Vous avez eu l’invasion des pubs pour les bonus qui vous permettent d’enrichir des fabricants de bagnoles poussant leurs salariés au suicide (vive l’autorégulation du marché ! à bas le droit du travail qui impose tant de contraintes insupportables à l’économie). Des bagnoles mais des diesels ! respirez la différence ! Elles produisent moins de CO2 même si elles empoisonnent beaucoup plus l’air des particules qui vous encrassent les poumons. Ah ben oui, forcément, si on va chercher la petite bête : quand on vous dit que je ne suis jamais content !

Vous avez cru pouvoir refuser d’avaler la Constitution européenne en potion au terme du débat le plus démocratique des dernières décennies, au terme d’un vrai débat citoyen à l’intérieur de chaque famille, entre amis, au terme d’un débat pendant lequel la vente des livres sur l’Europe a explosé, témoignant de la volonté des citoyens de s’informer avant de décider ?

On vous l’a administré en lavement, par la grâce de parlementaires de droite qui n’en ont rien à foutre ni de votre avis ni de la démocratie, et par la lâcheté de députés de gauche qui avaient le pouvoir de rendre la parole au peuple mais qui ont préféré le réduire au silence pour masquer leurs divisions.

Vous avez cru que, même si vous votiez pour la Constitution européenne, vous auriez la possibilité de dire que la Turquie, par sa situation, son histoire, sa culture, son absence de toute tradition démocratique (Kemal n’a jamais été qu’un dictateur admirateur de Lénine et de Mussolini, utilisant les méthodes d’Hitler dans les Sudètes pour obtenir le sandjak d’Alexandrette, dont la « laïcité » n’est qu’une forme de despotisme et n’a rien à voir avec la nôtre), ses intérêts géostratégiques, son alliance privilégiée avec les États Unis, le caractère à la fois mafieux et policier de son État, l’usage de la torture et de la détention arbitraire dans des conditions ignobles (il est vrai qu’entre Bush, Dati et l’état des prisons françaises…), la place grandissante qu’y joue la religion, n’a rien à faire dans cette Europe-là. On a même voté un amendement à notre Constitution pour vous faire croire que vous auriez votre mot à dire, qu’on ne pourrait pas faire entrer la Turquie en douce sans vous consulter. Et puis Sarko ne vous avait-il pas assuré que dès son arrivée, il mettrait fin aux négociations d’adhésion ?

Sarko n’a mis fin à rien du tout, il laisse les négociations se dérouler tranquillement et, en prime, sa réforme constitutionnelle abrogera l’amendement en question, permettant ensuite au Parlement de voter, seul, en se battant l'oeil avec une queue de sardine de votre avis, l’admission de la Turquie dans l’Europe.

Cocu ? vous avez dit cocu ?

C’est ce qu’a dû se dire aussi Mme Kosciusko-Morizet quand on lui a demandé d’aller à Canossa après lui avoir imposé de ravaler toutes ses promesses et toutes ses ambitions, tout ce qu’avait « décidé » dans l’allégresse générale, le fameux Grenelle qui ne fut qu’un bal médiatique de dupes, et de laisser Monsanto empoisonner en paix, de prévoir même qu’on foutrait bien en taule, et taxerait d’importance, tous les dangereux criminels qui fauchent ces saloperies.

Dans ce pays, en Europe, les peuples ne veulent pas des plantes transgéniques. On ne sait rien sur les effets de leur consommation à long terme, on sait tout sur le fait qu’on ne pourra plus s’en débarrasser. Jamais. Que de place en place, c’est toute l’agriculture qui nourrit les hommes qui sera contaminée. On sait qu’elles permettent à des multinationales de ranger les paysans dans leur complète dépendance, qu’elles rendent chimérique la subsistance d’une agriculture bio à laquelle de plus en plus d’entre nous aspirent. Mais les peuples n’ont rien à dire, le capital des semenciers, la FNSEA et une poignée de parlementaires ont déjà décidé pour eux.

Il y a 15000 lobbyistes à Bruxelles, un pour sept députés européens. Je ne sais pas combien hantent les antichambres du Palais Bourbon et de celui du Luxembourg. Il semble en tout cas qu’ils ne manquent pas de « moyens » (ah les voyages d’études, les ouiquendes de travail au soleil, les tables des grands restos, les petits services entre amis, les campagnes à financer…) pour faire valoir leurs arguments. Jusqu’à faire coffrer tous ceux qui refusent de bouffer leur merde ? Il doit être difficile, en prison, d’obtenir un menu sans OGM.

On savait déjà que Melles Yade et Amara, M. Hirsch et quelques autres ne servaient à rien qu’à la décoration. En français, on appelle ça des alibis qui causent juste pour qu’on les démente ou qu’on fasse savoir qu’on a pas un sou (forcément, on les a tous donnés aux gens qui prêtent leurs avions et autres yachts au président-qui-a-changé), pour leurs vagues projets de charitable colmatage des désastres produits sur les humbles par l’actuelle politique, de la hausse du gaz à la baisse des revenus du travail et des retraites, ou à la taxation des malades chroniques, autrement appelée franchises médicales.

Eh bien Mme Kosciusko-Morizet vient de réaliser qu’elle n’est elle aussi qu’un alibi et qu’elle doit avaler les couleuvres en fermant son clapet. C’est rude. On aurait presque pitié d’elle. Ou Honte. Qu’après une pareille gifle, une semblable humiliation, elle n’ait pas au moins la dignité de démissionner. Ah ! les ors de la République, les privilèges et les prébendes… c’est dur d’y renoncer quand on y a goûté. Demandez à Kouchner !

Allez ! juste encore une, pour la route, Trichet, l’irresponsable de Francfort, appelle à la modération salariale contre l’inflation. Ben voyons ! Et si une fois, juste une, il appelait à la modération de la spéculation qui est responsable d’au moins 80 % de la hausse du pétrole et des matières premières.

Vous aviez cru aussi que Sarkozy était contre l’euro fort et la cécité de la Banque centrale européenne. Ah oui, vraiment ? mais alors que n’a-t-il inscrit la modification de ses statuts et de ses missions à l’agenda de la négociation de son traité « simplifié » ? Que n’a-t-il dit haut et fort à ses partenaires que la France ne signerait aucun nouveau traité européen sans avoir modifié ces points fondamentaux qui condamnent aujourd’hui de plus en plus d’entre nous qui n’appartiennent pas aux Nomenklaturas, à crever la gueule ouverte ?