Voyage à Kos pour acheter des plantes et récupérer mon homme... Je tâcherai de vous poster ce soir un autre billet sur la traversée où il fut question de Grexit et de Schaüble en kontosouvli. En attendant, voici celui d'avant-hier ; le wi-fi du village est en carafe depuis trois jours...

Emborio, jeudi 18 juin, 18h30, 26° et 962 millibars à ma table de travail

Tiens, en écrivant la date, je me rends compte que c’est l’anniversaire de l’Appel. Comme alors, nous sommes dirigés par des gouvernements de rencontre qui pensent que la sagesse est de capituler devant l’Allemagne. Qu’il n’y a pas d’autre solution que l’Europe allemande. Car Vichy fut un gouvernement profondément européen et l’Europe, celle de l’Ordre nouveau, fut un des thèmes majeurs de la propagande vichyste. Quant à Robert Schuman – un de ces « pères de l’Europe » comme il y a des « pères de l’Église » – vota les pleins pouvoirs à Pétain. Pendant que de Gaulle et les premiers résistants, de la France libre ou de l’intérieur, de gauche et de droite, les communistes désobéissant au Parti comme les maurassiens refusant de voir Maurras remiser son nationalisme intégral au motif que la soumission à l’Allemand permettait d’avoir enfin la peau de la Gueuse, entraient en dissidence au nom de la nation, de la souveraineté et de la dignité nationales bafouées, de la République et de la démocratie trahies. La prise de conscience de ce qu’était le nazisme viendrait plus tard ; c’est le réflexe national qui a fait la Résistance, au départ. Rien d’autre.

Avant-hier, taille des figuiers et nettoyage du jardin ; hier, dépose du lavabo pour changer le vieux robinet ; aujourd’hui, rénovation de la table de jardin à l’huile de lin : je travaille beaucoup de mes mains ici, et j’aime ça. Ça me lave la tête.

Hier, je suis aussi allé chercher du miel, celui de Fortunis, à Pali, qui balade ses ruches entre Nisyros et Tilos, l’île voisine, en fonction des floraisons. Le miel sur un yaourt de brebis, avec la peau plissée sur le dessus, et un abricot juteux : un petit-déjeuner de nabab !!! Et aujourd’hui, en partant, vers 16h00, j’ai fait s’envoler, au coin de la ruelle, à 10 m de la maison, une compagnie d’une dizaine de perdrix : couinements et froufrou de plumes d’un toujours laborieux décollage ; les petits ne sont pas encore bien gros. J’avais pour double objectif d’aller me baigner à Avlaki, un petit port abandonné, en bas de Nikeia, qui me fait toujours penser à Tintin et l’île noire, même si, en reprenant Tintin et l’île noire, j’ai constaté, surpris, que ce petit port dont je croyais me souvenir n’y était pas ; puis de remonter à la taverne qui est à l’entrée de Nikeia pour y acheter cinq litres d’huile : ils la font venir du Péloponnèse, elle est extra. Mais chou blanc ; des deux cotés. En arrivant à l’embranchement de la route qui descend à Avlaki, j’ai vu Nikeia prise d’assaut, en quelques minutes, par une masse de nuages sombres, bas, épais, poussés par le vent du sud. De là à ce qu’il pleuve ! Pas étonnant que certains des bleuets et des coquelicots soient toujours en fleurs. Quant à l’huile, leur stock de la saison n’est pas encore arrivé…

