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jeudi 14 novembre 2013

"La Grèce et les Balkans" à la Fête de livre du Var de Toulon

Vendredi 15, samedi 16, dimanche 17 novembre prochains, je signerai La Grèce et les Balkans du Ve siècle à nos jours, à la Fête du livre du Var de Toulon, et je les présenterai, à la salle des conférences, le dimanche à 15h30.

Le rebond du chat mort est terminé

-0,1 % pour la croissance au 3e trimestre.

J'avais écrit ici que la probabilité était très forte que la croissance de 0,5% annoncée à grands coups de trompes triomphalistes ne soit qu'un rebond du chat mort, c'est-à-dire un rebond artificiel dû aux excès de déstockage dans la période précédente nécessitant de reconstituer des stocks, et à un printemps pourri qui doppa les dépenses d'énergie, à l'intérieur d'une récession/stagnation de long terme. C'est désormais confirmé. Le rebond du chat mort est terminé. Si jamais il a été autre chose qu'une fiction statistique, car les chiffres qu'on nous délivre ainsi sont des chiffres provisoires, la marge d'erreur étant supérieure, dans le cas d'une croissance à 0,5%, à l'épaisseur du trait qui sépare la stagnation/récession de la croissance.

Le chiffre d'aujourd'hui confirme cette analyse. Il confirme en outre qu'un chiffre de croissance comme celui du trimestre dernier, à l'intérieur d'une série statistique longue qui montre que l'activité économique stagne ou décroît, ne signifie rien. Rien.

Ce qui compte c'est la tendance, et la tendance, sur le long terme, c'est une croissance faible ou atone depuis le traité de Maastricht, c'est-à-dire depuis l'entrée dans le syndrome de l'euro. Celui-ci avantage en effet de manière déterminante la zone mark et affaiblit inexorablement sa périphérie dont nous sommes. Pourquoi ? Parce qu'elle permet à l'Allemagne, grâce à une monnaie forte (qui nous tue), d'acheter à bas coût ses matières premières et de les faire transformer par des semi-esclaves hors de ses frontières, puis de les assembler sur son territoire et de les revendre majoritairement à l'intérieur de la zone euro, en bénéficiant alors massivement de la protection contre les variations de change que lui procure la monnaie unique.

Dans une Europe qui marcherait sur ses pieds, les monnaies nationales auraient enregistré ces distorsions de concurrence et ces divergences des économies européennes en réévaluant le mark et en dévaluant les monnaies des Etats victimes de ce néo-impérialisme allemand. De ce fait, les produits allemands seraient de 30 à 40 % plus chers en France et les produits français seraient de 30 à 40 % moins chers en Allemagne - chiffres qui seraient bien plus importants encore pour la Grèce, l'Espagne ou le Portugal. Les déficits commerciaux et la dette qui, en dernier ressort, les finance, n'auraient pas cru de la même façon hors de la zone mark, les pays en question n'auraient pas été obligés de mener de ravageuses politiques dites d'austérité qui détruisent leur droit du travail, leur Etat social, la démocratie...

D'autant que, pour ceux qui exportent davantage que l'Allemagne hors de la zone euro, la surévaluation de cette monnaie ajoute aux distorsions de concurrence qui jouent en sa faveur à l'intérieur de la zone, un facteur chaque jour plus puissant d'asphyxie.

Là est la seule clé de la "réussite allemande" qui, ce trimestre, poursuit sa croissance (+0,7 %) au détriment de ses partenaires, qu'elle ruine. Là est la principale cause de nos difficultés croissantes

De surcroît, depuis 2010, après les ravages causés sur l'économie réelle par la crise du capitalisme financier dérégulé partie des Etats-Unis en 2008, ce modèle européen pathogène est devenu un mortel.

