Entre deux chroniques nisyriotes (3)

Par Olivier Delorme, samedi 11 juillet 2015 à 10:40 :: Nouvelles de la Grèce libérée :: #579 :: rss

Alors là je ne comprends plus et je ne soutiens plus.

Obtenir l'appui du peuple à plus de 61 % pour repousser un énième paquet déflationniste suicidaire pour le pays et pour son propre gouvernement et, moins d'une semaine après, proposer un énième paquet déflationniste et tout aussi suicidaire est simplement absurde.

Sauf à penser que le référendum était une ruse, que Tspiras espérait un oui qui le ferait tomber à gauche ou qui le conduirait à constituer avec Potami le gouvernement dont on rêve à Bruxelles depuis janvier.

Ceci est une faute. De celles dont on risque de ne pas se relever ; elle est d'autant plus impardonnable à mes yeux que le référendum donnait la légitimité pour avancer dans la voie du salut - la sortie de l'euro.

Reste l'hypothèse de la proposition faite pour être une ultime fois repoussée.

Je n'y crois plus vraiment.

Sauf cette hypothèse, le gouvernement de Syriza/ANEL qui vient de refuser de sortir du piège eurodéflationniste se condamne aux échecs en chaîne et au destin politique du PASOK.

J'espère avoir tort.

Trackbacks

Aucun trackback.

Les trackbacks pour ce billet sont fermés.

Commentaires

1. Le samedi 11 juillet 2015 à 11:58, par jacques

Tout n'est pas fini Eurogroup,Conseil europeen peut-être, et le Bundestag...
Bien sur ma première réaction est similaire a la vôtre. Attendons encore un peu et surtout que Tsipras ne s'associe pas a To Potami car là ce serait la fin

2. Le samedi 11 juillet 2015 à 12:13, par Dominic

Olivier vous oubliez peut être que la Grèce importe la quasi totalité de son énergie et la moitié de sa nourriture ....

3. Le samedi 11 juillet 2015 à 12:18, par Olivier Delorme

C'est pourtant bien ce que je vois en ligne de mire désormais... Hélas ! Mais je suis d'accord qu'il faut attendre de vois ce qui va se passer ; c'est pur cela que j'ai écrit : "Reste l'hypothèse de la proposition faite pour être une ultime fois repoussée".

4. Le samedi 11 juillet 2015 à 12:34, par Olivier Delorme

Et vous, Dominic, vous oubliez qu'elle les importait aussi avant l'euro. C'est tout de même fantastique ! la courbe de la croissance européenne a croisé à la baisse celle des EU au moment de la création de l'euro, l'euro a détruit le sud de l'Europe, les seuls économies qui vont bien sont celles des (y compris petits) pays qui n'ont pas l'euro et on continue à répéter les mêmes fadaises. Une énième fois :l'euro est mortel pour la Grèce parce qu'il étoffe son économie par une surévaluation qui rend ce qu"elle produit inexportable, il creuse aussi son déficit commercial parce qu'il rend moins chers qu'ils ne devraient l'être les produits non essentiels, et souvent allemands, qui n'ont nuls besoin d'être importé. Comme partout, sauf en Allemagne qui a une économie de niche, il détruit les emplois en et la protection sociale en faisant des salaires la seule variable d'ajustement. La Grèce a besoin d'une dévaluation de 40 %, la France de 20 % sans quoi elle ne cessera de sombrer plus profond à chaque plan d'austérité dans la spirale déflationniste. Ce n'est pas une condition suffisante mais c'est la condition nécessaire à tout redémarrage de l'économie grecque.

5. Le samedi 11 juillet 2015 à 12:58, par epsilon

ANEL avance l'idée que son "oui" à cette capitulation lui donne des haut-le-coeur mais est à ce stade inévitable au vu du danger d'une guerre civile. J'ai beaucoup de mal à faire ici le distinguo : est-ce une exagération destinée à faire avaler la couleuvre ou bien y a-t-il vraiment la potentialité de telles tensions ?

6. Le samedi 11 juillet 2015 à 14:40, par raphael

Je suis aussi d'avis que quel que soit l'issue des négociation, ce retournement est une faute impardonnable.

Sapir dit que l'action "criminelle" de la BCE, en cas d'accord, va "rendre caduques ces propositions d’ici à quelques mois"
russeurope.hypotheses.org...

