OD

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

samedi 24 janvier 2015

Tsipras : dernier meeting à Héraklion (Crète)

La traduction est de nouveau empruntée à Stathis Kouvelakis, qui précise, dans son commentaire sur Facebook, : c'est avec ces paroles qu'Alexis Tsipras a terminé, de façon largement improvisée, son dernier discours de campagne, à Héraklion en Crète.

"La Grèce c’est avant tout les hommes et femmes qui la font. Comme nous l’a souvent dit notre cher Manolis Glezos: « entendez-vous ce bruit ? C’est l’Histoire qui frappe à notre porte » ! Je vous appelle toutes et tous aujourd’hui à ouvrir cette porte pour que passent les luttes, les rêves, la justice, la dignité.

Un peuple qui s’est battu pendant cinq ans avec les fauves, un peuple qui est passé par le fer et par le feu à plusieurs reprises au cours de son histoire, un peuple qui n’a pas plié est un peuple qui sait livrer des combats et qui sait comment vaincre. Et il vaincra !

Je vous appelle à mener ensemble le combat jusqu’au bout ! Je suis certain que nous l’emporterons. Avec courage, avec confiance en nous ! « La liberté exige de la vertu et de l’audace » paroles du poète Andreas Kalvos, 1792-1869, nous allons la conquérir ! Nous vaincrons ! Dimanche nous ferons l’Histoire !"

Pour mémoire, Manolis Glézos, élu député européen Syriza en mai dernier, est né en 1922. Le 30 mai 1941, avec son compagnon Lakis Sandas, il décroche du mât de l'Acropole la croix gammée qui y flotte depuis le 27 avril. Résistant, arrêté et torturé par les Allemands puis par les Italiens, il devient directeur du quotidien communiste, Rizospastis, puis est condamné à mort, en 1948 et en 1949, par le régime autoritaire et monarchique installé par les Anglais puis soutenu à bout de bras par les Américains, le procureur lui reprocher d’avoir, par son geste de 1941, d'avoir augmenté « les difficultés du peuple grec ». Il est sauvé par une mobilisation internationale à laquelle se joint le général de Gaulle qui écrit au roi de Grèce pour demander sa grâce. Elu député de la Gauche unifié en 1951 alors qu'il est toujours emprisonné, il est libéré en 1954 après une grève de la faim, réemprisonné en 1958 sous accusation d'espionnage, libéré en 1962, arrêté le 21 avril 1967 par les Colonels qui s'emparent du pouvoir, emprisonné puis placé en résidence surveillée jusqu'en 1974. Député PASOK (socialiste) de 1981 à 1986, il rejoint le Synaspismos, ancêtre de Syriza, dont il conduit la liste nationale en 2000. Cofondateur de Syriza (coalition de partis jusqu'à l'unification de 2014 en parti unitaire), à la tête du mouvement "citoyens actifs", il est au premier rang de toutes les manifestations contre la politique euro-allemande à partir de 2009. Malmené et gazé par la police à plusieurs reprises, il doit être hospitalisé plusieurs jours en 2010. Infatigable résistant, à 92 ans, il oppose au discours "moral" de Merkel et consort sur la dette, le défaut allemand sur ses dettes à l'égard de la Grèce, grâce à l'astuce du chancelier Kohl lors du traité de réunification, sur l'indemnisation des victimes grecques de la terreur allemande entre 1941 et 1944, et le non remboursement de l’emprunt forcé contracté par la Banque de Grèce pour couvrir les frais d’occupation et l’approvisionnement de l’Afrikakorps.

Le QE de Draghi... un coup de bazooka dans l'eau

Comme Jacques Sapir, je ne suis pas certain que le QE annoncé par Draghi (et qui ne servira de toute façon à rien : c'était il y a cinq ans qu'il fallait le faire !) mais repoussé à fin mars aura lieu. Coup de bluff à l'approche des élections grecques pour limiter les dégâts électoraux ?

Il est d'ailleurs savoureux d'entendre tous les journalistes et experts économiques en peau de lapin qui, depuis cinq ans, expliquent qu'un rachat de la dette des Etats par la BCE est impossible et serait désastreux, chanter soudain les louanges de Mario Draghi. Comme d'entendre les mêmes qui, depuis trente ans, chantent les louanges d'une "monnaie forte" et nient son effet d'asphyxie sur les économies européennes se féliciter soudains de la providentielle baisse de l'euro. Grâce aux Grecs et à Syriza !!! Mais gaffe ! parce que si les Grecs sortent, de gré ou de force, de l'euro, sa violente et immédiate réévaluation forcera rapidement l'Italie, l'Espagne, le Portugal... la France, et d'autres, à en sortir en catastrophe.

En attendant, le gouverneur de la Bundesbank s'est violemment à ce QE. Et il n'a pas rendu les armes ; la fureur de Merkel à Davos était évidente et cette photo de l'autiste Schaüble est tout aussi parlante.

Cour européenne de justice, Tribunal constitutionnel allemand... le QE de Draghi pourrait bien être la dernière étape avant l'explosion d'un euro qui joue à l'avantage exclusif de l'Allemagne, enrichit les riches et appauvrit les pauvres, mais pour lequel l'Allemagne refuse les transferts financiers (électoralement impossibles à faire accepter) qui sont indispensables à sa survie.

La CDU est désormais coincée par l'Alternative für Deutschland favorable à la sortie de l'euro. Merkel ne veut pas (encore ?) porter la responsabilité de l'éclatement de l'euro devant ses partenaires. Ma conviction, c'est qu'elle n'attend plus que le prétexte (QE, "réformes" insuffisantes en France, en Italie..., victoire de Syriza en Grèce) pour en faire porter la responsabilité à d'autres.

Et ce jour-là, soyez certain que les marks seront prêts à circuler. Pas les francs car l'aveuglement euro-allemand de notre nomenklatura l'aura empêché de même envisager cette hypothèse.