Le papier du jour de Panagiotis Grigoriou, sur son blog Greekcrisis, est particulièrement intéressant, à quatre titres.

Sur la schizophrénie de Syriza... "Comme lors de la précédente journée d’action datant de novembre dernier, SYRIZA (le parti) et SYRIZA (ses syndicalistes), a appelé à manifester contre la politique de... SYRIZA (le gouvernement). C’est une première, d’ailleurs plutôt perçue comme une parodie de plus, par pratiquement tout le monde en Grèce... Syrizistes compris."

Sur le tragique de l'impasse politique dans laquelle la Germano-Europe et la capitulation devant elle d'un Tsipras paralysé par la vénération du fétiche monétaire allemand ont plongé le pays. Avec cette réaction d'un anonyme au bulletin de satisfaction de l'Unité populaire après la énième grèce générale du 3 décembre : "Un... camarade alors visiblement excédé, a aussitôt... apposé suite à ce texte, le commentaire suivant: “Une fois de plus, vous écrivez ‘grand succès’ et ‘compte à rebours pour le gouvernement’ et ainsi de suite. Soyez enfin sérieux, en rabâchant tout cela les gens ne vous prennent plus au sérieux. Le vrai succès serait alors la grève illimitée jusqu'à faire annuler définitivement l’adoption des mesures d’austérité. Cessez de fonctionner comme une soupape de sécurité... créatrice d’illusions. Par ces journées d’action de 24 heures, c’est plutôt la notion de la grève qui est ainsi déconsidérée, aux yeux de la majorité des gens. Les longues luttes des métallurgistes comme celles des ouvriers de l’usine Coca-Cola, nous montrer le chemin. Arrêtez de caresser les oreilles des gens”. Où y a-t-il encore une alternative à TINA ?

Sur la signification réelle du référendum de juillet : "Les Grecs, n’oublieront jamais par exemple l'intensité de ce grand moment démocratique que fut le referendum de juillet 2015, et surtout, ils n’oublieront pas sa trahison. D’après mes sources (directes), quelques jours seulement avant la tenue de ce scrutin, un proche collaborateur d’Alexis Tsipras avait confié “off the record” à un journaliste d’une radio athénienne que “l'équipe gouvernementale s'attend à un résultat proche de 48% pour le NON, et de 52% pour le OUI, une telle issue, nous permettra alors d'agir en conséquence”, a-t-il même précisé"

Sur la lettre ouverte que l'infatigable résistant Manolis Glézos* vient d'adresser aux 300 députés grecs :"Brisez enfin l’assujettissement aux œillères des partis, et libérez vos propres consciences. Assis sur le parterre de l’ultime seuil de ma vie, je m’adresse donc à vous tous, pour ainsi crier haut et fort, vis-à-vis de chacun d’entre vous: Reprends-toi. Réveille-toi de l'opium que constitue la ligne du parti. Qu'as-tu promis au peuple pour qu’il vote en ta faveur, faisant de toi un représentant de la Nation ? Ne le ressens-tu pas?"

J'ajoute : ce blog est indispensable à notre information : Panagiotis traverse, comme beaucoup de Grecs, une phase extrêmement difficile, les "tuiles" se sont multipliées, ces derniers temps, pour lui et sa compagne. Pour qu'il puisse continuer à nous informer, faites un don (colonne de droite de son blog). Il m'a dit que mon dernier appel, ici, avait eu des retombées (les dons, leur seule ressource en ce moment, sont remontés à 725 € en novembre) : merci pour eux ! et si vous le pouvez, aidez-le à continuer à nous informer !

  • Pour mémoire, Manolis Glézos est né en 1922. Le 30 mai 1941, avec son compagnon Lakis Sandas, il décroche du mât de l'Acropole la croix gammée qui y flotte depuis le 27 avril. Résistant, arrêté et torturé par les Allemands puis par les Italiens, il devient directeur du quotidien communiste, Rizospastis, puis est condamné à mort, en 1948 et en 1949, par le régime autoritaire et monarchique installé par les Anglais puis soutenu à bout de bras par les Américains, le procureur lui reprocher d’avoir, par son geste de 1941, d'avoir augmenté « les difficultés du peuple grec ». Il est sauvé par une mobilisation internationale à laquelle se joint le général de Gaulle qui écrit au roi de Grèce pour demander sa grâce. Elu député de la Gauche unifié en 1951 alors qu'il est toujours emprisonné, il est libéré en 1954 après une grève de la faim, réemprisonné en 1958 sous accusation d'espionnage, libéré en 1962, arrêté le 21 avril 1967 par les Colonels qui s'emparent du pouvoir, emprisonné puis placé en résidence surveillée jusqu'en 1974. Député PASOK (socialiste) de 1981 à 1986, il rejoint le Synaspismos, ancêtre de Syriza, dont il conduit la liste nationale en 2000. Cofondateur de Syriza (coalition de partis jusqu'à l'unification de 2014 en parti unitaire), à la tête du mouvement "citoyens actifs", il est au premier rang de toutes les manifestations contre la politique euro-allemande à partir de 2009. Malmené et gazé par la police à plusieurs reprises, il doit être hospitalisé plusieurs jours en 2010. Infatigable résistant, à 92 ans, il oppose au discours "moral" de Merkel et consort sur la dette, le défaut allemand sur ses dettes à l'égard de la Grèce, grâce à l'astuce du chancelier Kohl lors du traité de réunification, sur l'indemnisation des victimes grecques de la terreur allemande entre 1941 et 1944, et le non remboursement de l’emprunt forcé contracté par la Banque de Grèce pour couvrir les frais d’occupation et l’approvisionnement de l’Afrikakorps. Elu député européen Syriza en mai 2014, il prend ses distances avec la ligne Tsipras dès les lendemains de l'accord intérimaire de février conclu par le gouvernement grec avec les créanciers, en prenant position contre cet accord et accusant le gouvernement d'oublier les engagements sur lesquels il a été élu en janvier. En juillet 2015, il démissionne du Parlement européen, s'étant engagé lors de son élection à laisser sa place après un an de mandat. Après la capitulation de Tsipras, il se rallie à l'Unité populaire.