Par extension, on peut dire que le fait d'avoir laissé faire la BCE alors qu'il existait des possibilités de contournement (réquisition de la BC, émission de IOU) est tout autant préjudiciable...

Mais tout porte à croire que jamais Tsipras n'a étudié ni envisagé de plan B.

7. Le samedi 11 juillet 2015 à 14:48, par Dominic

A ma faible connaissance la balance des paiements de la Grèce à toujours été déficitaire
Avant son entrée dans la CEE la variable d ajustement de la Grèce c était l émigration
L entrée dans l Europe puis l euro ont shooté l économie grecque au bénéfice des <50 familles > et de leurs clientèles respectives y compris celle des emplois de complaisances
Il reste à SYRIZA à s attaquer vraiment à tout cela... Pour essayer de faire fonctionner un état disfonctionnel depuis longtemps, si n'y arrivent pas.........

8. Le samedi 11 juillet 2015 à 18:50, par Régis Hulot

Et si Tsipras avait fait semblant, avait voulu passer pour un traitre dans cette manœuvre risquée pour amener les Allemands et leurs laquais à le virer de l'euro. La responsabilité retomberait alors totalement sur ces "européens" tellement "solidaires", et cela lui permettrait de mener alors, avec une incroyable majorité dans l'opinion et au parlement, une politique enfin favorable à la Grèce - en se débarrassant au passage du fardeau de cette dette dont on découvre au fur et à mesure qu'elle est illégitime.
Timeo Danaos et dona ferentes...

9. Le dimanche 12 juillet 2015 à 08:01, par Philippe

Peut être que Tsipras veut se faire mettre en dehors de la zone Euros
Avec une sortie négociée. Pourquoi sinon avoir amplifié les demandes des créanciers.
L'Allemagne ne veut pas faire acte de faiblesse , Merkel joue sa place.
Un grexit négocié et financé temporaire et la meilleure solution pour la Grèce et pour ne pas faire perdre la face aux acteurs.
Je me trompe peut être ,mais ca me plairai bien.

10. Le dimanche 12 juillet 2015 à 12:44, par raphael

L'analyse d'Ambrose Evans-Pritchard :

"Le premier ministre Grec Alexis Tsipras ne s’attendait absolument pas à remporter le référendum de dimanche sur les conditions de sauvetage de l’UME, et encore moins à se retrouver à la tête d’une révolte nationale contre le contrôle exercé par les pays étrangers.

Il a organisé ce scrutin inattendu dans l’intention – et le souhait – de le perdre. Son but était d’en sortir la tête haute, en se résignant à une défaite honorable, et de rendre les clefs de la villa Maximos en laissant à d’autres le soin d’appliquer l’ultimatum du 25 juin, et d’en supporter l’opprobre."

www.les-crises.fr/leurope...

11. Le dimanche 12 juillet 2015 à 20:13, par FDS

Quelques éléments :

> il serait donc "donné" des sommes, pour pouvoir rembourser les créanciers... tiens ça me rappelle qqch...

> il faudrait voter au parlement la liste des mesures suivantes, et tenez vous bien, avant mercredi 15 juillet 2015.

- Une rationalisation de la TVA
- Un élargissement de l'assiette fiscale
- Un système de retraite durable
- Adopter un code de procédure civile, rassemblant toutes les règles de procédure
- Une meilleure surveillance sur la sauvegarde de l'indépendance judiciaire en Grèce
- Une complète mise en oeuvre des réductions de dépenses
- Travailler pour le redressement des banques
- Privatiser la grille de transmission électrique
- Prendre des actions sur les prêts non concluant
- Assurer une indépendance totale des privatisations
- Dépolitiser l'administration grecque
- Le retour de la Troïka (Union européenne, BCE, FMI) à Athènes

> Côté Tsipras, les engagements sont eux aussi revus à la hausse

Parmi ceux-ci, une privatisation de près de cinquante milliards d'actifs.

Alors, soit cela est dit au peuple grec, et il y aura du grabuge sérieux, soit cela est caché ( quasi impossible ).
Il ne suffit pas que les sondages donnent le peuple comme favorable au maintien dans la zone euro, encore faut-il pouvoir vivre.

Les choix qui sont sur la table ne le permettront pas.

Si Tsipras signe, il aura la rue contre lui. Il démissionera donc.

