Rendez-vous à Strasbourg, ce 28 octobre, anniversaire du Non des Grecs à Mussolini en 1940, un Non qui ne devint pas Oui dix jours plus tard. Un Non qui influença de manière déterminante le sort de la guerre, car malgré leurs chefs dont beaucoup sympathisaient avec le fascisme et le nazisme, malgré leur sous-équipement, les soldats grecs furent les premiers à vaincre une armée de l'Axe, redonnant courage à l'Europe occupée et méritant l'admiration des Anglais. Un Non qui força Hitler à intervenir en Grèce pour secourir son allié Mussolini, au printemps 1941, le courage de l'armée hellénique puis celui des Crétois et des Britanniques venus les soutenir ayant contraint Hitler à retarder son attaque contre l'URSS : il n'arriverait pas devant Moscou avant l'hiver et, selon Churchill - qui se comporta ensuite de manière si criminelle en Grèce -, le sort de la guerre en fut changé.

Un Non qui fut suivi d'une Résistance immédiate, acharnée, notamment celle de l'EAM/ELAS groupée autour du parti communiste. Un Non qui se prolongea par le refus des Grecs de travailler pour l'Allemagne : la Grèce fut le seul pays occupé où les Allemands durent renoncer à instituer le STO - péché qui n'est peut-être pas pour rien dans l'actuelle politique allemande envers la Grèce ; va savoir !

Un Non qui valut à la Grèce l'une des occupations les plus sauvages, destructrices et meurtrières d'Europe : une famine unique en Europe décime 250 000 à 350 000 Grecs durant l'hiver 1941-1942, le potentiel économique du pays est totalement détruit, ses infrastructures réduites à rien, la guerre et l'occupation tuent 8,5 % des Grecs ; 1,5 % des Français... L'Italie et la Bulgarie payeront à la Grèce des dommages de guerre. L'Allemagne jamais, et elle continue à refuser d'indemniser même les survivants et descendants des innombrables et tragiques massacres perpétrés par ses troupes d'occupation, comme elle a protégé tous les responsables de crimes de guerre et contre l'humanité en Grèce.

C'est à l'anatomie de trois de ces massacres - Kalavryta, Distomo, Hortiatis (dans ce dernier cas ce sont des Bataillons de sécurité, la Milice grecque qui a opéré sur ordre des Allemands) - que Stélios Kouloglou a consacré son superbe documentaire "Néonazis : Holocauste de la mémoire", dans lequel il confronte la parole de survivants, celle de lycéens de Distomo et celle de... néonazis d'Aube dorée.

Ce superbe film sera donc présenté le mercredi 28 octobre à Strasbourg, à 20h00 au cinéma Odyssée, 3 Rue des Francs Bourgeois, à l'invitation de la Communauté hellénique d'Alsace, et j'interviendrai, avec Stélios Kouloglou, après sa projection, pour une mise en perspective historique et un débat avec le public animé par Marco Nassiveras, directeur de l'information d'Arte.