Le départ de Sakellaridis( dont j’ai parlé il y a quelques jours) a été suivi de nouvelles défections à l’intérieur du groupe parlementaire Syriza : une abstention et un vote contre lors du vote du dernier paquet de mesures prévoyant notamment la levée partielle de l’interdiction de saisie du domicile principal. Ces deux députés ont été immédiatement exclus de Syriza, la majorité se trouvant désormais réduite à deux voix.

Or les créanciers multiplient les exigences, face à un gouvernement qui a abdiqué en juillet toute velléité d’échapper à leur logique. Une énième réforme des retraites et baisse des pensions déjà amputés de 40 % depuis cinq ans est à l’ordre du jour.

Du coup, Tsipras vient de prendre l’initiative de demander au président de la République (de droite, qu’il a choisi et fait élire) de réunir l’ensemble des chefs de parti demain. Dans quel but, sinon pour élargir sa majorité afin de pouvoir faire voter les prochains paquets qui risquent de ne pas l’être si interviennent de probables et prévisibles défections de députés Syriza qui se rendent compte, un peu trop tard, de la logique catastrophique sur laquelle ils se sont fait élire. C’est exactement le scénario que j’ai maintes fois annoncé ici.

Dès les lendemains de la capitulation de Tsipandréou, le 13 juillet, et dès ceux de la victoire à la Pyrrhus des législatives de septembre, j’ai écrit que l'issue prévisible - moyennant un délai de "décence", était l’entrée au gouvernement de l’Union des centres, du PASOK, voire de Potami et pourquoi pas de la ND... Ce qui était le but, dès janvier, de Juncker (qui souhaitait tant revoir des "têtes connues" à Bruxelles), Merkel/Schäuble et tous leurs larbins - français et autres.

On y arrive : la logique de l'UE, de l'euro, de la soumission est une logique d'airain. Dès lors qu'on a renoncé à s'en affranchir, on ne va plus que de reniement en trahison.

Cette étape supplémentaire et déterminante devrait lever les dernières ambiguïtés, les doutes et les illusions de ceux qui, désespérément, refusent de voir la réalité depuis le Diktat de juillet. L’Union européenne est une dictature impotente (on le voit à propos du terrorisme, des migrants…), comme l’URSS vers la fin. Cette dictature est impotente, mais c’est une dictature, et malheureusement pour lui, malheureusement pour les Grecs surtout, Tsipras n’en est plus que l’agent plus ou moins consentant.

Et les Grecs ? Une nouvelle grève générale aura lieu le 3 décembre, tandis qu'hier une bombe explosait devant le siège de la fédération patronale. Le risque, et la responsabilité de Tsipras et Syriza, en mettant fin à l'espoir qu'ils avaient fait lever, c'est bien sûr, face à l'absence de perspective politique (que renforcerait encore un gouvernement dit d'union nationale en manifestant de manière incontestable la collusion de Syriza avec la vieille caste politique discréditée), le dérapage dans la violence.