12. Le dimanche 12 juillet 2015 à 21:28, par FDS

Elle est pas belle la vie ? Vive l'Europe de 2015 !

Le deal précédant : tu signes ou "on te ferme les banques..."

Maintenant c'est, tu signes ( dans des conditions pires encore ) , ou tu prends la porte de l'Euro, de façon "provisoire" ( en allemand, provisoire, ça se dit en claquant la porte dans le dos ) !

"Tsipras was told that Greece will either become an effective “ward” of the eurozone, by agreeing to immediately implement swift reforms this week.

Or, it leaves the euro area and watches its banks collapse."

13. Le dimanche 12 juillet 2015 à 22:09, par Olivier Delorme

Dominic : non ! La balance agricole de la Grèce était par exemple excédentaire avant son entrée dans la CEE. Le déficit n'a fait que croître depuis l'entrée dans la CEE puis encore plus depuis l'entrée dans l'euro. L'avantage compétitif qu'il a donné à l'Allemagne (le mark aurait réévalué, la drachme aurait baissé, les produits allemands auraient été plus chers en Grèce, les produits grecs moins chers ailleurs en Europe) a été déterminant dans cette évolution, tandis que les bas taux d'intérêt que la Grèce n'aurait jamais eu avec la drachme couplé au marketting absurde des banques alors pour la plupart propriété de groupes français a joué comme de la morphine en faisant exploser le crédit à la consommation de produits importés... d"Allemagne ou d'Europe occidentale. L'euro a étouffé l'économie et dopé les importations provoquant l'explosion du déficit commercial en dernier ressort financé par la dette. La propagande a beau dire le contraire sur tous les tons : l'euro est une catastrophe... pour la Grèce et pour toute l'Europe sauf l'Allemagne et ses satellites.

14. Le dimanche 12 juillet 2015 à 22:24, par Olivier Delorme

Raphaël, c'est ce que je voulais dire en écrivant : "Sauf à penser que le référendum était une ruse, que Tspiras espérait un oui qui le ferait tomber à gauche ou qui le conduirait à constituer avec Potami le gouvernement dont on rêve à Bruxelles depuis janvier." L'hypothèse qu'il ait provoqué ce référendum pour le perdre ou le gagner de justesse expliquerait le paquet proposé ensuite, totalement absurde alors qu'on a gagné avec 61 % et obtenu ainsi un mandat clair pour aller à la rupture...

15. Le dimanche 12 juillet 2015 à 22:25, par Olivier Delorme

Raphaël, c'est ce que je voulais dire en écrivant : "Sauf à penser que le référendum était une ruse, que Tspiras espérait un oui qui le ferait tomber à gauche ou qui le conduirait à constituer avec Potami le gouvernement dont on rêve à Bruxelles depuis janvier." L'hypothèse qu'il ait provoqué ce référendum pour le perdre ou le gagner de justesse expliquerait le paquet proposé ensuite, totalement absurde alors qu'on a gagné avec 61 % et obtenu ainsi un mandat clair pour aller à la rupture...

16. Le dimanche 12 juillet 2015 à 22:29, par Olivier Delorme

Raphaël, c'est ce que je voulais dire en écrivant : "Reste l'hypothèse de la proposition faite pour être une ultime fois repoussée".

17. Le lundi 13 juillet 2015 à 10:12, par Jean G

Ce lundi matin, Tsipras est passé sous la table, et la Plateforme le suivra probablement, ce mercredi . Il faudra, cher Olivier, nous expliquer "tout ça".

18. Le lundi 13 juillet 2015 à 11:22, par Linda

Je ne vois personnellement aucun sens à tout ça. Le gouvernement Tsipras n'a jamais eu de plan B, ni même de plan A et c'est ce qui m'inquiète le plus. Sans doute on-t-il cru qu'il suffisait d'aller au clash et que les européens allaient caler comme ils l'ont toujours fait. Mais c'est un peu comme attendre une quelconque sympathie d'un usurier.

J'entendais l'autre jour Costa Gavras expliquant qu'on aurait jamais dû les laisser s'endetter à ce point. Dans ce cas la Grèce est elle un état souverain ou non ? Ce sont les enfants qu'on empêche de faire des bêtises, pas les adultes.

