Mon ami Koodoo publie aujourd'hui sur l'excellent site Les Toiles roses, une critique d'un livre et une interviouve de son Ôteur. Comme d'habitude, la plume de Koodoo me donne envie de lire... même si, par les temps qui courent, plongé jusqu'au cou dans mon histoire de la Grèce et des Balkans, plus précisément, en ce moment entre la modernisation de la Grèce sous Charilaos Trikoupis, la révolte crétoise de 1867, la guerre russo-turque de 1877-78 et la faillite de l'Etat grec qui permet aux Européens de mettre son économie sous tutelle... en 1893, je suis totalement incapable du minimum de concentration, une fois terminée ma journée de travail, pour lire le moindre livre.

Il s'agit d'un professeur de biomachin-chose, qui semble vouloir étayer la thèse selon laquelle l'homosexualité n'est pas acquise mais plus ou moins innée. Bon, je vous dis tout de suite, je n'ai pas les moyens scientifiques de trancher, de dire si l'Ôteur en question ne fait que recycler des vieilles (et terrifiantes) lunes, ou s'il apporte du nouveau. A vrai dire, je préfère encore largement la première solution ! Imaginer, ne fût-ce qu'un instant, ce que dans certaines sociétés, dans la nôtre à certains moments, entre les pattes de certaines gens, cela pourrait signifier, me glace les sangs.

Et puis d'ailleurs, surtout, je n'y crois pas.

Je ne suis d'ailleurs pas certain que ce débat ait beaucoup d'intérêt. Ni qu'un scientifique puisse jamais (heureusement !) apporter là-dessus d'élément concluant. En fait, la démarche même me semble un brin suspecte, même si c'est pour la bonne cause, comme semble l'écrire Koodoo :vouloir justifier ce qui relève du comportement et qui n'a pas à être justifié, par rien, par une cause, fût-elle accidentelle, des hormones, des gènes, signifie d'abord et avant tout qu'on considère que ce comportement doit être justifié. Ce qui, bien sûr, sous-entend qu'il y a une norme, une normalité, et une déviance par rapport à celle-ci... même si, les pôvres, vous voyez bien, ce n'est pas de leur faute... Retour à la vieille rengaine : "Nul n'a le droit en vérité/ De me blâmer, de me juger/ Et je précise/ Que c'est bien la nature qui/ Et seule responsable si/ Je suis un homo - comme ils disent"

J'ai récemment entendu sur France Culture un éthologue dire, qu'outre chez les bonobos, l'homosexualité était désormais documentée chez un grand nombre d'espèces, chez les girafes et les dauphins notamment, ce qui ne m'étonne guère pour ces derniers tant le goût d'être heureux et de profiter de la vie me semble éclatant chez cet animal qui est un de mes fétiches. Ce qu'il ajoutait et qui m'a fait dresser... l'oreille, c'est que, contrairement à ce que la science, imprégnée de cette peste de judéo-christianisme comme le reste de notre culture, avançait comme justification (les mêmes que les historiens, malades de la même peste, ont avancé et avancent encore pour justifier l'omniprésence de l'homo-érotisme dans la civilisation grecque antique), c'est-à-dire le jeune âge (traduisez initiation dans le langage des historiens de la Grèce) et le manque pour eux de femelles monopolisées par les plus vieux (traduisez des sociétés militaires et masculines pour la Grèce antique), était aujourd'hui totalement démenti par les études les plus récentes.

Il indiquait au contraire que des individus homosexuels semblaient bien, selon ces études, ne jamais rechercher d'autre partenaires que ceux du même sexe qu'eux, ne jamais s'intéresser aux femelles du groupe pourtant disponibles.

Il précisait enfin que, si jusqu'ici on n'avait, judéo-chrétiennement, jamais contesté que les animaux connussent la douleur, on supposait pourtant, tout aussi judéo-chrétiennement et de manière parfaitement absurde, l'absence de plaisir sexuel chez l'animal. Or, une des pistes de la recherche actuelle, disait-il encore, vise justement à explorer la question - la douleur et le plaisir étant, comme chacun sait, et pas seulement les sado-maso, fort proches, se référant aux mêmes centres nerveux. Il concluait enfin que la région anale étant une zone d'hypersensibilité, siège de douleur ou de plaisir intense, on n'excluait plus que l'homosexualité animale puisse avoir pour moteur, non le jeune âge et la privation de femelle, mais simplement la recherche du jouir.

Ce qui, je dois dire, me convient beaucoup mieux que cette démarche qui tendrait à prouver que l'homosexualité vient d'un... truc pas pareil chez nous et chez les hétéros. Sans parler des bis ! manifestement de plus en plus nombreux...

Mais, me direz-vous, qu'est-ce que tout cela a donc à voir avec Monaco ?

C'est que, Albert et moi, nous sommes nés le même jour de 1958, à peu près à la même heure, je crois bien. Une année, petit garçon, j'avais même écrit cela à Son Altesse Sérénissime, dont le secrétaire m'avait répondu par une carte du prince, imprimée en relief : une rareté dans les années 1960, qui m'avait fait un effet boeuf et que j'ai longtemps conservée comme un trésor dans ma boîte à souvenirs. Du coup, dimanche, lorsque, au Petit Journal de Canal, j'ai entendu mon quasi-jumeau astral Albert déclarer que, en arrivant à Vancouver, il n'avait pu résister à se rendre toute affaire cessante dans les vestiaires des bobsleigueurs, j'ai pensé que j'aimerais bien être, moi aussi, prince de Monaco... juste pour avoir accès aux vestiaires du Quinze de France, de l'équipe de water-polo grecque, à celui de Gourcuff ou Beckham...

Et puis ce matin, en lisant le critique de Koodoo et l'interviouve du bio machin-chosologue, je me suis dit qu'il y avait peut-être une explication bien plus convaincante que la sienne : et si ça venait d'une conjonction astrale au moment de la naissance, le goût qu'Albert et moi nous partageons, en tout bien tout honneur... pour les vestiaires de sportifs ?