Syriza est désormais L'ENNEMI. S'ils ne se plantent pas, c'est l'ensemble de l'édifice idéologique bâti au nom de et par ce qu'il est convenu d'appeler l'Europe qui s'effondre : le "There is no alternative" de Thatcher. Imaginer qu'il y aura autre chose qu'une guerre sans merci, c'est croire aux Bisounours ou à la marmotte qui met le chocolat dans le papier.

Aucune calomnie ne sera épargnée (les "gaullistes" Grecs indépendants, qui siègent à Strasbourg avec les conservateurs britanniques, dont chacun sait qu'ils sont des dangers pour la démocratie... transformés en dangereux nationaux-populistes, l'irresponsabilité, la collusion supposée avec le diable Poutine..., le tout colporté, aussi, par les idiots utiles de la "gauche" prétendument morale et réellement eurolâtre) : les grandes orgues de la propagande vont jouer sur tous les tons du mensonge et de la diffamation.

Ce qu'il est convenu d'appeler l'Europe est un édifice de nature totalitaire, fondé sur le présupposé que la seule politique possible est celle qui est inscrite dans les traités - ce qu'a rappelé cette semaine Juncker : pas de démocratie hors du cadre des traités... qui, justement, sortent les politiques économiques du champ de la démocratie. Elle a gardé l'apparence de la démocratie parce que c'est plus pratique, mais elle a vidé le vote de tout contenu en le réduisant à un concours de beauté ne pouvant revenir qu'à désigner celui qui conduira cette politique unique.

Le déchaînement de l'oligarchie au pouvoir et des chiens de garde des médias, ou de 90 % d'entre eux, était donc à la fois inévitable et prévisible dès lors que le vote grec ne portait plus sur le visage de qui mènerait la politique dictée à Berlin et Bruxelles, mais sur le choix d'une politique alternative à celle-là. S'imaginer que Merkel ou Juncker, ou quiconque d'autre dans la nomenklatura pourrait adopter une autre position, relève de l'illusion.

Il est remarquable, à cet égard, que les critiques les plus dures, après celles de l'Allemagne et des Baltes, viennent de Madrid et de Lisbonne, car évidemment, les gouvernement collabos de ces deux capitales seraient confrontés, si Athènes obtenait aujourd'hui quoi que ce soit, à l'embarrassante question : mais alors, pourquoi avez-vous capitulé avant de combattre, pourquoi nous avez-vous infligé la politique stupide et criminelle que vous nous avez infligée, au nom et par l'Europe, s'il y avait une autre voie possible ?

Dès aujourd'hui, pour la nomenklatura qui, depuis Jean Monnet, a vu dans l'Europe l'occasion rêvée de vider la démocratie de tout contenu, le gouvernement d'Athènes est donc L'ENNEMI.

Qu'on ne s'y trompe pas, la seule question qui vaille est aujourd'hui celle de la récupération par les peuples européens de la souveraineté qui leur a été confisquée, par et au nom de l'Europe. C'est une guerre qui a commencé il y a une semaine à Athènes, pas la guerre de tous contre tous (du salarié du privé contre le fonctionnaire, de celui qui travaille contre les assistés, de la main d'oeuvre à bas coût contre les travailleurs protégés sommés de renoncer à leurs "privilèges" pour devenir "compétitifs"...) au seul profit des puissances d'argent, c'est la guerre des peuples européens contre une "Europe" de l'oligarchie qui ne peut être ni réformée ni amendée parce qu'elle a été conçue, précisément, pour servir à quoi elle sert : le démontage de l'Etat social et la transformation de la démocratie en coquille vide.