Cela dit en tant que Française je ne pavoise pas. Nous avons nous aussi une dette que nous allons devoir payer d'une façon ou d'une autre. Pendant des années on m'a expliqué que je n'étais qu'une ignorante en économie (ce qui est vrai) et que les états ce n'était pas comme les ménages et qu'ils pouvaient s'endetter indéfiniment. La preuve que non.

Maintenant que le gouvernement Grec va devoir réformer, je fais confiance à ce gouvernement pour que l'effort soit équitablement réparti et ça ne va pas être simple.

19. Le lundi 13 juillet 2015 à 11:22, par Dominic

Olivier l entrée dans la CEE à permis à la Grèce de bénéficier de fonds structurels
Qu en en t elle fait ?

20. Le lundi 13 juillet 2015 à 14:50, par raphael

Bon... ben, condoléance.
Les guillotines ne sont même pas de sortie ?

21. Le lundi 13 juillet 2015 à 18:28, par Olivier Delorme

Elle a fait beaucoup avec les fonds structurels, même s'il y a eu des "déperditions". En revanche, ces fonds structurels sont revenus pour beaucoup en commandes à des entreprises occidentales, lesquelles ont arrosé les politiciens, qui ont fait payer le surcoût aux contribuables. La dette a ainsi été largement construites au profit des entreprises occidentales, première bénéficiaires de la corruption. Deuxièmement, la Grèce n'a jamais bénéficié de la moindre solidarité de "l'Europe" face à la menace turque... voire Imia, Chypre, etc. De ce fait, elle est privée depuis 1974 des ressources pétrolières potentielles de l'Egée et en 1992, "l"Europe" est allée jusqu'à rajouter un paragraphe au traité d'adhésion à l'UEO spécifiant que la garantie automatique de sécurité européenne ne jouerait pas au cas où un pays serait attaqué par un autre pays de l'OTAN : qui en dehors de la Grèce pouvait bien être visé par cet alinéa ??? Or, la Grèce est, depuis des décennies le premier client de l'industrie d'armement allemande et le 2e de la française, le 4e acheteur d'armes au monde... et les achats d'armement de la Grèce dépassent sur le moyen terme les fonds structurels européens. De là à penser que "l'Europe" avait intérêt au maintien de la tension gréco-turque il faudrait bien sûr avoir l'esprit très mal placé !!! Cependant on remarquera que là encore les principaux bénéficiaires de la corruption en marchés d'armement, qui ont eux aussi construit la dette, s'appellent Siemens, dont la vertueuse Merkel, refuse que les responsables soient jugés, Brupp, Ferrostal, Dassault... Et rappelons encore que d'après l'inénarrable Cohn Bendit lui-même, lorsque Papandréou est venu à Paris en 2010, on lui a dit qu'on lui trouverait l'argent pourvu qu'il n'annule pas les commandes d'armement que Karamanlis avait multiplié par... 4!!! Alors les transferts européens...

22. Le vendredi 17 juillet 2015 à 14:04, par Laurent

@Linda, chère Linda, l'idéologie néolibérale veut faire accroire qu'un Etat c'est comme un ménage ou une entreprise mais c'est faux. Appliquer la micro-économie aux Etats c'est faire l'hypothèse que l'ensemble de la population d'un Etat puisse être du jour au lendemain au chômage et que simultanément toutes ces ressources naturelles, intellectuelles sont épuisées ! Le problème de l'endettement, n'est pas un problème, le problème c'est auprès de qui l'Etat est endetté et quel est le taux d'intérêt appliqué... aujourd'hui pour cause de TFUE et de BCE tous les Etats sont obligés de s'endetter sur les marchés auprès de banques privées mais avant 1973 en France par exemple, l'Etat s'endettait à taux zéro auprès du trésor public et de la banque de France ! Les banques centrales gagnaient aussi de l'argent parce qu'elles vendaient des pièces et des billets aux banques privées aujourd'hui 97% de l'argent en circulation est électronique et créé ex-nihilo par les banques privées qui spéculent sur les marchés au lieu de financer l'économie réelle et sont virtuellement en faillites de sorte que la BCE doit les refinancer quotidiennement à coup de milliards, l'équivalent de 700€/mois et par citoyen européen. Le scandale est bien là et oui Olivier a raison l'Euro c'est la mort de la plupart des pays européens. Je peux donner des liens vers mes sources si nécessaire.

Ajouter un commentaire

Les commentaires pour ce billet sont fermés.

OD