Il est simplement ridicule de prétendre que l'étranglement du peuple chypriote aurait pour justification une lutte contre les paradis fiscaux. Cela relève de la même propagande qui a justifié, par sa prétendue fainéantise et sa prétendue corruption qu'on saigne le peuple grec. Quand on veut noyer son chien, on l'accuse de la rage. Rien n'a été fait contre les paradis fiscaux depuis 2008, sinon une liste bidon, que tout le monde s'est entendu ensuite pour considérer qu'elle était... vide. C'est doublement ridicule puisque la plus grande lessiveuse d'argent sale se trouve au centre même de l'eurozone, qu'elle s'appelle le Luxembourg et que son PM en a été président de sa création à ces derniers mois.

Ce n'est pas ceux qui sonnent l'alarme contre une politique imbécile et criminelle qui sont responsables des conséquences de cette politique, qui tue chaque jour en Grèce. Si le poujadisme, le populisme et autres fadaises, consistent à dire que la politique de déflation ne produit que de la déflation, alors j'assume le fait d'être poujadiste, populiste ou... Il ne s'agit là que de mots valises, vides de sens et qui ne servent qu'à discréditer l'adversaire pour s'éviter de répondre à ses arguments. Quand un doigt montre la lune ce n'est pas le doigt qu'il faut regarder ou accuser.

Ceux qui ramènent aux années 30 sont ceux qui appliquent aujourd'hui la politique dictée par Berlin, appliquée par Hollande et consort, qui est en tout point semblable à celle de Brüning ou de Laval. C'est cette politique, et rien d'autre, qui a créé l'Aube dorée en Grèce et qui permettra sans doute, aux prochaines européennes, au FN de devenir le premier parti de France (voir la partielle de ce soir). En se mettant dans la peau de Papandréou et du Pasok, Hollande et le PS se condamnent à subir le même sort que Papandréou et le PASOK qui, en 3 ans, sont passés de 40 % à 8,5 % et qui seraient même éliminés du Parlement aujourd'hui avec moins de 5%.

L'eurolâtrie ne peut servir d'excuse à tout. Par sa conception même, l'euro était une absurdité. Et puisque Berlin s'oppose aux réformes qui le rendraient peut-être viable, il explosera tôt ou tard. En attendant, sa soi-disant défense justifie partout des politiques qui sèment la misère et la récession, justifient la destruction du droit du travail, de l'Etat social, la marchandisation de toute la société y compris de la santé et de l'éducation, réduisent la démocratie à des formes vides de sens, préparent les guerres civiles de demain et les guerres d'après-demain... comment ne pas voir que s'aiguisent les appétits de la Turquie en Egée et sur le gaz chypriote au fur et à mesure qu'on étrangle ces pays ?

Aujourd'hui, il faut donc un changement radical de politique pour conjurer les tragédies dont est grosse la politique allemande, qu'elle soit conduite à Bruxelles, à Athènes, à Madrid, à Lisbonne ou à Paris. Et, pour cela, il faut sortir de l'euro, dévaluer, monétiser, avoir une inflation à 5 % à 7 % avec indexation des salaires et pensions, afin de faire payer la dette au capital et à la rente ; il faut redistribuer et rétablir, par des droits de douane, la concurrence réelle avec les pays qui pratiquent l'esclavage moderne, plutôt que d'imposer cet esclavage à nos sociétés, comme la Troïka l'a fait en Grèce depuis 4 ans.

Oui, il faut aujourd'hui une rupture radicale avec les politiques qui, depuis 30 ans, nous conduisent inéluctablement à la catastrophe. Oui, pour cela il va falloir, comme en 1945, comme en 1958, virer les "élites" autistes et faillies, politiquement et moralement, qui ont incarné ces politiques et que leur conditionnement idéologique par le néolibéralisme empêche de concevoir qu'il puisse exister une politique différente que celle qui nous mène inexorablement à la catastrophe. Oui il faut parler clairement et appeler un chat un chat.