Pour le reste il faut que je m’excuse de n’avoir guère alimenté ce blog depuis plus d’un mois, auprès de ceux qui ont eu la gentillesse de m’écrire que ma prose leur manquait. C’est que je n’ai guère cessé de courir derrière le temps. Au début mai, je suis d’abord allé à Thessalonique où le consulat général et l’Institut français m’avaient invité à présenter La Grèce et les Balkans au salon international du livre. Grâce au consul général, M. Le Rigoleur (fin connaisseur de la Grèce, perspicace observateur de la situation et… lecteur enthousiaste de mes trois tomes, ce qui ne gâche rien !), j’ai pu rencontrer là-bas plusieurs universitaires et intellectuels, dont le professeur d’histoire, à l’Université Aristote, Iannis Mourélos. J’étais d’autant plus heureux de le rencontrer que je l’avais largement utilisé pour mes développements sur le dichasmos, la guerre civile larvée de 1915-1917 et l’intervention franco-anglaise qui y met fin, ainsi que sur les fantasmagories d’intervention dans les Balkans qui, en 1939-1940, agitaient un état-major français sûr de ses concepts stratégiques périmés… qui allaient nous conduire à l’effondrement de juin 1940. Comme les Gamelin et Weygand qui nous gouvernent aujourd’hui agitent leurs fantasmagories de reprise et de croissance, en refusant de remettre en cause leurs certitudes néolibérales et eurolâtres qui nous conduisent à l’effondrement de demain.

La présentation au salon, en dialogue avec Iannis Mourélos, fut un succès, et je suis fort reconnaissant à lui, au consul, comme à tous ceux qui ont préparé cet événement à l’Institut, à tous ceux du consulat et de l’Institut qui m’ont accueilli avec chaleur, témoigné l’intérêt qu’ils avaient pris à la lecture de mes livres.

Mais ce qui m’a surpris, c’est la résolution de mes interlocuteurs grecs. Sans doute, tous ne partagent-ils pas ma conviction qu’aucune autre politique n’est possible dans l’euro et que toute autre politique suppose la sortie de cette monnaie stupide et ravageuse pour les économies européennes, à l’exception de celle de l’Allemagne et des satellites de son Lebensraum. Sans doute tous ne pensent-ils pas, comme moi, que l’UE est déjà morte et qu’elle ne fait plus que courir comme un canard auquel on a coupé la tête. Mais incontestablement, pour tous les interlocuteurs que j’ai eus là-bas, des universitaires au prof de français dans une école privée, ou à l’agricultrice des confins bulgares, il n’y a pas de retour en arrière possible et le temps de l’humiliation est terminé.

Incontestablement, la victoire de Syriza et des Grecs indépendants en janvier, leur refus de céder aux injonctions criminelles des créanciers, leur combattivité, leur hargne à défendre, enfin, les intérêts vitaux du peuple qui les a élus, ont provoqué dans ce pays un déclic psychologique, et suscitent un soutien qui dépasse très largement les limites de la majorité qui a porté ce gouvernement au pouvoir. Ce que ce gouvernement ne peut ignorer ; si bien que je pense que ce gouvernement ne dilapidera pas ce capital en acceptant un Diktat, même déguisé, dont il sait qu’il ne réglerait rien, qu’il ne ferait qu’enfoncer davantage le pays dans la spirale déflationniste où les précédents Diktats l’ont plongé et qu’il rendrait inévitable de futurs Diktats… puisque la logique délirante des créanciers est de ne tenir aucun compte des réalités.

De l’histoire de cette Grèce, et de ses rapports complexes avec l’Europe occidentale, qui sont si importants pour comprendre la situation d’aujourd’hui, je suis aussi allé parler, à l’invitation de Bertrand Renouvin, aux Mercredis de la NAR, qui avaient déjà reçu Panaghiotis Grigoriou (voir plus bas), pour une soirée riche en échanges, amicale et chaleureuse.

Cette Nouvelle Action Royaliste, je l’avais un peu perdue de vue depuis mes jeunes années, alors que, face à la disparition du gaullisme dans la trahison libérale, droitière et eurolâtre, le gaulliste de gauche que je n’ai cessé d’être se sentait avec ces « royalistes de gauche », comme avec un Chevènement ou un Seguin, un attachement commun – fondamental et transcendant tous les désaccords – à l’indépendance, à la souveraineté, à la justice sociale. À la conviction que la nation est – aujourd’hui en tout cas – le seul lieu de la démocratie, que le capitalisme n’est pas indépassable, qu’une société n’est pas un marché… bref, avec qui je suis d’accord sur presque tout, sauf sur le but ultime de la restauration monarchique. Car je suis et je reste un républicain, mais un républicain qui sait – aussi – ce que la France doit à la monarchie, dans les moments, en tout cas, où elle sut incarner la nation et ne pas se confondre avec l’égoïsme des privilégiés.

