Comme Jacques Sapir, je ne suis pas certain que le QE annoncé par Draghi (et qui ne servira de toute façon à rien : c'était il y a cinq ans qu'il fallait le faire !) mais repoussé à fin mars aura lieu. Coup de bluff à l'approche des élections grecques pour limiter les dégâts électoraux ?

Il est d'ailleurs savoureux d'entendre tous les journalistes et experts économiques en peau de lapin qui, depuis cinq ans, expliquent qu'un rachat de la dette des Etats par la BCE est impossible et serait désastreux, chanter soudain les louanges de Mario Draghi. Comme d'entendre les mêmes qui, depuis trente ans, chantent les louanges d'une "monnaie forte" et nient son effet d'asphyxie sur les économies européennes se féliciter soudains de la providentielle baisse de l'euro. Grâce aux Grecs et à Syriza !!! Mais gaffe ! parce que si les Grecs sortent, de gré ou de force, de l'euro, sa violente et immédiate réévaluation forcera rapidement l'Italie, l'Espagne, le Portugal... la France, et d'autres, à en sortir en catastrophe.

En attendant, le gouverneur de la Bundesbank s'est violemment à ce QE. Et il n'a pas rendu les armes ; la fureur de Merkel à Davos était évidente et cette photo de l'autiste Schaüble est tout aussi parlante.

Cour européenne de justice, Tribunal constitutionnel allemand... le QE de Draghi pourrait bien être la dernière étape avant l'explosion d'un euro qui joue à l'avantage exclusif de l'Allemagne, enrichit les riches et appauvrit les pauvres, mais pour lequel l'Allemagne refuse les transferts financiers (électoralement impossibles à faire accepter) qui sont indispensables à sa survie.

La CDU est désormais coincée par l'Alternative für Deutschland favorable à la sortie de l'euro. Merkel ne veut pas (encore ?) porter la responsabilité de l'éclatement de l'euro devant ses partenaires. Ma conviction, c'est qu'elle n'attend plus que le prétexte (QE, "réformes" insuffisantes en France, en Italie..., victoire de Syriza en Grèce) pour en faire porter la responsabilité à d'autres.

Et ce jour-là, soyez certain que les marks seront prêts à circuler. Pas les francs car l'aveuglement euro-allemand de notre nomenklatura l'aura empêché de même envisager cette hypothèse.