Mais quel est donc l'avis de l'Eglise catholique sur le mariage des prêtres homosexuels, des religieuses lesbiennes et des prélats transexuels ! Au moins, naguère les cadres de la secte avaient une certaine tenue intellectuelle. On les combattait mais on pouvait les respecter. Aujourd'hui, leur bêtise crasse le dispute juste à leur ridicule.

A part cela, me voilà revenu de sept semaines à Nisyros. Sept semaines passées comme un souffle. Pourquoi le temps, là-bas, file-t-il cent fois plus vite que sous le ciel bas de Paris ?

Ici c'est l'exil ; là-bas, c'est chez moi. Pour nous, pour moi, cette île, ce volcan, ce village, cette maison, ce balcon sont les plus beaux endroits du monde. Où je me sens revivre, jouir de chaque instant, d'une lumière sans égal... L'éblouissement toujours recommencé.

Mais pour les Nisyriotes, pour les Grecs... Jusqu'au début de cette année, je répondais aux questions des amis que "dans mon île", pour l'instant, on ne sentait pas réellement les effets de la crise - jardins, bêtes, arbres...

Ce temps est désormais révolu. Les effets des baisses des salaires et pensions conjugués à ceux de l'augmentation absurde de la pression fiscale sont désormais bien sensibles, là-bas aussi. Et la décision de la pharmacienne de ne plus délivrer les médicaments sans les faire payer aux patients a provoqué un émoi que nous avons pu voir de près, ayant eu à fréquenter le dispensaire (encore gratuit) où, à la fin des soins dont à eu besoin mon compagnon, la médecin nous a demandé si nous pouvions lui redonner gaze et pansements qu'ils ont de plus en plus de mal à pouvoir acheter... Ce que nous nous sommes bien sûr empressé de faire.

Nous sommes arrivés le jour des élections et le premier mot que m'a dit un copain (prof, Syriza de longue date et gendre du pope) m'a frappé : "den eimaste raiades"... Nous ne somme pas des rayas - le terme, "troupeau" en turc, servait à désigner les chrétiens sous la domination ottomane. De fait, Nisyros a placé Syriza en tête... Pas la Grèce. La droite grecque, et l'Allemagne, ont mené une campagne de trouille telle, que les partis collabos - dont un petit parti de gauche scission de Syriza - l'ont emporté d'un cheveu devant Syriza.

Pour combien de temps ? La coalition gouvernementale grecque était déjà morte lors de sa constitution. Elle symbolise le naufrage d'une social-démocratie européenne qui a capitulé depuis longtemps déjà devant la Stratégie du choc (il faut absolument lire ce bouquin de la Canadienne Naomi Klein fondamental pour comprendre le temps présent) libérale. Elle n'a d'autre programme que de continuer la politique imbécile et criminelle imposée par Bruxelles et Berlin - une politique qui a déjà échoué conduite par une classe politique faillie qui martyrise un peu plus chaque jour le peuple grec. Hier, sur France Culture, Stathis Kouvelakis, maître de conférences en philosophie politique au King's College de Londres parlait de cette situation (à écouter d'urgence !) avec des mots auxquels je souscris sans la moindre réserve - qui sont les miens dans le chapitre sur la "crise grecque" de l'histoire de la Grèce et des Balkans que j'ai terminée à Nisyros, dont le premier tome (395-1909) paraîtra cet automne, et le second (1909-2012) au début de l'année prochaine.

Tout cela finira mal. Très mal.

Les dirigeants allemands, pour la troisième fois en un siècle, sont en train de mener l'Europe à la catastrophe. Car la Grèce n'est qu'un laboratoire, un prélude, un amuse-gueule. Comme les Sudètes, naguère. Mais Daladier et Chamberlain sont les coproducteurs de Munich et de tout ce qui a suivi - comme Hollande aujourd'hui, qui va nous faire avaler par la voie parlementaire le sinistre traité Merkozy. Un traité lui aussi imbécile et criminel qui ne fait qu'aggraver les tares des précédents , qui ne fera qu'aggraver les effets ravageurs des malfaçons de la zone euro fondée par le traité de Maastricht - ce plus mauvais traité depuis Munich, si mal négocié par Attali, Guigou et Mitterrand. Car Hollande n'a rien obtenu de la chancelière de fer - que du vent.

En Grèce, le gouvernement collabo ne passera sans doute pas l'hiver, peut-être pas même l'automne, miné par ses divisions, confronté à l'absurdité de la politique euro-allemande qui ne peut que jeter le pays dans une spirale de misère sans fin. En j'espère que Syriza, cette fois, gagnera les élections.