La traduction est de nouveau empruntée à Stathis Kouvelakis, qui précise, dans son commentaire sur Facebook, : c'est avec ces paroles qu'Alexis Tsipras a terminé, de façon largement improvisée, son dernier discours de campagne, à Héraklion en Crète.

"La Grèce c’est avant tout les hommes et femmes qui la font. Comme nous l’a souvent dit notre cher Manolis Glezos: « entendez-vous ce bruit ? C’est l’Histoire qui frappe à notre porte » ! Je vous appelle toutes et tous aujourd’hui à ouvrir cette porte pour que passent les luttes, les rêves, la justice, la dignité.

Un peuple qui s’est battu pendant cinq ans avec les fauves, un peuple qui est passé par le fer et par le feu à plusieurs reprises au cours de son histoire, un peuple qui n’a pas plié est un peuple qui sait livrer des combats et qui sait comment vaincre. Et il vaincra !

Je vous appelle à mener ensemble le combat jusqu’au bout ! Je suis certain que nous l’emporterons. Avec courage, avec confiance en nous ! « La liberté exige de la vertu et de l’audace » paroles du poète Andreas Kalvos, 1792-1869, nous allons la conquérir ! Nous vaincrons ! Dimanche nous ferons l’Histoire !"

Pour mémoire, Manolis Glézos, élu député européen Syriza en mai dernier, est né en 1922. Le 30 mai 1941, avec son compagnon Lakis Sandas, il décroche du mât de l'Acropole la croix gammée qui y flotte depuis le 27 avril. Résistant, arrêté et torturé par les Allemands puis par les Italiens, il devient directeur du quotidien communiste, Rizospastis, puis est condamné à mort, en 1948 et en 1949, par le régime autoritaire et monarchique installé par les Anglais puis soutenu à bout de bras par les Américains, le procureur lui reprocher d’avoir, par son geste de 1941, d'avoir augmenté « les difficultés du peuple grec ». Il est sauvé par une mobilisation internationale à laquelle se joint le général de Gaulle qui écrit au roi de Grèce pour demander sa grâce. Elu député de la Gauche unifié en 1951 alors qu'il est toujours emprisonné, il est libéré en 1954 après une grève de la faim, réemprisonné en 1958 sous accusation d'espionnage, libéré en 1962, arrêté le 21 avril 1967 par les Colonels qui s'emparent du pouvoir, emprisonné puis placé en résidence surveillée jusqu'en 1974. Député PASOK (socialiste) de 1981 à 1986, il rejoint le Synaspismos, ancêtre de Syriza, dont il conduit la liste nationale en 2000. Cofondateur de Syriza (coalition de partis jusqu'à l'unification de 2014 en parti unitaire), à la tête du mouvement "citoyens actifs", il est au premier rang de toutes les manifestations contre la politique euro-allemande à partir de 2009. Malmené et gazé par la police à plusieurs reprises, il doit être hospitalisé plusieurs jours en 2010. Infatigable résistant, à 92 ans, il oppose au discours "moral" de Merkel et consort sur la dette, le défaut allemand sur ses dettes à l'égard de la Grèce, grâce à l'astuce du chancelier Kohl lors du traité de réunification, sur l'indemnisation des victimes grecques de la terreur allemande entre 1941 et 1944, et le non remboursement de l’emprunt forcé contracté par la Banque de Grèce pour couvrir les frais d’occupation et l’approvisionnement de l’Afrikakorps.