L'avion de Margerie s'écrase à Moscou à cause d'une déneigeuse conduite par un prolo sans doute ivre. Carambolage d'un des maîtres du monde et d'un alcolo... sans dents - l'actualité est parfois d'une ironie grinçante et on regrette de ne plus avoir d'Hara Kiri qui nous en aurait fait une couverture de légende...

La succession est donc ouverte à Total. Suspense insoutenable ! Mais de toute façon, Margerie ou un autre, peu importe. Tous les crocodiles se valent dans ce marigot-là et quel que soit le successeur sa politique sera la même que celle de Margerie : payer le minimum d'impôts pour verser le maximum aux actionnaires.

Les seules questions à poser à l'occasion de cet événement sans importance, sauf pour la famille de ce monsieur, sont :

1 / Pourquoi Elf et la Française des pétroles, issue de la confiscation des parts allemandes de la Turkish Petroleum après la première guerre mondiale et dont est issue Total, ont-ils été bradés au privé ?

2/ Comment peut-on parler sans rire de transition énergétique, de réduction des émissions de gaz à effet de serre après avoir bradé au privé un pareil géant du pétrole qui agit, depuis, seulement en fonction des intérêts de ses actionnaires et se contrefout de l'intérêt général ?

3/ Comment peut-on prétendre mener une quelconque politique énergétique sérieuse sans nationalisation - ne donnant lieu à aucune indemnisation, la privatisation ayant constitué une spoliation du bien commun et de ses bénéfices - de Total ?

Faute d'y répondre, tous les médias sont noyés sous le déluge d'éloges qui doit suivre désormais tout puissant, fût-il la pire des crapules, dans la tombe, afin de montrer aux sans-dents combien les puissants sont gentils et surtout dévoués au bien public. Il est drôle, d'ailleurs, que ce concert fasse silence sur l'opposition du défunt à l'imbécile politique européenne à l'égard de la Russie - célébrée par tous ceux qui célèbrent Margerie, il est vrai que nos "élites" politico-journaleuses n'en sont plus, depuis longtemps, à une inconséquence près. En tout cas, dans ce bal des faux-culs, la palme revient à Mme Vallaud-Belkacem dont l'émouvant panégyrique précise que le grand homme (un grand patriote, selon Moscovici qui arrive second dans la course, battu d'une courte encolure par Mme Vallaud-Belkacem) donnait volontiers quelques sous pour "soutenir des initiatives de la jeunesse"...

Ben comment donc ! Total ayant poussé l'optimisation fiscale - patriotique à la Moscovici - jusqu'à ne pas payer un centime d'impôt sur les sociétés en France, il aurait eu mauvaise grâce à ne pas participer aux bonnes oeuvres de Mme Vallaud-Belkacem.

C'est comme Hollande léchant les bottes, hier soir, de Bernard Arnaud qui a construit son empire sur l'argent public du "sauvetage" de Boussac qu'il s'est empressé de dépecer en mettant des milliers de gens sur le carreau : ce cher monsieur Arnaud, un bienfaiteur désintéressé qui se délocalise fiscalement et qui permet de faire quelques pas de plus dans la privatisation de la culture.

Ils sont comme ça nos "socialistes", ils révèrent les bandits qui volent l'Etat et la Nation en grand et qui ont ensuite le bon goût de faire quelques aumônes. La charité au lieu de l'impôt, c'est leur nouveau credo.

P.S. (sans ironie !... ) : Entendu, après l'écriture de ce post, sur une des inénarrables chaînes de "(dés)information" en continu que le héros du jourest rentré chez Total comme stagiaire et a grimpé tous les échelons... A la force du poignet, en somme, par ses seules qualités personnelles, un sacré self made man, une success story dirait le premier ministre grec Samaras...

Ben oui, quoi ?! Le fait qu'il soit l'héritier de la dynastie Taittinger n'a absolument rien à voir dans l'affaire. Je suis certain que ça a même sérieusement compliqué sa vie et entravé son irrésistible ascension.