Mais il en va de même, là-dessus, de la République… qui peut être sociale ou réactionnaire, qui peut incarner la défense du bien commun comme sa négation, le courage ou la trahison – ce qu’illustrent aujourd’hui, une fois de plus, ceux qui se sont affublés du nom de Républicains, alors qu’ils ne défendent que des intérêts de caste et qu’ils incarnent la soumission à Bruxelles, à Berlin, à Washington… Pourvu qu’ils aient quelqu’un ou quelque-chose à qui ou à quoi se soumettre – tropisme qu’ils partagent avec ceux qui se disent socialistes et avec qui ils forment le -encore trop - grand parti de l’abandon et de la régression sociale.

De Grèce et d’Europe encore, j’ai causé à Port-de-Bouc, invité par la médiathèque Boris Vian, le cinéma Le Méliès et l’association Hiphaïstia – à l’initiative de Jean-Alex. Merci à lui, à tous ceux qui ont préparé cette soirée, au libraire de L’Alinéa, à tous ceux qui sont venus m’écouter parler du temps long, puis, après la projection de sept poignants courts-métrages de jeunes réalisateurs grecs sur la crise, des conséquences tragiques des politiques conduites par l’UE depuis cinq ans, de la situation actuelle et des incertitudes de l’avenir.

Et puis il y a eu ma contribution à corriger et mettre au point pour les actes à paraître d’un colloque de la Fondation Res Publica de Jean-Pierre Chevènement sur la soutenabilité de l’euro à l’épreuve du cas grec, l’année de cours à terminer avec mes étudiants retraités de l’Université interâges de Créteil, les paperasses pour les impôts, le régime social des écrivains, la vie, mes parents qui vieillissent…

Jusqu’au 9 juin dernier où j’ai pris l’avion pour Athènes. Le lendemain, Odile et Iannis nous avaient invités dans leur librairie, To Lexikopoleio, Panaghiotis Grigoriou et moi, à parler, autour de nos livres, des échanges ininterrompus et des malentendus qui tissent la relation Grèce-Europe occidentale. Panaghiotis est le rédacteur du blog greekcrisis.fr, indispensable pour prendre la mesure de ce qui advient en Grèce depuis cinq ans et sur quoi la propagande des médias dominants ne lève pas la langue. Il en a tiré un livre, La Grèce fantôme, paru chez Fayard à peu près au moment où sortaient mes trois tomes – sélection de ses chroniques d’autant plus saisissante qu’on y prend conscience à quelle vitesse et avec quelle brutalité la « stratégie du choc » a été appliquée, sous prétexte d’Europe, au peuple grec.

Panaghiotis n’est pas optimiste, c’est peu dire ; et moi qui ne le suis guère, je me fais l’effet, à côté de lui, d’une espèce de ravi. Il n’est pas optimiste parce qu’il pense que le gouvernement grec n’ira pas à la rupture et que tout continuera sur son erre – pour le pire. Je continue à parier que rien n’est joué. La librairie était pleine et la discussion fut ardente. Comme à Thessalonique, j’ai senti cette volonté de ne pas revenir en arrière, ce que la résistance du gouvernement signifie de dignité collective recouvrée et qu’on ne veut plus reperdre. En même temps que s’exprime l'appréhension – ô combien cultivée par les médias dominants depuis cinq ans – du saut dans l’inconnu qu’implique la logique poussée à son terme de cette résistance : la rupture, le défaut, la sortie de l’euro.

Ce qui s’est dit aussi, c’est que les demandes des créanciers sur la table ce soir-là, et que le gouvernent venait de repousser à l’heure où nous commencions, ne pouvaient être que repoussées. Augmenter la TVA dans les îles, c’est à la fois nier le coût de la continuité territoriale et asséner un rude coup au tourisme – un des derniers poumons économiques du peuple grec qui fonctionne à peu près ; couper dans les retraites qui ont déjà été amputées de 30 à 50 %, c’est jeter dans la misère noire des milliers de familles pauvres de chômeurs non indemnisés dont le seul revenu est la retraite des parents ; augmenter une fois de plus la TVA sur l’électricité, c’est priver de lumière et de chauffage des milliers de famille alors que les coupures d’électricité, l’absence de chauffage l’hiver, la généralisation des chauffages de fortune, les incendies et les asphyxies qui en résultent, sont déjà un des résultats des politiques conduites depuis cinq ans.

