quand vous disiez que les rémunérations des patrons étaient scandaleuses, que rien, mais rien, ne justifiait l'ouverture tragique de l'éventail des salaires en trente ans, la pression de plus en plus forte sur les revenus de ceux qui travaillent, le blocage effectif de leurs salaires, et l'explosion démente des rémunérations - salaires, bonus, stock options - de ceux qui dirigent, et qui est allé avec le versement aux actionnaires de dividendes incompatibles avec une politique salariale décente, avec les investissements qui préparent l'avenir, on vous regardait comme un mélange de neuneu et de communiste attardé.

On vous disait que l'Etat n'a rien à voir là-dedans et que seuls les conseils d'administration sont responsables, des conseils d'administration où siègent... des patrons : tu me votes aujourd'hui une augmentation de deux millions, je te voterai demain un bonus et des stock options comme tu n'en as jamais vu.

Et bien j'ai une bonne nouvelle à vous annoncer : un neuneu à moitié communiste est arrivé à la Maison blanche et il a dit avant-hier que le régime de la connivence c'était fini. Mais pas à l'Elysée, où on file du fric aux patrons sans le moindre contrôle, juste avec une "charte de bonne conduite" dont tout le monde a déjà oublié qu'elle existait. Mais pas au MEDEF, où Mme Parisot trouve scandaleux, mais scandaleux, qu'on veuille limiter les salaires de ses petits copains... elle qui est si favorable aux augmentations de salaire en général et qui, semble-t-il, s'apprête à réclamer, comme indispensable remède à la crise... un assouplissement des procédures de licenciement !!! Comme Jospin, celle-là, rien appris, rien compris.

Je me suis gardé ici de tout enthousiasme pour le président américain... mais décidément je ne le trouve pas mal, ce garçon ! Ma question est désormais : Obama, combien de temps mettront-ils avant de le descendre ? Car si le crime organisé a bénéficié plus que n'importe quel secteur de la mondialisation et qu'il a massivement investi l'économie financiarisée par l'intermédiaire des paradis fiscaux, dont certains membres de l'Union européenne, la haute économie, elle, a bien pris l'habitude de fonctionner comme une Mafia.

Pour le reste, je ne sais pas si vous avez regardé Kouchner au Vingt-Heures, mais sa colère faisait vieux cabot qui a bien du mal à jouer l'indignation, ses explications étaient claires comme du jus de chaussettes... et ses propos sur un dépôt de plainte bien embarrassés. C'est-y donc qu'il n'y aurait pas matière à plainte en diffamation ?

En tout cas, Obama, lui, ne couvre pas les gens qu'il avait choisis et qui ne payent pas leurs impôts...

Et puis ce matin, sur Culture, deux universitaires décortiquant les raisons pour lesquelles la réforme de la recherche et des universités est stupide et nuisible. Passionnant, sur l'incapacité de ce gouvernement, et de ses prédécesseurs depuis trente ans, à mesurer les enjeux et discuter avec les gens de la manière dont il faut réformer pour que les choses aillent mieux. Pas pour qu'elles empirent à chaque "réforme". Car depuis trente ans, en vertu de l'application du dogme de la compétitivité et de la mondialisation, à cause de l'euro et des règles stupides qui ont présidé à sa création, l'Etat a refusé d'investir les moyens indispensables pour que l'université, la recherche, l'hôpital, mais aussi la Poste, les transports en région parisienne, la justice, les prisons... fonctionnent correctement, investissent et préparent l'avenir, tout en imposant toujours plus de tâches bureaucratiques, par refus de dégager les moyens humains nécessaires, à ceux qui devraient chercher, enseigner, soigner...

La "réforme" est devenue un gimmick sarkozien (et avant lui du sinistre Allègre que Caligula apprécie tant : qui se ressemble... et toujours la même histoire : rien compris, rien appris), mais la réforme, si c'est toujours du moins et du pire imposés d'en haut, on n'obtiendra jamais l'adhésion, indispensable, de ceux qui doivent la faire vivre.

Et puis vers la fin de l'entretien, la dame dont je ne me rappelle pas le nom parle d'une réunion de "l'Appel des appels" et elle remarque que toutes les réformes de ce gouvernement (à l'université, à l'hôpital, dans la justice, à la poste...) ont un point commun : celui d'être décrétées par des gens qui ne savent pas de quoi ils parlent, qui sont d'une incompétence crasse, qui ignorent tout du terrain et de la vie des gens qu'ils insultes et violentent.

Combien de temps cela peut-il durer ? je ne mettrai pas main au feu que ça puisse aller jusqu'à la fin de l'actuel quinquennat sans une épreuve de force majeure. C'est généralement ce qui arrive quand le pouvoir est à ce point autiste, incompétent, déconnecté des réalités et plein de morgue.