Nigel Farage, leader de l'UKIP, parti souverainiste du Royaume-Uni, où l'on sait, plus que nulle part ailleurs sur cette planète ce qu'est un vrai Parlement et ce qu'est une assemblée de zombies comme celle de Strasbourg, est intervenu sur les élections grecques, et sur la déclaration du grand évadeur fiscal Jean-Claude Juncker qui restera dans les annales de ce dernier avatar du totalitarisme - l'Europe néolibérale qui a vidé la démocratie de tout contenu tout en maintenant les seules apparences de la démocratie : " il n'y a pas de choix démocratique en dehors des traités européens". C'est-à-dire on garde le rite électoral, mais il hors de question que les résultats de ce rite change quoi que ce soit à la politique suivie. C'est-à-dire il n'y a plus de démocratie.

Ce que Hollande a répété sous la forme "motion de synthèse d'un congrès socialiste truqué" dans sa récente conférence de presse : "je suis de gauche, mais je suis Européen et l'Europe n'est pas de gauche". C'est-à-dire que je fais primer dans les faits, les politiques de droite européennes sur le discours de gauche que je tiens à l'électorat français pour me faire élire tout en sachant qu'ensuite je mènerai la politique de droite que suppose l'appartenance à l'Europe qui prime sur mes préférences.

Dans les deux cas, cela signifie que nous ne sommes plus en démocratie, nous sommes en Europe anti-démocratique.

On dirait d'ailleurs que les langues commencent à se délier sur ce sujet (même dans Libération, l'organe de Quatremer, c'est dire !!!) : "La Raison délirante de l'Europe, un nouveau fascisme mou ?" demande le professeur belge de théorie du droit Laurent de Sutter, dans une lumineuse tribune du 10 février.

Farage est de droite, et je ne partage pas ses options politiques et sociales, mais Farage a mille fois raison. Et c'est la raison pour laquelle Syriza a choisi les Grecs indépendants comme partenaire de coalition : la seule question qui compte aujourd'hui c'est de savoir si nous voulons rétablir la démocratie confisquée par ce qu'il est convenu d'appeler l'Europe ou si nous nous résignons à la disparition de la démocratie au nom de ce que les oligarques européens et leurs chiens de garde médiatiques désignent sous le nom d'Europe et qui n'est qu'un ensemble de traités scélérats qui privent les peuples de la faculté de choisir librement leur destin.

Bien sûr les beaux esprits et les grandes âmes me diront d'un air pincé pincé que Kamménos - ou Farage - a une drôle de personnalité, caractériel, excessif, imprévisible, grande gueule...

Oui mais voilà, il a une personnalité - contrairement aux zombies européens.

L'histoire, dans les moments comme celui que nous vivons ne se fait pas avec des zombies, les zombies subissent et obéissent.

Tsipras, varoufakis, Zoe Kontantopoulou, Kamménos, toute l'équipe au pouvoir à Athènes passent aujourd'hui pour caractériel, imprévisibles, simplement parce qu'ils ont du caractère, de la volonté. Simplement parce qu'ils veulent faire et non subir ou s'arranger.

De Gaulle aussi était un caractériel, cyclothymique de surcroît, et Churchill - pour le meilleur, ou en Grèce pour le pire - était loin d'être net !

L'important à mes yeux aujourd'hui, c'est d'avoir des hommes politiques qui vivent, vibrent veulent et ne s'écrasent pas devant la première fausse fatalité venue.

Le refus de la disparition de la démocratie par l'Europe, le rétablissement de la démocratie en Europe sont aujourd'hui les seules questions qui comptent et elle devrait rassembler aujourd'hui tous les démocrates, quelles que soient par ailleurs leurs options économiques et sociales.

Le débat politique normal sur ces options-là reprendra ensuite. Comme ce fut le cas après la guerre entre les résistants d'opinions différentes qui avaient combattu ensemble contre l'inacceptable.

C'est de salut public face à l'Europe dont nous devrions seulement parler aujourd'hui. Le reste, dans le moment présent, est accessoire.