'abord la généalogie intellectuelle et la saga pragmatique d’un petit groupe de jeunes professeurs « progressistes » du campus de Somosaguas de la faculté de sciences politiques et de sociologie de l’université Complutense de Madrid - parmi lesquels Pablo Iglesias, Íñigo Errejón, Carolina Bescansa, Juan Carlos Monedero - qui va fonctionner comme un « laboratoire d’idées » où se mêlent « activisme, militantisme, recherche et enseignement ».

Le diagnostic d’Iglesias est que le mouvement des Indignés s’apparente à « une révolte de subsistance comparable à celles étudiées par les historiens de périodes plus anciennes ». L’outil permettant d’agir, dans cette situation, sera un « discours transversal » destiné à fédérer les oppositions, bien au-delà de la base traditionnelle de la gauche radicale dont sont issus les fondateurs de Podemos, mobilisant par exemple les concepts de souveraineté, de patriotisme, de droits humains ou de décence, et ceci au service de la refondation d’une démocratie (« Par temps de crise – écrit Monedero –, la compatibilité entre capitalisme et démocratie se pose à nouveau ») sur des bases différentes que celles, si éminemment ambiguës, sur lesquelles s'est édifiée la transition démocratique post-franquiste.

Héritier d’une mémoire, celle des vaincus de la guerre civile, ce groupe veut réinventer un « léninisme aimable », puisant aux sources des expériences sud-américaines, de l’œuvre de Gramsci, de sa relecture par Ernesto Laclau (pour lui, « il faut – écrit Barret – donner au peuple, pensé dans un cadre national, une nouvelle unité afin de contrer les profondes inégalités générées par un pouvoir économique, politique, culturel et médiatique écrasant. ») et les travaux de sa compagne, la sociologue belge Chantal Moufle, selon lesquels « à la lutte « gauche-droite » il convient de substituer une confrontation « bas-haut », d’une plus grande capacité inclusive ».

Tout est là - ou presque -, et toute la partie du livre de Barret consacrée à la genèse et à la dissection d’un « projet politique d’irruption plébeienne » est franchement passionnante, tant elle donne à réfléchir – et bien au-delà de l’exemple espagnol !

Elle est suivie d’autres chapitres qui le sont à peine moins (passionnants) consacrés à la stratégie médiatique, à la construction d’un mouvement politique – ses forces, ses faiblesses, ses contradictions – destiné non à troubler le jeu électoral ou à s'y insérer, mais à y conquérir une "hégémonie culturelle", à en devenir le centre – la question des alliances se posant d'une manière cruciale, dès lors que cet objectif apparaît différé ou problématique et qu'on risque, par la participation à un jeu dont on ne peut changer les règles, d'y perdre son âme et son utilité.

L’auteur se pose aussi, toujours avec précision et pertinence, la question de la parenté avec Syriza, mise en scène – il y aura bientôt un an – lors du dernier meeting de la campagne électorale grecque sur la place Omonia : Iglesias parlant en grec et esquissant des pas de syrtaki, tic-tac tic-tac, Athènes d’abord, Madrid ensuite… Il analyse comment ces partis-frères ne le sont à maints égards qu’en apparence. Et quelles parentés/oppositions le « populisme » de Podemos entretient avec d’autres mouvements qui, ailleurs, prétendent incarner d’autres types de « projet politique d’irruption plébeienne » – le FN en France ou Cinq étoiles en Italie. Il pose aussi la question du rapport des dirigeants de Podemos au passé franquiste qui ne passe pas, à l’Église dans sa lourde dimension traditionnelle, mais aussi aux convergences avec la « théologie du peuple » du pape François…

Enfin le livre se clôt – provisoirement ! – sur les contradictions internes, les difficultés organisationnelles ou programmatiques, l’absence de leçon réelle tirée de la bérézina de Syriza en Grèce (le refus de tirer les conséquences qui s’imposent, clairement, et au contraire du Bloc de gauche portugais qui a fait, lui, son aggiornamento, de l’impossibilité d’alternance réelle dans le cadre de l’euro et de l’UE) qui ont conduit Podemos, depuis l’été grec tragique, à un déclin dans les sondages qui semblait inexorable – et dont les sondages de ces dernières semaines semblent indiquer qu’il ne l’était pas.

Bref, le livre de Christophe Barret est de ceux qu’il faut lire… avant comme après les élections de dimanche.

On me permettra juste un regret : que trop d’éditeurs aujourd’hui – parmi lesquels, manifestement, Le Cerf, pourtant une vieille maison à la réputation de sérieux et de qualité – ne jugent plus nécessaire de se payer le travail pourtant indispensable d'un relecteur. L’auteur que je suis est bien placé pour savoir qu’à force de corriger et recorriger un texte on n’y voit plus les coquilles. On est trop intime avec son propre texte pour en discerner encore les défauts. Et les copier-coller qui vous permettent de réécrire une phrase ou un passage laissent souvent des scories. C’est un des boulots essentiels de l’éditeur que de les éliminer. Or Le Cerf ne l’a manifestement pas fait. C’est dommage pour Christophe Barret dont le travail méritait meilleur traitement éditorial, et c’est souvent bien agaçant pour le lecteur.

Bartolone : la caste faillie dans toute sa splendeur

Bon alors je vous explique :

1/ le type est candidat "socialiste", il accuse sa concurrente (que je conchie par ailleurs pour ses connivences avec les cathos réacs anti-pédés) d'être la défenderesse exclusive de Neuilly, pimentant en outre son propos de quelques mots assez infâmes ;

2/ il est battu mais élu ;

3/ il a un gros coup de mou et court se faire requinquer à l'hosto américain de... Neuilly ;

4/ il préfère quand même la cave de l'hôtel de Lassay que Chaban a jadis peuplée de bordeaux de légende à celui de chef de l'opposition au conseil régional... c'est tout de même plus confortable ;

5/ ses camarades le reconduisent à la cave de l'hôtel de Lassay par acclamations ;

6/ il démissionne du conseil régional qu'il prétendait diriger, sans la moindre conscience qu'il se fout ainsi de la gueule des électeurs qu'il a exhortés à voter pour lui ;

7/ je suis plutôt satisfait d'avoir voté blanc les deux derniers dimanches ;

8/ cette caste faillie, sans scrupule ni honneur, ne mérite que d'aller le plus rapidement possible dans les poubelles de l'histoire.