Toute l’ambiguïté du moment historique est là : on sait depuis longtemps le compromis « honorable » impossible mais on a continué à le souhaiter ; on voudrait un changement de politique, incompatible avec ce qu’est l’euro, tout en voulant croire qu’on pourrait changer de politique et conserver l’euro. Mais on arrive au bout de cette logique.

La rupture, le défaut, la sortie de l’euro sont à mes yeux la condition d’une sortie du processus sans fin de mort lente que prolongerait tout « compromis », quel qu’il soit, avec les créanciers. On peut comprendre que cet inconnu-là, fasse peur, mais ma conviction est que, désormais, les Grecs sont prêts : ils auraient préféré autre chose mais ils ont vu que leur gouvernement à fait des concessions et que ce que veulent les "autres" ce ne sont pas des concessions, une négociation mais une capitulation et la poursuite, moyennant aménagements symboliques, de la même politique criminelle. Or cela, les Grecs n'en veulent pas, ils ne veulent pas continuer, ils ne reviendront pas en arrière. Donc s'il faut sortir de l'euro, ils sortiront. Je crois calmement. C'est la vertu de ce que j'ai appelé, dès le début, la vertu pédagogique de la politique de l'actuel gouvernement.

Et je suis persuadé que ça réussira.

Le 11, j’ai pris la route de Patras, où j’étais invité par l’Association des francophones d’Achaïe – Grecs, Franco-Grecs, Français. Ici, c’est Georgia Rigopoulou, professeur à l’Institut français, que j’avais rencontrée l’an passé, pour ma présentation sur le toit athénien de Lexilogos, qui avait lancé le projet. C’est pour moi une surprise de voir combien, depuis quelques mois, les « amis Facebook » se sont matérialisés. Georgia est de ceux-là mais, désormais, à chaque étape de mon odyssée, en France comme en Grèce, je rencontre de vrais gens qui étaient jusque-là des contacts virtuels. Je dois avouer qu’en arrivant sur ce « réseau social », je n’y croyais pas. C’est une surprise, un bonheur ; c’est aussi un moyen de lutter contre la propagande des médias dominants, en permettant aux informations et aux analyses alternatives de diffuser par rhizome.

Patras est une vieille ville industrielle, une ville sinistrée par la « crise », une ville où arrivent les « migrants » (3000 ? plus ?) que le pouvoir turc laisse obligeamment passer, au plus grand profit, des passeurs turcs qui s’enrichissent notablement dans ce trafic d’êtres humains – sans qu’on n'entende beaucoup parler Bruxelles sur la question, alors que contrairement à la Libye, où l’irresponsable aventurisme franco-anglais a détruit l’État et installé le chaos, la Turquie a un État. Et quel État ! Cet État, sur lequel on pourrait faire pression, est d’ailleurs en même temps un des principaux soutiens de Daesh, nonobstant son appartenance à une soi-disant coalition anti-Daesh (à laquelle « participent » aussi le Qatar et l’État wahhabite d’Arabie, parrains de tous les intégrismes), puisqu’on sait que, par la Turquie, entrent les armes de Daesh et que les Turcs achètent le pétrole de contrebande, ensuite revendu aux Occidentaux, qui fournit à Daesh une part importante de ses revenus. Cet État turc avec lequel on continue – contre toute apparence de bon sens – à parler d’adhésion à l’Union européenne.

Mais revenons à Patras. Une fois entrés en Grèce, grâce à l’obligeance turque, les « migrants » cherchent à en partir. Quel avenir y a-t-il dans un pays que ses propres nationaux, surtout les plus éduqués, quittent en masse pour des cieux plus gris mais où le travail est moins rare et mieux payé ? Pourtant, si la Grèce appartient à l’espace Schengen, elle n’a point de frontière terrestre avec d’autres pays de la zone. Les « migrants » s’y trouvent donc dans une nasse, dont ils ne peuvent sortir qu’en s’embarquant sur les ferrys vers l’Italie, clandestinement. Patras c’est Calais. Les friches industrielles, créées par la politique européenne, abritent les « migrants » dont la politique européenne laisse cyniquement la charge exclusive à un État grec que sa politique de déflation a ruiné. Et les « migrants » continuent à tenter de franchir les grilles du nouveau port les soirs de départ de ferrys.