Pourquoi ? Parce que le traité de Maastricht - ce traité probablement le plus mal bricolé de toute l'histoire diplomatique mondiale - a construit l'euro en fonction des seules pathologies allemandes issues de l'hyperinflation des années 1920 (en grande partie due aux Allemands eux-mêmes, pour s'éviter de payer les Réparations liées à la guerre d'agression qu'ils avaient déclenchée en 1914), plutôt qu'en fonction de la déflation catastrophique du chancelier Brüning qui amena Hitler au pouvoir en 1933 - la misère sociale déboussolant alors la société allemande et y faisant le lit d'une idéologie raciste du bouc émissaire.

Aussi alors que la Réserve fédérale américaine, les Banques nationales du Japon, du Royaume-Uni, de Turquie... relancent leurs économies par la dévaluation et l'inflation, l'Allemagne qui bénéficie à plein de l'euro impose, avec l'aide de Bruxelles, et de nos propres dirigeants qui sont aussi aveugles qu'irresponsables, une politique dite d'austérité qui n'est que la réplique des déflations Brüning ou Laval des années 1930.

Avec les mêmes conséquences économiques - la récession ou la stagnation -, sociales - le chômage, la misère et le malheur -, politiques - montée de l'extrême droite et quête du bouc émissaire - qui menacent la démocratie - c'est désormais le cas en Grèce.

Il est justifié, et nécessaire, de condamner les expressions du racisme qui se libèrent chaque jour davantage dans cette situation. Mais cela est parfaitement inopérant - voire contre-productif, en renforçant chez ceux, toujours plus nombreux, qui tiennent de tels propos, la conviction d'être victimes d'une bien-pensance au service des ennemis fantasmés auxquels ils s'en prennent.

Ce qu'il faut, aujourd'hui, pour combattre le racisme, c'est remédier à la situation qui le nourrit, à la politique absurde de déflation qui a créé cette situation, c'est changer radicalement de politique, dévaluer pour retrouver de la compétitivité sans faire baisser les salaires directs ou différés (c'est-à-dire notre Etat social), faire de l'inflation pour diminuer le poids de la dette, relancer l'activité et combattre le chômage, vraiment.

Mais pour cela, il y a un préalable idéologique. Rompre avec le tabou européen qui nous paralyse depuis que l'Europe ne signifie plus que néolibéralisme, monnaie allemande et libre-échange. Il faut dissoudre, si possible de manière ordonnée, l'euro pour en revenir à une zone monétaire de stabilité RELATIVE des changes à l'intérieur d'un serpent monétaire qui permette de dévaluer ou de réévaluer périodiquement telle ou telle monnaie, afin de tenir compte des convergences ou des divergences entre les différentes économies.

La dissolution de l'euro ne réglera rien en elle-même, mais il n'y a aucune solution à nos problèmes économiques, sociaux et politiques à l'intérieur de l'euro. La dissolution de l'euro ne réglera rien en elle-même, mais elle est la condition préalable à toute autre politique, c'est-à-dire à une véritable alternance politique, c'est-à-dire un retour à la démocratie réelle - la démocratie dans laquelle nous vivons n'étant plus qu'un concours de beauté pour savoir qui est le plus compétent pour mener la seule politique possible, ce qui est le fondement même de la fortune actuelle des extrêmes droites.

L'Europe et l'euro qui génèrent le discrédit des forces politiques dites de gouvernement nous entraînent vers un gouffre dont nous n'avons pas même l'idée. La méthode Coué appliquée par notre gouvernement dit socialiste n'y changera rien. Et les éléments de langage qu'on entend se mettre en place depuis hier pour masquer l'échec devant l'impossible inversion de la courbe du chômage par le succès d'une inversion de la courbe du chômage des jeunes (à coup d'emplois aidés non productifs) ne feront qu'augmenter le discrédit massif de ce gouvernement, le sentiment qu'il est autiste et incapable, la certitude qu'il prend les citoyens pour des imbéciles, le rejet et l'exaspération dont les conséquences risquent de devenir rapidement incontrôlables.