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lundi 14 décembre 2015

De déni en déni : jusqu'où ?

A en croire notre médiacratie, à coté de laquelle le Völkischer Beobacheter et la Pravda finissent par faire province et petit genre, le FN aurait subi hier une cuisante défaite.

Alors voyons un peu les chiffres.

Avec 59 % de participation, dans un scrutin local qui, même s'il est en partie proportionnel (en partie car les formations dites classiques ont refusé la logique proportionnelle en transformant le scrutin voulu par le législateur en ersatz de scrutin majoritaire là où la proportionnelle était susceptible de permettre au FN d'emporter un exécutif), avantage les notabilités (on a longuement entendu que les candidats FN n'avaient aucune expérience, étaient supposés incompétents, incapables de gérer une région) et défavorise donc le FN (qui dispose effectivement de peu de sortants et de compétences avérées, n'a jamais assumé d'exécutif régional), sans alliance et après un tir de barrage médiatique intense, le FN progresse sensiblement entre les deux tours.

Excusez du peu : il recueille 800 000 voix de plus qu'au premier tour, soit une augmentation de plus de 13 % de son capital d'électeurs.

Il dépasse aussi de plus de 400 000, les 6,4 millions de suffrages réunis par Marine Le Pen au 1er tour de la présidentielle de 2012, scrutin le plus favorable pour le FN (avec les européennes) et où la participation était de 79,48 %. Compte tenu de ces 20 points d'écart de participation, la progression est donc impressionnante.

Et je ne parle même pas de la comparaison avec le second tour des régionales de 2010 où le FN, n'ayant pu se maintenir partout, recueillait 1,943 millions de voix alors qu'on est ce soir au-dessus de 6,8 millions.

En outre le nombre des sièges (118) de conseillers régionaux détenus depuis 2010 a plus que triplé (358 ; le PS en a... 355) : sacrée défaite en effet !!!

D'autant que ce gain aura des conséquences lors des prochaines sénatoriales : ce sera notamment le cas dans les départements les plus peuplés où l'élection a lieu à la proportionnelle et où le corps électoral (grands électeurs) après les municipales, les départementales et les régionales est profondément remodelé.

Le fait que le FN n'emporte pas de région ce soir n'empêche pas que ce scrutin est pour lui un succès de grande ampleur ; on peut en outre penser que c'est un avantage puisqu'il ne risquera pas, ainsi, de s'enliser dans la gestion de régions et de devoir en rendre compte durant la campagne présidentielle.

Ajoutons que le site de Marianne relève ce matin que les votes blancs et nuls ont augmenté de 43 % entre les deux tours : ils atteignent le niveau record de 5 %, soit 1,3 millions de Français qui ont ainsi récusé l'offre politique qui leur était proposée, comme l'ont fait aussi une partie importante des abstentionnistes. Ces blancs et nuls atteignent même 7,8% en PACA (5,41% de votes blancs, 2,42% de votes nuls) et à 7,3% en Nord-Pas-de-Calais Picardie (4,53% de votes blancs, 2,83% de votes nuls) "du jamais vu pour ces territoires depuis la naissance de ce type de scrutin en 1986".

La réalité c'est donc d'abord la défiance massive qui frappe les partis dits de gouvernement et que, comme l'a d'ailleurs dit Sigmar Gabriel, la politique germano-européenne, et comme il ne l'a pas dit l'euro, le démontage par l'Europe de l'Etat social et de la démocratie, nourrisse l'ascension du FN. Un scrutin après l'autre le capital électoral du FN augmente : il est aujourd'hui, à lui seul, capable de dépasser son score de premier tour et d'approcher, à lui seul, 50 % des exprimés, alors même que toutes les autres formations politiques se mobilisent pour lui "faire barrage".

Mais derrière ce barrage le niveau de l'eau monte. Inexorablement. Continuer à croire au plafond de verre est une illusion aussi stupide et ravageuse que celle d'un euro coopératif ou d'une autre Europe.

Si l'on veut arrêter cette montée, il n'y a qu'une seule solution : rompre radicalement avec les logiques libérales, dont l'Europe a été le moteur et le paravent depuis plus de 30 ans, avec le néo-impérialisme allemand qui en est devenu le fer de lance, et qui nourrissent sans cesse et toujours plus le FN en nous conduisant dans les impasses économiques, sociales et démocratiques où nous sommes aujourd'hui.

Première "conséquence" de ce scrutin ? Pas de "coup de pouce" au SMIC. Le gouvernement n'aura pas été long à signifier comment ils a "compris" le message des urnes et le cas qu'il fait de la déclaration du chef des Solfériniens sur une nécessaire inflexion "sociale" de sa politique. Pas plus que les attentats de Paris qui ont mis en évidence les conséquences criminelles des coupes budgétaires imposées par les politiques germano-européennes, pas plus que l'échec patent de Schengen et les conséquences criminelles d'un refus du contrôle physique des frontières, le scrutin d'hier ne remettra en cause aucune des politiques suicidaires mise en oeuvre par une classe politique faillie et largement discréditée.

La course à l'abîme continue...

Le ministre grec de l'Economie oublie une partie partie de son patrimoine...

Au tableau des réussites de Syriza ne manquait que l'éthique...

Alors voilà, je vous explique : Yorgos Stathakis est ministre de l'Economie depuis janvier dernier, l'un des piliers de Syriza et un poids lourd du gouvernement de la "gauche radicale". Or Yorgos Stathakis a malencontreusement "oublié" de faire figurer, dans la déclaration de patrimoine qu'il a dû établir après son élection comme député du département de Chania (Crète), en 2012... juste un million d'euros.

Oui, je sais, ça la fout mal pour un député, ministre de... "gauche radicale".

D'autant que, dans l'opposition, ladite "gauche radicale" de Stathakis n'avait pas de mots assez dure pour ces hommes du système, de la ND et du PASOK, qui dissimulaient leur patrimoine, faisaient de fausses déclarations, échappaient à l'impôt. D'autant que le programme de ladite "gauche radicale" avait mis au nombre de ses priorités la lutte sans pitié ni merci contre ses moeurs scandaleuses et intolérables à l'heure où le peuple devait lui consentir à des sacrifices sans nom et sans fin...

Alors forcément, que le ministre de l'Economie du gouvernement de la "gauche radicale" oublie de déclarer un million d'euros... C'est un peu comme Cahuzac chargé de la lutte contre la fraude fiscale.

Or, Yorgos Stathakis, lui, n'a pas même démissionné ; il a juste rédigé "volontairement" une nouvelle déclaration qu'il a remise à la commission de contrôle du patrimoine des élus. Or, à l'issue de la comparaison par les experts comptables de cette commission (présidée par un syriziste), il s'avère que le ministre de l'Economie de la gauche radicale n'aurait pas oublié seulement un million... ce serait plutôt 1,8 millions.

Nul doute que cet épisode soit apprécié par les retraités à qui le gouvernement de la "gauche radicale" et son ministre de l'Economie vont encore couper les pensions, par les endettés à qui à qui le gouvernement de la "gauche radicale" et son ministre de l'Economie vont saisir le domicile principal, par les îliens qui vont voir tout augmenter grâce à la hausse de la TVA décidée par le gouvernement de la "gauche radicale" et son ministre de l'Economie, par les malades que les nouvelles coupes dans le budget de la santé, décidées par le gouvernement de la "gauche radicale" et son ministre de l'Economie, vont priver d'accès aux soins... tout cela en application des diktats euro-allemands dont le gouvernement de la "gauche radicale" et son ministre de l'Economie se sont fait l'exécutant.