Temps médiatique où rien ne compte plus que l'immédiat et le chiffre d'affaire en audience ou en papier vendu ; plus aucune hiérarchisation de l'information - dont se gargarisent tous les chiens de garde qui se prétendent indispensables à la démocratie alors qu'ils passent leur temps soit à désinformer soit à remplir le temps et l'espace dont ils disposent par des faits divers, en l'occurrence produits par le système même de la télé de mrd à la mode dite "réalité" ; dictature de l'émotionnel - rien ne compte plus que de faire pleurer Margot pour l'empêcher de réfléchir, règne du faux compassionnel pour les beaux, riches et célèbres enlevés dans la fleur de l'âge alors qu'on passe son temps à cracher sur les "assistés" tout en se gorgeant d'argent public (je recommande la lecture que je viens de terminer de Sébastien Fontenelle, ''Editocrates sous perfusion, les aides publiques à la presse, trente ans de gabegie'', Libertalia, 2014) et à ignorer ceux qui meurent chaque jour de l'Europe néolibérale. Ceux qui mourront le la suppression des milliers de postes dans les hôpitaux annoncée hier. Mais ceux-là mourront en silence, dans l'embrasure d'une porte cochère où la salle d'attente d'un service d'urgences engorgé - pas en hélicoptère et à la télé.

Ces trois morts, victimes des tares d'un système médiatique qui a renoncé à toute ambition culturelle, éducative, de distraction intelligente et qui assure le triomphe de la bêtise, de la mise en danger, pour rien, des pauvres vedettes qui se prêtent à la décadence macabre de ce système qui ne respecte plus rien, devraient interroger sur ce qu'est devenue la télévision en dictature libérale reposant sur le décervellement général ; ils ne provoqueront bien sûr que du rabâchage sensationnaliste, de l'exhibitionnisme et de la surenchère faussement compassionnelle. Surtout pas le début d'une ébauche de réflexion sur le système qui les a tués, eux et les autres morts de cet accident - ces morts de seconde zone, passés par pertes et profits, qui n'auront d'existence que par leur nombre puisqu'ils ne sont pas "remarquables".

Ainsi vont nos médias dominants qui, d'imposture en ignominie, ont perdu tout honneur et toute crédibilité. Dégoût.