Le sondage avec l'échantillon le plus large pour les élections de dimanche, par l'équipe qui était tombée le plus juste lors des deux scrutins de 2012, vient d'être publié.

Ce qui disent tous les sondages depuis dix jours, c'est avant tout que l'écart se creuse au profit de Syriza, et là on arrive aux 10 %. Si cela se confirmait ce ne serait plus une victoire, mais un triomphe. Est-ce suffisant pour obtenir une majorité absolue ? Je l'espère.

Hier soir, le grand meeting Syriza d'Omonia, le coeur populaire d'Athènes, a vu un moment extraordinaire d'émotion - de beauté, j'en ai eu la chair de poule : intervention en grec de Pablo Iglésias se terminant par le slogan, repris par la foule : Syriza-Podemos Vinceremos ! Nous prendrons d'abord Athènes puis Madrid. Et la foule chantant Bella Ciao... Une Autre Europe, celle des peuples, pas des nomenklaturistes rances allant faire hommage au Capital à Davos ou de Draghi annonçant hier ce qu'il aurait fallu faire il y a cinq ans et qui ne servira plus à rien aujourd'hui... provoquant ainsi l'ire et les foudres mal contenus de la surveillante en chef du camp de détention néolibéral (pour ne pas dire de concentration et me faire traiter, une fois de plus, d'anti-germain) qu'est devenue l'Union européenne et du Quartier de Haute sécurité de l'eurozone.

Espérons ! Et que le vent de liberté, de dignité, de justice qui se lève en Grèce forcisse assez pour venir balayer, un jour, les miasmes de Paris.

Contraste saisissant avec l'apparition de Rajoy au côté de Samaras il y a une semaine : tellement ternes, ringards, en plus de leur suffisance, de leur cruauté - notre politique échoue, elle tue, mais on continue, pour l'Europe ! -, de leur incompétence et, maintenant, de leur aphasie. Car ils n'ont plus rien à dire... que la trouille : c'est leur seul argument. La vieille politique dont nous crevons, celle des Merkel, Hollande, des gnomes de Bruxelles, est en train de prendre un méchant coup de vieux à Athènes, un sérieux direct dans les gencives déchaussées du conservatisme et de la sociale-démocratie qui a trahi tous ses idéaux, communiant dans la même célébration ridicule et vide d'une Europe moribonde et du néolibéralisme.

L'espoir arrive ! dit le slogan de Syriza.

Il est clair qu'il monte en Grèce. Reste à espérer qu'il se concrétise dans les urnes dimanche, que la vague se transforme en déferlante, en tsunami, défasse les collabos de l'Ordre euro-allemand et les laisse KO, à poil sur la grève, qu'elle donne à Syriza la légitimité nécessaire, claire, massive pour construire les indispensables ruptures, affronter les épreuves qu'elles généreront, mobiliser ce peuple admirable, fier, martyrisé par la bêtise eurogermanolibérale depuis cinq ans, enfin, dans un projet d'avenir pour sortir de la spirale de la paupérisation, du désespoir, de l'humiliation, de la soumission aux gnomes de Bruxelles et aux kapos de Berlin, balayer aussi les fausses prudences de ceux qui, à l'intérieur de Syriza, prêchent la "modération" et voudraient bien que tout change pour que presque tout reste comme avant.

Mais il n'y a pas tant de moments dans l'histoire où l'espoir renaît alors dimanche soir, si le peuple grec est au rendez-vous de l'histoire et de l'espoir, on profitera de ce moment, on savourera sa joie - quelques soient les interrogations sur l'avenir et les difficultés du lendemain.