"Européisme et nazisme" : une analyse essentielle de Panagiotis Grigoriou, sur son indispensable blog (aidez-le si vous le pouvez)...

Avec de troublantes coïncidences, relevées grâce au grand historien Mark Mazower, entre les discours allemands sur la Grèce d'hier et d'aujourd'hui. Pour ce qui est de la nature de la construction européenne, j'ai justement commencé une conférence sur l'Europe, la semaine dernière, en relevant combien la rhétorique européiste était au coeur même du nazisme (face au bolchévisme asiatique, au judaïsme oriental, au cosmopolitisme...), comme d'ailleurs au coeur de la propagande vichyste pour qui il s'agissait, comme pour les eurolâtres aujourd'hui, de gagner la "place de la France dans la nouvelle Europe".

On y lit notamment, sous la plume de Goering évoquant une “Europe unifiée sous la direction de l'Allemagne (...) certainement unie en l'an 2000, celle des enfants de nos enfants, à un moment futur, où cette guerre ne sera qu'un lointain souvenir”, à propos de la famine de l'hiver 1941-1942 : “Nous ne devons pas nous faire du souci pour les Grecs. D'autres après eux seront touchés par le même phénomène.”, déclarait alors Hermann Göring au printemps 1942. Et la presse allemande du moment en rajoutait: “Est-ce vraiment nécessaire de gaspiller les vivres destinés aux forces de l’Axe pour maintenir en vie les habitants des villes grecques ? Sachant alors, que ces gens sont plutôt des voleurs, des trafiquants, des contrebandiers, des entremetteurs et des oisifs”. Ou encore, “Il faut encore voir jusqu'où iront-elles les forces de l'Axe, si durablement éprouvées dans leur lutte, s’agissant de nourrir en Grèce, une population de quelques millions de fainéants.”

Tout cela pour dire que l'Europe n'est pas une chose bonne "en soi" et que le refus de l'Europe actuelle n'est pas l'expression d'un "repli" ou d'un refus d'ouverture au monde - ce peut même être exactement le contraire.