Patras est la 3e ville de Grèce par la population et elle a un maire communiste depuis les élections locales du printemps 2014. En Grèce, le parti communiste s’est coupé en deux en 1968. Une partie a constitué le noyau originel de Syriza. L’autre – le KKE canal historique – est restée figée dans un dogmatisme qui lui fait dire aujourd’hui que Syriza c’est la même chose que la droite – ou pire. Si bien que, au 2e tour des élections locales, l’an passé, Syriza a fait voter pour le KKE, arrivé en tête du 1er tour à Patras, alors que le KKE a préféré voir le maire sortant, appuyé par la droite et le PASOK, rester en place à Athènes plutôt que de faire voter Syriza.

Ce 11 juin, à mon départ d’Athènes, le KKE avait déployé sur la façade du ministère de l’Économie, place Syntagma, face au Parlement, une immense toile représentant Papandréou, frappé d’un « Mémorandum 1 », Samaras, frappé d’un « mémorandum 2 », et Tsipras, frappé d’un « mémorandum 3 ». Ce 11 juin, dans les rues de Patras, maire en tête, le KKE défilait contre les concessions du gouvernement Syriza/Grecs indépendants. Alors que, à ma connaissance, le gouvernement Tsipras n’a toujours pas cédé. Mais si, par malheur, il venait à céder, le KKE d’un côté et Aube dorée de l’autre, sont en embuscade ; car la mise ne sera ramassée, j’en suis sûr, ni par la droite et son appendice socialiste déconsidérés, ni par Potami, le parti fantoche des oligarques des médias que Bruxelles a sans doute financé et dont on rêve, chez les oligarques européens, qu’il devienne le partenaire de coalition des « réalistes » – au sens germano-eurolâtre – d’un Syriza qui aurait éclaté.

Puis, le 12, après avoir passé une journée avec Georgia, son mari et ses fils qui m’ont reçu chez eux avec une incroyable gentillesse, et m’ont fait voir leur ville, nous sommes arrivés au café où avait lieu la présentation préparée par Géraldine et son équipe. Ébahi ! car il y avait là une bonne centaine de personnes.

Vanghélis Politis, professeur de géographie à l’Université de Patras, une des meilleures du monde, m’a présenté, mes romans, mon rapport à la Grèce. Vanghélis connaît tout le monde à Patras et il a beaucoup fait pour le succès de cette soirée ; nous nous sommes tout de suite entendus et nous sommes d’accord sur bien des choses. Et puis l’avocat et historien Christos Moulias a exposé avec une grande cordialité et l’acuité d’un regard grec d’érudit les grandes lignes de ma trilogie.

Quant à moi, on m’avait demandé de commencer le quatrième tome en parlant de ce qui s’est produit depuis la sortie des trois premiers à l’automne 2013. Exercice périlleux et qui, je pense, n’a pas dû mécontenter celui des trois députés Syriza d’Achaïe qui est venu assister à cette soirée. Il avait peu avant déclaré qu’il refuserait de voter, au Parlement, un nouveau paquet de mesures, fût-il présenté par le gouvernement qu’il soutient, qui serait contraire aux engagements qu’il a pris devant ses électeurs.

Voilà, il est 21h00 passé ; le front nuageux n’a, semble-t-il, fait que passer, le ciel est redevenu clair. La nuit tombe. Les nuits sans lune, sur le balcon d’Emborio sont une pure merveille. Pas d’éclairages artificiels alentour, la voie lactée, les myriades d’étoiles qui trouent l’obscurité que laisse Apollon derrière lui en s’embarquant pour faire le tour du monde et reparaître demain à l’Orient, les étoiles filantes – toujours le même vœu, cette année, mais je ne vous dirai pas lequel.