Le 19, Gavriil Sakellaridis (originaire de "mon" île, Nisyros), qui avait été candidat Syriza à la mairie d'Athènes (battu de peu) en 2014, puis porte-parole du gouvernement Syriza version résistante, qui faisait partie du groupe central de Syriza et qui, comme tel, avait survécu à l'épuration par les Tsipriotes de la liste des candidats aux législatives de septembre de tout élément critique de la ligne d'un parti de plus en plus caporalisé, vient de démissionner de son mandat de député en raison des dernières mesures acceptées par le gouvernement Syriza, version collaboratrice.

Il aurait pu choisir de rester député et de ne pas voter les prochaines mesures ; la majorité de cinq sièges de septembre n'était déjà plus que de trois lors du vote de certaines mesures du dernier paquet, elle se serait réduite à deux. Celui qui fut un des membres de la garde rapprochée de Tsipras jusqu'en juillet, une des figures emblématiques du premier gouvernement Syriza et du rajeunissement de la vie politique grecque, a choisi de quitter (définitivement ?) la vie politique et de laisser ainsi sa place à un député fidèle à la Tsipras-Dragasakis.

Il n'a donc pas voulu que sa défection affaiblisse le gouvernement, mais le fait qu'il ait été candidat en septembre - c'est-à-dire qu'il ait cru au discours du "moindre mal" de l'attelage Tsipras-Dragasakis - et qu'il refuse aujourd'hui de cautionner les inéluctables capitulations en chaîne montre combien ce discours du "moindre mal" est en train de faire long feu, y compris dans le groupe dirigeant de Syriza maintenu et dans le groupe des anciens très proche du Premier ministre.

Cette décision montre aussi dans quelle impasse tragique la capitulation de Tsipras en juillet a enfermé le peuple grec, en réduisant le choix à voir conduire la même politique par une vieille caste politique détestée ou par une nouvelle caste dont il apparaît chaque jour davantage que l'ambition n'a sans doute jamais été que de prendre la place de l'ancienne et non de changer la donne. Une impasse tragique, car elle mortelle pour ce qui reste de démocratie en Grèce après plus de cinq ans de catastrophe économique, sociale, humanitaire, politique imposée par Berlin et Bruxelles au nom du fétiche euro.