Les malfrats de Bruxelles, de Berlin et de Francfort ont clairement, ce soir, déclaré la guerre à la démocratie. le Parlement chypriote ayant, hier, refusé le hold-up sur les épargnants qu'ils avaient planifié, Draghi, le bankster de Goldman Sachs passé à la tête de la BCE a décrété, d'après les mots de Jacques Sapir "un « blocus » économique, c’est-à-dire dans les termes du droit international à une action qui équivaut « acte de guerre »."

Cette fois les choses sont donc parfaitement claires ; il s'agit pour la nomenklatura euroallemande de nier le principe même de la souveraineté populaire.

A cette attaque frontale, deux mouvements politiques français - seulement ! - ont sauvé l'honneur, le Parti dit socialiste persévérant dans sa ligne de capitulation tous azimuts qui le conduira, j'en suis convaincu, à plus ou moins brève échéance, dans la même poubelle de l'histoire que son homologue grec le Pasok.

Pour Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République) : "Par cette déclaration de guerre, la BCE montre son vrai visage : celui d'une oligarchie devenue folle et suicidaire. Mario Draghi sera le Néron de l'Union européenne. A l'image de tous ces technocrates de Bruxelles et de Francfort, il refuse de voir son monde s'effondrer et dans sa chute est prêt à entrainer l'Europe dans le chaos."

Quant au Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon, je suis particulièrement heureux que l'accélération de la crise le conduise, ces jours-ci, à clarifier enfin son discours sur l'euro et l'Europe.

Sa déclaration de ce soir montre en effet une nette évolution vers... mes positions.

"La décision du banquier central Mario Draggi de ne plus alimenter Chypre en euros jusqu’à ce que Chypre capitule intervient pourtant après un vote souverain du parlement national. C’est un acte d’agression inacceptable. Il montre que l’euro est non seulement un luxe Merkelien couteux mais aussi un dangereux moyen d’action contre la souveraineté d’un peuple. Il s’agit d’un abus de pouvoir, certes mais aussi d’une alarme qui doit être entendue. La France ne peut cautionner cette violence sauf à l’autoriser contre elle-même le cas échéant. S’il faut désormais choisir entre la souveraineté du peuple et celle de l’euro, la France doit choisir le peuple. La décision du banquier central est un tournant dans l’histoire de l’union européenne. Elle impose un choix : soit changer le statut de la banque centrale et donc celui de l’euro pour sécuriser la souveraineté des peuples, soit renoncer à l’euro Merkel."

Reste encore à constater que toute réforme est impossible, ce qui relève de l'évidence - avec ou sans Merkel. Et que l'urgence est donc pour nous, comme pour beaucoup de peuples et d'économies en Europe, de recouvrer notre souveraineté monétaire et de sortir d'un euro mortifère qui n'a été, par sa conception même, et dès sa création, qu'un instrument de la nouvelle forme de l'impérialisme allemand.

L'erreur historique de Mitterrand d'avoir conclu, aux conditions de Kohl, le funeste et scélérat traité de Maastricht, nous aura coûté très cher. Une croissance molle ou pas de croissance du tout durant 20 ans, l'asphyxie de nos exportations, l'accumulation d'avantages compétitifs exorbitants pour l'Allemagne grâce auxquels elle a accumulé des excédents commerciaux qui sont notre dette, la ruine pure et simple de l'Europe du Sud, la destruction systématique depuis quatre ans, en Europe du sud et en Grèce notamment, de la protection sociale, de l'Etat de droit, de la démocratie, l'esclavagisation des travailleurs et la déstructuration de la société qui aboutira au chaos - comme dans l'Argentine de la fin des années 11990.

Ce processus Chevènement et Séguin l'avaient prévu et en avaient prévenu au moment du référendum sur Maastricht. Leur analyse a été vérifiée point par point. Le drame politique de ce pays aient qu'ils n'aient pas su restructurer le débat politique autour de ce clivage fondamental. Hollande mène la même politique que Sarkozy parce qu'il est convaincu, comme lui, même si c'est pour des raisons différentes et même s'ils divergent sur les modalités, que ce carcan doit être maintenu. Mais ce carcan nous conduit aujourd'hui à la mort de la démocratie, à la destruction de l'Etat social, à une logique de guerre civile déclarée par les plus riches à tous es autre et, au final, à la guerre tout court. Il est donc aujourd'hui vital de rompre avec cette logique de souffrance et de mort.