"La BCE a annoncé ce mercredi soir qu'elle cessait d'accepter les titres grecs comme collatéraux. Le système bancaire grec n'est désormais relié à la zone euro que par le programme d'accès à la liquidité d'urgence qui est soumis à un accord avec les créanciers d'ici au 1er mars", annonce-t-on ce soir.

Tous les Bisounours qui n'ont pas encore compris ce qu'a dit Juncker - il n'y a plus de démocratie en dehors des traités - et qui pensaient encore que l'Europe est encore compatible avec la démocratie, que Merkel transigerait et que le "bon sens" l'emporterait, ne pourront plus s'illusionner longtemps : il va falloir maintenant choisir : la démocratie ou ce qu'il est convenu d'appeler l'Europe.

L'Europe ne peut pas tolérer une victoire de la démocratie : concéder quoi que ce soit à la Grèce signifierait reconnaître qu'on s'est trompé depuis trente ans et accepter la remise en cause du système qui a été bâti pour priver les peuples de leur souveraineté. Il n'y a jamais eu d'autre solution que la destruction de l'euro ou la soumission au système dont l'euro est l'instrument.

Nous arrivons au moment de vérité : les oligarques ont déclaré la guerre à un peuple, ce peuple s'est démocratiquement insurgé le 25 janvier dernier. Le gouvernement issu de cette insurrection démocratique n'a plus qu'un choix : sortir de l'euro, ce qui entraînera sans doute la fin à plus ou moins long terme et par un effet domino plus ou moins rapide, de cette monnaie imbécile et criminelle qui nous étouffe depuis la fixation des critères dits de convergence du traité de Maastricht de 1992, ou bien capituler.

Je n'ai jamais eu le moindre doute, et je l'ai écrit ici maintes fois, sur le fait que ce moment adviendrait et que ce serait dur, probablement chaotique, mais qu'il n'y avait pas d'autre solution qu'une sortie de l'euro, que c'était la condition non suffisante, mais nécessaire, d'une sortie de l'étau ; j'ai exprimé ici, plusieurs fois, avant et après les élections, mes doutes sur la conscience que les hommes au pouvoir aujourd'hui à Athènes avaient ou non de l'inéluctabilité de ce moment ; j'ai exprimé mon espoir qu'ils avaient envisagé et s'étaient préparés à cette option.

Ils ne pouvaient pas ignorer qu'on en arriverait là avec ce qu'ils ont fait depuis 10 jours. S'ils l'ont ignoré, s'ils ne se sont pas préparés, s'ils pensaient un accommodement possible, ce sont des rigolos et ils capituleront. Dès lors ils sont politiquement morts. Mais je ne pense pas que ce soient des rigolos...

Nous ne tarderons plus à savoir.