Des moments de grâce absolue, qui payent de toutes les déconvenues, de tous les découragements, dont on se souviendra lorsqu’on se demandera pourquoi on continue à écrire, parce qu’on n'y arrive pas, qu’on en a marre, qu’on désespère de se battre contre les moulins à vents de medias cadenassés, et où l’on trouvera la force de repartir en avant parce que ces moments-là payent de tous les autres, parce que c’est pour ces moments-là qu’on écrit.

Hier, j’étais déjà plutôt content : je m’étais trouvé plutôt bien durant les deux heures d’entretien avec Laurent Dehossay, sur La Première chaîne de radio de la RTBF (un lien sur la page Presse de ce site vous permet de réécouter l’émission). Et, puis, pendant que j'étais en train de préparer les ris de veau à la crème du dîner, Frédéric m'a appelé : je venais de recevoir un message d’un lecteur handicapé.

Puisque ce lecteur m'a donné l’autorisation, ce matin, de reproduire son courriel, le voici :

« Bonjour,

Je viens d'achever L'OR D'ALEXANDRE et je suis bouleversé : je voulais simplement vous dire un immense MERCI ...

J'ai tenté de modérer mes émotions pour écrire une modeste "critique" que je viens de publier sur le site Handigay.com

Trop de points communs avec Philippe pour ne pas vibrer à chaque page... J' ai lu à mon ami les passages qui nous concernaient le plus, "vieux" couple gay frappé par un "crash" en 2004, et vous m'avez offert des moments parmi les plus beaux de ces dernières années.

Voilà c'est tout, j'essaierai de venir vous saluer si vous passez dans un salon sur la Côte d'Azur, j'habite à Juan les Pins.

Cordialement, Gérard »

Des larmes dans les yeux… Sa critique, sur le site, est superbe, mais ces mots-là sont pour moi plus précieux que toutes les critiques !

La Quatrième Révélation était née du récit, par un ami, d'un meurtre homophobe, à la suite duquel son copain avocat avait défendu la famille de la victime, de la nécessité absolue que j'ai éprouvé alors d'écrire là-dessus.

L'Or est né de ma rencontre avec Michel Robert qui, de la même manière, m'a rendu indispensable de parler du handicap. C'est Michel qui m'a permis de l'écrire en me faisant confiance, parce que c'est grâce à lui, à la manière dont il a répondu à toutes mes questions que j'ai pu donner sa chair à mon Philippe.

La trouille ! cet été, quand je lui ai envoyé le manuscrit. Il habite Ay, nous Paris. Et s'il me disait que j'avais mis à côté de la plaque ? Deux ans et demi de vie et de travail. Il ne m'a fait qu'une remarque... sur le coussin anti-escarre.

Puis il y a eu L'article de Yanous, qui avait levé une partie de mes craintes. Mais la trouille ne s'était pas pour autant dissipée : comment réagiraient les lecteurs handis ? Comment considéreraient-ils, venant d'un valide, mon parti pris d'aller droit au but, mon pari du ton que j'ai adopté, du caractère que j'ai dessiné, mon absolu refus du pathos ?

Et voilà ces mots de Gérard, un lecteur handi et inconnu : ils me comblent, ils me… justifient. Ce matin, une bonne critique est sortie dans ''Fugues'', au Québec, et elle m'a fait plaisir, bien sûr, mais rien à côté du choc émotionnel ressenti hier soir à la lecture des quelques mots de Gérard.

Merci Gérard ! Merci mille et quelques fois !