Les problèmes des peuples européens aujourd'hui s'appellent libéralisme financiarisé, le libre-échange généralisé et Allemagne.

Mais le problème ne date pas d'aujourd'hui : avoir signé Maastricht aux conditions de l'Allemagne a été la plus grave erreur de nos responsables depuis Munich ; et Maastricht a été à la fois le prétexte, l'accélérateur et le cache-sexe de la dénaturation libérale et libre-échangiste de la construction européenne.

Cela fait donc 20 ans qu'on refuse de voir, en France, que la "question allemande" a reparu en même temps que la réunification : un mois après Maastricht, l'Allemagne s'affranchissait de toute solidarité européenne pour défendre ses seuls intérêts en Yougoslavie et faisait ainsi reparaître la guerre en Europe pour la première fois depuis 1945. Si l'on n'y prend garde rapidement, la politique que l'Allemagne impose aux peuples européens et qu'elle prétend encore aggraver débouchera inéluctablement sur le sentiment que l'Europe n'est que le moyen de l'hégémonie allemande - ce qui est déjà largement le cas en Grèce. Et pas à tort. Avec des conséquences imprévisibles.

Je me réjouis donc qu'enfin, M. Montebourg ose commencer à poser les vraies questions ; accepter de voir la réalité plutôt que s'aveugler en sautant sur chaise et en criant l"'Europe, l'Europe, l'Europe" est un progrès, reste à en tirer des conclusions et à bâtir une politique. Naturellement les thuriféraires bien-pensant d'une "amitié franco-allemande" élevée au rang de dogme vide et de mantra censé conjurer le sort vont se scandaliser. Mais ceux-là, comme les thuriféraires du libéralisme et de l'euro (ce sont les mêmes) ont déjà une guerre de retard et ne nous propose que des Lignes Maginot aussi coûteuses qu'imbéciles.