Alors que la régie publicitaire de la RATP et le "frère" de notre président, en attendant de racheter Le Monde et peut-être bien aussi une chaîne publique quand celles-ci seront devenues un fardeau trop lourd pour des caisses vides, censurent allègrement ''Courrier international'' parce qu'il a eu l'inconvenance de signaler à sa Une qu'en moins d'un an notre apprenti-sorcier avait réussi le tour de force de transformer la France en un objet de dérision internationale,

Alors que, après la légion d'honneur décernée à Isabelle Balkany, sans doute en raison de sa condamnation pour prise illégale d'intérêts, le népotisme continue à prospérer, entre la candidature d'un rejeton encore acnéique mais déjà en affaire avec la justice, et la nomination à la tête de l'audiovisuel public international de la compagne du ministre des Affaires étrangères, lui-même incapable de réfréner ses frustrations de voiture officielle et de palais nationaux, passée depuis longtemps des salles de rédaction à la table des puissants - au moins est-on presque certain que les deux moitiés de ce couple indispensable au rayonnement de la France ne se tireront pas dans les pattes !

Alors que la deuxième ex de notre grand catholique de président vient d'être convoquée par la police pour savoir si ledit très pieux président lui a vraiment proposé d'annuler ses troisièmes noces au cas où elle accepterait de réintégrer le pieu dudit président,

Nous venons de faire un pas déterminant de plus vers l'état enviable de république bananière.

En effet, si je signalais hier que le Conseil constitutionnel s'est, à mes yeux, déshonoré en ne censurant pas la totalité de la dernière des lois iniques dues à l'initiative de Melle Dati, il avait néanmoins reculé devant le déshonneur supplémentaire de consentir au viol pur et simple de l'article 8 de la Déclaration des Droits de l'Homme qui est partie intégrante de notre bloc de constitutionnalité : "nul ne peut être puni qu'en vertu d'une loi établie et promulguée antérieurement au délit". Il a en effet refusé que ladite loi scélérate qu'il a par ailleurs validée et qui ressuscite la détention administrative, s'applique à d'autres condamnés que ceux qui le seront après la promulgation de ladite loi.

Il a donc refusé qu'on passe par dessus bord un des plus vieux principes de tout droit écrit, établi dès l'Antiquité et qui est à la base de tout État de droit et de toute démocratie.

Eh bien non, même cela notre apprenti autocrate ne l'accepte pas. C'est sa volonté désormais qui doit s'imposer - même à la loi suprême. On est d'ailleurs dans l'exact prolongement de l'adoption par voie recto-parlementaire du traité que le peuple avait refusé d'avaler par référendum. Son élection au Suffrage universel, semble à ses yeux, valoir blanc-seing pour imposer tout et à tous. Il a donc saisi le président de la Cour de cassation pour lui demander consultation sur les voies et moyens... de violer la Constitution. On espère que ce haut magistrat sera conscient de ses responsabilités et qu'il enverra l'autocrate en herbe sur les roses. On aimerait en être certain !

Dans le même temps, notre moderne Caligula qui fera peut-être bientôt son cheval consul après avoir fait Mme Balkany chevalier de la Légion d'honneur, commémore. Après avoir commémoré Guy Môquet dans la plus parfaite ambiguïté, après avoir tenté de forcer des gamins de 10 ans à vivre avec la mort de gamins assassinés, après avoir célébré De Gaulle le jour où il manifeste sa volonté de violer la Constitution que de Gaulle a établie, le voilà qui commémore la Résistance.

Très bien !

Mais lorsque, avec Bernard Tricot, j'ai participé à la préparation de la commémoration de la naissance de De Gaulle, le projet était de faire progresser la connaissance, l'histoire, l'esprit critique. Pas de tresser des couronnes et dresser une statue, d'établir un culte supplémentaire.

Plus il y a de mémoire, moins il y a d'histoire ; je crois que c'est l'historien François Bédarida qui a dit cela et il avait bien raison. Caligula se moque de l'histoire, de la réflexion et de l'esprit critique ; il veut de l'émotion, du pathos, des larmes. Mais pourquoi ? Pour cacher derrière ses turpitudes !

On célèbre la Shoah, mais c'est la première fois en France, depuis Bousquet, qu'on fixe des objectifs chiffrés d'arrestations et d'expulsions d'êtres humains !

On célèbre de Gaulle et la Résistance, mais le même jour on consulte le président de la Cour de cassation pour savoir comment s'asseoir sur le principe de la non-rétroactivité des lois auquel personne n'a touché dans ce pays depuis... Vichy ! Avis aux amateurs : ça a donné les sections spéciales (voir le très beau film de Costa Gavras) et ça s'est mal fini.

Alors maintenant, ça suffit ! Bas les pattes, Caligula !