La visite à Athènes de ce qui nous sert de président de la République, pour "soutenir les réformes", relève soit de l'humour noir, soit du cynisme, soit de l'absence totale de conscience des réalités. Ou des trois.

Voilà un pays que l'Europe assassine et dépèce systématiquement depuis trois ans, voilà un peuple qui ne peut plus se chauffer, se soigner, où les écoles ferment quand il fait froid, où les retraités se suicident parce qu'ils ne peuvent plus vivre avec leurs pensions de misère, où on met les handicapés à la rue après avoir baissé leurs allocations et coupé les subventions aux établissements qui les prenaient en charge ; voilà un pays où on a diminué de moitié les salaires et les pensions en trois ans, où on a dynamité tout droit du travail, où l'on brade à vil prix le patrimoine national, où reparaît le spectre de la faim, celui des 650 000 morts de la famine organisée par l'Allemagne en 1941...

Et il s'en est allé bêler à la croissance pour dire que "les réformes" sont en train de réussir !!! Il aurait dû lire le blog de Panagiotis Grigoriou avant son escapade de soutien à des "réformes" qui tuent le peuple grec.

Mais où l'a-t-il pêchée cette connerie qui sonne comme une insulte aux oreilles de tous ceux qui souffrent et qui meurent de cette politique criminelle ? Dans l'adage "après la pluie vient le beau temps" ?

J'enrage !!! Et J'ai honte d'être français.

Mais d'où sort-il que d'une politique récessive peut sortir autre chose que la récession ? Décidément, ce qui tient lieu de "pensée" économique" au PS et à toute la social-démocratie européenne n'est plus qu'une pensée magique... ou l'application de la méthode Coué.

Pendant ce temps-là, la chancelière du Reich européen, elle, déclare qu'un taux de change de l'euro de 1,30 à 1,40 est "normal" et pourquoi pas 1,60 ou 1,80 ? La Grèce a été touchée à mort par la surévaluation de l'euro pendant dix ans : là est, avec le surarmement dû à la menace turque contre laquelle l'Europe s'est bien gardée d'agir (il est vrai que la menace et le surarmement subséquent permettaient aux industries d'armement allemande et française de se goinfrer...), la VRAIE cause de l'endettement grec. Toute l'Europe du Sud et la France aussi. Nous avons besoin d'inflation et d'une dévaluation de 30 à 40%.

La chancelière du Reich a dit NEIN, une fois encore. Européens, vous pouvez continuer à crever la gueule ouverte !

L'Allemagne est un pays vieux, où la réforme des retraites a largement substitué au système par répartition un système par capitalisation : leur pouvoir d'achat dépend donc du niveau de la monnaie et d'une faible inflation. La chancelière du Reich fait la politique de son électorat (une politique de la rente) qui lui en sait gré. Elle n'en changera pas et il est totalement illusoire de penser que les socio-démocrates (lesquels font tellement de bourdes qu'on est habilité à se demander s'ils ont la moindre envie de revenir au pouvoir dans les circonstances actuelles) en conduiront une autre - à quelques détails près.

De surcroît, la chancelière du Reich européen est obsédée par l'hyperinflation des années 20 : c'est vrai qu'à moins de 2 % l'an, il y a de quoi s'inquiéter et asphyxier toutes les économies européennes ! Mais personne n'ose même plus lui dire qu'elle serait plus avisée d'être obsédée par la politique allemande de déflation du début des années 30 qui a amené Hitler au pouvoir.

Il ne faut donc pas attendre le salut des élections allemandes, il faut avoir la volonté politique de faire sauter les blocages européens. C'est à dire d'aller à la crise et, probablement, sortir de l'euro. Sans cela, nous resterons prisonniers du cercle vicieux et mortifère de la récession, de la destruction systématique du droit du travail et de l'Etat social. Sans cela, nous aurons bientôt nous aussi le régime grec au menu. Avec les mêmes conséquences à la clé, c'est-à-dire la misère généralisée, le désespoir, le discrédit total des institutions démocratiques que l'Europe à systématiquement vidées de tout contenu depuis 20 ans - puis la violence.

Et enfin la guerre.