Ou les sondages l'avaient - volontairement ou non - minimisée. Mais, comme je le pensais et comme je l'ai écrit, c'est tout de même un peu juste pour la majorité absolue - à deux sièges près ; comme je le pensais et comme je l'ai écrit, un accord de coalition a été rapidement conclu avec les souverainistes du mouvement des Grecs indépendants.

Pour ma part, je pense depuis 2012 et (serais ravi si ça se passe) que les Grecs indépendants, souverainistes de droite, sont les partenaires naturels de Syriza pour le bras de fer avec "l'Europe" et je me réjouirais qu'ils obtiennent l'Intérieur ou la Défense - ça tempérera aussi l'irénisme de certains Syrizistes vis-à-vis de la Turquie et de l'immigration. Ca couvrira Syriza sur sa droite dans la police et l'armée et ça lui donnera plus de force face aux nomenklaturistes européens.

En fait je trouve que la configuration est optimale. Avec un Syriza aussi près de la majorité, Kaménos, le chef des Grecs indépendants, n'a pas les moyens de faire monter les enchères, et sait que Tsipras peut débaucher quelques brebis ailleurs pour avoir - dans l'immédiat - les sièges qu'il lui faut. Deux sièges à trouver ce n'est pas dix !

Mais Tsipras doit aussi compter avec les futures défections d'ex-Pasok de son parti, s'il va à l'épreuve de force européenne (qu'il en ait l'attention non avouée en campagne ou que l'autisme de Merkel l'y force) ce sera nettement plus confortable d'avoir les Grecs indépendants dedans plutôt que dehors.

Et ce sera une autre version de l'Union nationale - de Résistance - que l'Union nationale de capitulation de la ND/PASOK, du PD-Forza/talia ou du PS/UDI/UMP. Quant à dire que Syriza et les Grecs indépendants ne sont pas d'accord sur tout... c'est évident ! Mais voilà, en démocratie, quand on ne peut pas gouverner seul, on gouverne avec qui est le moins éloigné de vous sur les questions essentielles du moment. La question essentielle du moment est la Résistance au gouvernement colonial de l'Union européenne et rien d'autre. Et pour cela, les Grecs indépendants sont le meilleur allié de Syriza. De Gaulle et les communistes n'étaient pas d'accord sur tout en 1944, et les communistes ont siégé dans un gouvernement de Gaulle.

Les contacts sont déjà engagés depuis longtemps, le non ralliement de la plupart des Grecs indépendants à la candidature présidentielle de la ND a été uns condition essentielle du déclenchement du processus électoral qui a aboutit hier et Panos Kaménos avait même fait connaître publiquement ses conditions est le premier à rencontrer Alexis Tsipras ce matin. L'alliance n'est donc nullement une surprise. Elle a été préparée, négociée sans doute de longue date ; ne restait sans doute plus qu'à la finaliser en fonction du rapport de force exact sorti des urnes.

Dans ma région, le Dodécanèse, Syriza décroche 4 des 5 sièges avec 33,2 % et mon île, Nisyros, n'y est pas pour rien puisque elle est celle de la région qui a donné le plus fort score à Syriza (devant Kos : 38,8% ; Léros : 35 ; Rhodes : 33,4 ; Symi: 32,7 ; Tilos : 30,8 ; les autres ont mis la ND en tête). Bravo les Nisyriotes ! Et voici les résultats complets de mon île

Syriza 40,1 % ND 19,6 Grecs indépendants (souverainistes) : 19,1 soit 59,2% pour l'éventuelle coalition à venir PASOK (sociaux-traîtres) : 6,66... le chiffre du diable ! KKE (communistes bornés) : 3,66 Aube dorée (néonazis) : 3,16 Potami (Centre gauche collabo) : 2,16 Antarsya (extr gauche) 1,5 Papandréistes scissionnistes du PASOK 1 3 autres 1,5 ; 0,83 ; 0,33

Hier fut donc pour moi, en même temps que pour les Grecs - mes amis auxquels je pense et les autres - fut une belle journée. Une belle journée, une belle victoire de la dignité, de la Résistance, de l'espoir.

Maintenant, tout commence et rien ne sera simple. Mais avant d'affronter les difficultés qui seront terribles et nombreuses, on a bien le droit de se réjouir, sans retenue, sans restrictions, devant un pareil acte de liberté, de courage collectif, de démocratie, devant ce NON à la bêtise criminelle et sans issue du gouvernement oligarchique euro-allemand qui a martyrisé ce peuple, et d'autres, depuis cinq ans.

Hier fut un jour de Libération. Une Libération n'est pas un achèvement, c'est un commencement.